Assassinat de la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015
L’attentat contre Charlie Hebdo est une attaque terroriste islamiste perpétrée contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 à Paris, jour de la sortie du numéro 1 177 de l’hebdomadaire. C’est le premier et le plus meurtrier des trois attentats de janvier 2015 en France.
Vers 11 h 30, les frères Chérif et Saïd Kouachi pénètrent dans le bâtiment abritant les locaux du journal armés de fusils d’assaut. Ils assassinent onze personnes, dont huit membres de la rédaction.
Lire aussi : Les informations concernant Charlie Hebdo
Les victimes de la tuerie dans le bâtiment sont Frédéric Boisseau, un responsable des opérations de la société Sodexo chargée de la maintenance du bâtiment (qui est la première personne à décéder), les cinq dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris, le correcteur Mustapha Ourrad (toutes ces huit personnes membres du journal), le policier Franck Brinsolaro qui assurait la protection de Charb et Michel Renaud, cofondateur du festival Rendez-vous du carnet de voyage, invité à assister à la conférence de rédaction.
Un gardien de la paix, Ahmed Merabet, est tué sur le boulevard Richard-Lenoir par l’un des deux criminels au cours de leur fuite. Le bilan final est de douze personnes assassinées et de onze blessées, dont quatre grièvement.
Les deux auteurs du massacre sont tués deux jours plus tard — au nord de Paris, à Dammartin-en-Goële — par les membres du GIGN qu’ils attaquaient au fusil d’assaut en sortant de l’imprimerie où ils s’étaient retranchés. Les assassins se réclamaient d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (AQPA), qui revendique ensuite officiellement l’attentat.
Parallèlement, un complice des frères Kouachi, Amedy Coulibaly, assassine Clarissa Jean-Philippe, une policière municipale à Montrouge le 8 janvier puis, le lendemain, tue quatre personnes de confession juive au cours d’une prise d’otages dans une supérette casher porte de Vincennes, qui s’achève le même jour avec sa mort lors de l’assaut policier.
Le retentissement de ces événements est considérable, aussi bien en France qu’à l’étranger : des manifestations de soutien ont lieu dans de nombreuses villes de France et dans le monde. Quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement participent à Paris à une « marche républicaine » le dimanche 11 janvier 2015, qui rassemble plus d’un million et demi de personnes, tandis que sur deux journées, plus de quatre millions de Français défilent sur tout le territoire.
Le numéro 1 178 de Charlie Hebdo, publié le 14 janvier, est tiré à près de huit millions d’exemplaires et l’intégralité des recettes du premier million a été versée aux familles des victimes.
Contexte
La France a été menacée à de nombreuses reprises lors de ses différentes opérations extérieures en Afrique et au Moyen-Orient par des mouvances terroristes islamistes (Al-Qaïda, Daesh…) allant jusqu’à annoncer des attaques sur le sol français. De nombreux projets d’attentats ont ainsi été déjoués durant les semaines précédant cette fusillade2,3.
Charlie Hebdo fait régulièrement l’objet de menaces et de procès, notamment de la part du monde politique, en particulier de l’extrême droite5. Le journal, dont la ligne est ouvertement athée et anticléricale, a toujours fait de la critique de la religion, et en particulier des intégristes religieux, l’un de ses chevaux de bataille, ce qui lui a valu de nombreux procès intentés notamment par des associations chrétiennes (dont l’AGRIF) et musulmanes.
En 2006, l’hebdomadaire fait polémique en publiant douze caricatures de Mahomet déjà parues dans le journal danois Jyllands-Posten. Il est attaqué en justice, notamment par l’Union des organisations islamiques de France et par la Ligue islamique mondiale, qui sont déboutées en première instance et en appel.
En 2011, après la parution d’un numéro spécial titré Charia Hebdo critiquant la victoire du parti islamiste Ennahdha en Tunisie, les menaces contre le journal satirique s’intensifient et ses locaux sont la cible d’un incendie criminel provoqué par un jet de cocktail Molotov8. Par la suite, les locaux du journal sont régulièrement placés sous protection des forces de l’ordre9.
En novembre 2011, vingt personnes, dont Olivier Cyran, Houria Bouteldja et Rokhaya Diallo, signent une tribune — initiée, selon Joseph Macé-Scaron, par les Indigènes de la République — contre le soutien exprimé à Charlie Hebdo après cet incendie. Pour Laurent Bouvet, ce texte procède au « retournement de la liberté d’expression au profit de la défense d’une vision uniforme sinon radicale de l’islam » et la formule « État national-laïque » est comprise comme allusive à un État national-socialiste. Pour le journaliste Jack Dion, du magazine Marianne, ce texte émane de « quelques idiots inutiles de l’islamisme ».
