Phan Thị Kim Phúc est brûlée au napalm le 8 juin 1972 et devient un symbole de la guerre du Viêt Nam.
Phan Thị Kim Phúc [ɸɐːn33.t̺ʰɪj31.kim33.ɸúk͡p̚35] (connue aussi sous le nom de Kim Phuc), née le 2 avril 1963 à Trảng Bàng, est une vietnamienne célèbre pour avoir été prise en photographie, hurlant de douleur après avoir été gravement brûlée dans le dos1 à la suite d’une attaque au napalm du Sud-Viêt Nam, lors de la guerre du Viêt Nam.
Biographie
Phan Thị Kim Phúc est née le 2 avril 1963 dans le village de Trảng Bàng. Lors de l’attaque de son village 8 juin 1972, qui est alors sous le contrôle des communistes, elle est brûlée par le napalm des bombes de l’armée sud-viêtnamienne qui brûlent alors ses vêtements. Elle a été transportée à l’hôpital de Saïgon par Huỳnh Công Út, plus connu sous le nom de Nick Ut, le photographe de l’agence Associated Press à l’origine de la photographie (World Press Photo, 1972). Il a été diagnostiqué que ses brûlures étaient si sévères qu’elle n’aurait pas pu survivre sans une prise en charge immédiate. Néanmoins après 14 mois d’hospitalisation et 17 interventions chirurgicales, Kim Phuc a pu être sauvée. Nick Ut, qui a obtenu la même année le prix Pulitzer pour cette photographie, est resté en contact avec elle par la suite2.
Elle est transportée à Cuba pour y être soignée3.
Elle est ensuite mise sous étroite surveillance par le gouvernement vietnamien dans son pays et à Cuba où elle poursuit ses études (et où elle a rencontré son futur mari Bui Huy Toan). Tous deux s’enfuient en 1994 lors d’une escale technique à Gander lors du retour de leur voyage de noces à Moscou et demandent asile au Canada4. Phan Thị Kim Phúc fuyait notamment la récupération du régime communiste, qui l’exhibait dans les villes et les villages à des fins de propagande. Elle devient mère de deux garçons5.
À Washington, en 1997, à l’occasion d’une cérémonie commémorative de la guerre du Viêt Nam, alors qu’elle faisait un discours devant des vétérans, elle a publiquement pardonné à l’officier américain qui avait ordonné le bombardement de son village au napalm6,7.
Le bombardement a été effectué par un A-1 Skyraider de l’armée de l’air sud-vietnamienne. Ce fut un bombardement par erreur de la part du pilote qui s’est trompé de cible.
Phan Thị Kim Phúc est ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO depuis 1997. Ayant décidé de consacrer sa vie à promouvoir la paix, elle a créé à cette fin la Fondation Kim Phuc. Cette fondation aide les enfants qui sont victimes de la guerre en leur offrant un soutien médical et psychologique afin qu’ils puissent surmonter leurs traumatismes. Aujourd’hui, Kim Phúc vit au Canada avec son mari et ses enfants et finance des projets d’écoles et d’hôpitaux dans le monde entier, comme en Ouganda, au Timor-Leste, en Roumanie, au Tadjikistan, au Kenya et en Afghanistan8.
En juin 2000, Kim Phúc est invitée par l’Alliance évangélique française pour intervenir pendant près d’une heure auprès de 6 000 jeunes chrétiens9. Convertie d’ailleurs au christianisme10, elle a publiquement pardonné au révérend John Plummer, ancien pilote, qui avait affirmé à tort qu’il était le responsable du bombardement11.
En 2015, elle subit de nouveaux traitements dermatologiques, afin de soulager les cicatrices qui recouvrent 20 % de son corps et la font toujours souffrir5.
Histoire de la photographie
Kim Phúc apparaît sur une célèbre photo, prise le 8 juin 1972 avec un Leica M3, la montrant à l’âge de neuf ans courant, de face, nue sur une route après avoir été grièvement brûlée, à la suite d’une attaque au napalm sur le village de Trang Bang.
Il existe également un film, beaucoup moins diffusé, tourné par le cadreur britannique Alan Downes d’ITN (Independent Television News), qui montre les événements juste avant et juste après la prise de cette photographie.
La parution de la photographie a été retardée jusqu’au 12 juin 1972 au motif qu’elle mettait en scène la nudité frontale d’enfants, nudité absolument taboue pour la presse américaine. Après un débat au sein de l’agence de presse et une série de décisions individuelles, il a été finalement décidé de la publier en raison de son intérêt journalistique exceptionnel, mais en évitant de faire un gros plan sur l’enfant brûlée12. Faisant le tour du monde, elle suscite une indignation générale. Elle est depuis devenue un symbole de la guerre du Vietnam, figurant sur de nombreux livres et articles sur le sujet5.
La véracité de ces événements et l’authenticité de la photographie, souvent présentée comme celle d’une petite fille hurlant simplement de terreur (alors qu’elle hurlait de douleur, après avoir été brûlée), avaient été mises en doute dès le 12 juin 1972, en particulier par le président américain Richard Nixon13. Cette mise en doute a entraîné de nombreuses réactions, y compris de la victime, et celle du photographe Nick Ut qui a déclaré que « la photographie était aussi authentique que la guerre du Viêt Nam elle-même »14.
Considérée comme un témoignage vivant des horreurs de la guerre et symbole du pacifisme, Kim Phúc a été nommée ambassadrice de bonne volonté (Goodwill Ambassador) de l’UNESCO le 10 novembre 1994.
La question de la censure pour cause de nudité a été de nouveau soulevée lorsque Facebook a bloqué certains comptes d’utilisateurs de la presse à la fin du mois d’août 2016. Après une vague de protestation, l’image a été rétablie le vendredi 9 septembre par le réseau social prenant en compte le statut particulier d’image iconique et historique de la photographie incriminée15,16,17. Erna Solberg, le Premier ministre norvégien, qui a vu son compte censuré, soulignait à ce propos : « ce que Facebook fait en supprimant des photos de ce type, aussi bonnes soient leurs intentions, c’est de falsifier notre histoire commune ».