En janvier 2013, le journal publie un numéro hors série en deux parties, La Vie de Mahomet, dans lequel Charb raconte en bande dessinée la vie du prophète de l’islam.
En 2013, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) publie sur le magazine en ligne Inspire une liste désignant onze personnalités occidentales « recherchées mortes ou vives pour crimes contre l’islam » parmi lesquelles figure Charb.
En novembre 2013, le rappeur Nekfeu « réclame un autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo » dans une chanson sortie en même temps que le film La Marche.
Le 7 janvier 2015, au matin de la fusillade, le numéro 1 177 de Charlie Hebdo est publié avec, en une, une caricature signée Luz de Michel Houellebecq, dont le dernier roman Soumission, sorti le même jour, décrit la fiction d’une France musulmane. À l’intérieur, l’un des derniers dessins publiés de Charb, titré « Toujours pas d’attentat en France », montre un islamiste armé déclarant « Attendez ! On a jusqu’à la fin janvier pour présenter ses vœux… » Quelques minutes avant l’attaque, les comptes Twitter et Facebook de l’hebdomadaire publient, en guise de vœux du nouvel an de la rédaction, un dessin d’Honoré « l’une des futures victimes » qui représente Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’État islamique, souhaitant la bonne année en déclarant « Et surtout la santé ! ».
Déroulement
Dans les locaux
Le matin du 7 janvier 2015, comme chaque mercredi à 10 h 30, débute la conférence de rédaction hebdomadaire de Charlie Hebdo.
Deux hommes cagoulés et habillés de noir, armés de fusils d’assaut de type kalachnikov, entrent au numéro 6 de la rue Nicolas-Appert, qu’ils croient être les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo. Ils y trouvent une entreprise audiovisuelle, l’Atelier des archives. Le siège du journal est en réalité au numéro 10, un immeuble anonyme où il était installé depuis le 1er juillet 2014. Constatant leur erreur, les deux hommes menacent les employés présents, en tirant à travers une porte vitrée, pour obtenir la bonne adresse.
Vers 11 h 25, arrivés au numéro 10, les terroristes tirent en direction de deux cadres de la société Sodexo en charge de la maintenance de l’immeuble qui se trouvaient dans la loge de la concierge de l’immeuble, tuant l’un d’entre eux ; ils trouvent ensuite dans l’escalier la dessinatrice Coco, qui partait chercher sa fille. Les deux hommes prennent en otage Coco, et exigent que la dessinatrice les conduise aux bureaux du journal. Elle se trompe d’étage et les emmène au premier étage alors que la rédaction se trouve au deuxième. Un temps perdus entre les étages, les terroristes menacent un occupant croisé dans l’escalier, puis finissent par trouver le bon palier ; ils obligent alors Coco, sous la menace d’une arme, à faire le code d’ouverture de la porte blindée qui donne accès à la rédaction, puis pénètrent dans les bureaux du journal à 11h33.
Les deux hommes entrent d’abord dans le premier bureau situé après l’entrée de la rédaction, celui où se trouve le webmaster du journal, Simon Fieschi. Ils font feu deux fois sur ce dernier, le blessant grièvement. Les personnes réunies dans la salle voisine pour la conférence de rédaction, sont alertées par le bruit mais n’ont pas le temps de réagir. Le policier Franck Brinsolaro chargé de la protection de Charb, sort son arme en disant « C’est pas normal, ça » et intime aux journalistes de ne « pas bouger de façon anarchique ». Il est abattu par les frères Kouachi, qui font irruption dans la pièce. Selon le témoignage des journalistes Laurent Léger et Sigolène Vinson, l’un d’eux crie alors « Allahu akbar ». Ils commencent par demander où est Charb « dessinateur, mais aussi directeur de la publication du journal » puis abattent ce dernier après l’avoir identifié. Ils déclarent ensuite, d’après les témoignages des survivants, « Vous allez payer car vous avez insulté le Prophète », avant de tirer au coup par coupsur le reste de l’assistance, tuant neuf autres personnes : sept autres membres de la rédaction, un invité et le policier Franck Brinsolaro. Après le massacre, l’un des tueurs dit à Sigolène Vinson, qui est indemne, qu’il ne la tue pas car « on ne tue pas les femmes » (ils venaient pourtant de tuer Elsa Cayat) et lui intime de « lire le Coran », avant de quitter les lieux à 11 h 35.
Dans la rue
Ils sortent de l’immeuble en continuant à faire feu et en criant « Allahu akbar ». En sortant, ils se retrouvent face à une patrouille de police à vélo, sur laquelle ils tirent, faisant un blessé, la scène étant filmée par un témoin. Ils crient à plusieurs reprises « On a vengé le prophète Mohammed » avant de regagner leur voiture, une Citroën C3 II noire stationnée devant l’immeuble, au bout de la rue Nicolas-Appert, à l’angle de l’allée Verte. Ils rechargent alors avec un calme relatif leurs armes
Selon François Molins, le procureur de Paris, les assassins prennent ensuite la fuite à bord de leur véhicule. Ils empruntent donc l’allée Verte, voie à sens unique, sur quelques dizaines de mètres et se retrouvent tout de suite face à une voiture de police qui arrive à contresens ; ils s’arrêtent un instant, ouvrent leurs portières et tirent debout à plusieurs reprises, sans faire de blessé. La voiture de police parvient à faire précipitamment marche arrière sur toute la longueur de la rue déserte jusqu’au boulevard Richard-Lenoir, laissant le passage aux fuyards, dont l’un — le passager — continue à tirer par sa vitre ouverte. Enfin, ils se retrouvent face à une troisième patrouille constituée de deux policiers, à vélo également, un peu plus loin sur le boulevard Richard-Lenoir. L’un des deux policiers, probablement Ahmed Merabet, leur fait face et tire en direction de la voiture à partir de sa position sur le trottoir de gauche du boulevard. Les deux assaillants sortent alors de la Citroën munis chacun d’un fusil d’assaut de type « kalachnikov », ouvrent le feu et blessent Ahmed Merabet qui tombe sur le trottoir. L’un des assassins s’approche de lui en criant « Tu voulais nous tuer ! ». Le policier lève une main en disant « Non, c’est bon, chef », mais le terroriste l’achève à bout portant d’une balle dans la tête. Les deux tueurs regagnent ensuite leur véhicule en criant à nouveau, avec un doigt levé au ciel (adresse à Allah), « On a vengé le prophète Mohammed ! » ; ils lancent également « On a tué Charlie Hebdo ! ». Avant de monter dans le véhicule, le passager récupère une de ses chaussures — qui avait été perdue près de la portière environ trente secondes plus tôt au moment de la descente — puis la voiture redémarre en trombe. Pris en chasse par la police, ils percutent un Volkswagen Touran place du Colonel-Fabien, blessant la conductrice. Ensuite, les deux hommes abandonnent leur Citroën à hauteur du 45, rue de Meaux où leur voiture s’est encastrée dans un plot devant une boulangerie, puis ils braquent un automobiliste et lui volent sa Renault Clio. Au propriétaire de la voiture — devant lequel ils se présentent à visage découvert, et qui les décrit comme calmes et posés — ils déclarent « Si les médias t’interrogent, tu diras : c’est Al-Qaïda au Yémen ». Ils se dirigent ensuite vers la porte de Pantin3. Les policiers perdent leur trace à cet endroit.
Dispositifs de sécurité
Le plan Vigipirate est élevé au niveau « alerte attentats », le niveau maximal, en Île-de-France puis à la Picardie le 8 janvier dans l’après-midi après que les suspects ont été identifiés dans l’Aisne45. Le procureur de la République François Molins annonce que le parquet antiterroriste s’est saisi de l’enquête pour assassinats et tentatives d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, et lance un appel à témoins.
Les forces de l’ordre et les services de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) identifient rapidement les terroristes comme étant les frères Kouachi. Dans la soirée vers 23 heures, des opérations menées par le RAID ont lieu à Reims, et d’autres menées par l’anti-gang à Gennevilliers et Pantin. Le 8 janvier à 7 h 50 sur RTL, Manuel Valls fait état de plusieurs interpellations.
Personnes ciblées
Morts
Parmi les morts se trouvent huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo
Cabu, (76 ans) dessinateur ;
Charb, (47 ans) dessinateur et directeur de la publication ;
Tignous, (57 ans) dessinateur ;
Honoré, (73 ans) dessinateur ;
Wolinski, (80 ans) dessinateur N 8 ;
Bernard Maris, (68 ans) économiste et chroniqueurN 9 ;
Mustapha Ourrad, (60 ans) correcteur ;
Elsa Cayat, (54 ans) psychanalyste et chroniqueuse ;
Les autres victimes sont :
Frédéric Boisseau, (42 ans) un responsable des opérations de la société Sodexo chargée de la maintenance dans l’immeuble, fait aussi partie des victimes ; il est la première personne tuée lors de cet attentat ;
Michel RenaudN 10,54, (69 ans) invité de la rédaction, qui était venu de Clermont-Ferrand pour rendre certains de ses dessins à Cabu ;
Franck Brinsolaro, (48 ans) le premier policier tué officier du service de la protection — le SDLP — chargé de la protection personnelle de Charb, abattu en même temps que lui ;
Ahmed Merabet, (40 ans) le second policier tué, gardien de la paix du commissariat du 11e arrondissement, blessé puis assassiné sur la voie publique après avoir tenté d’empêcher la fuite des tueurs.
Les médias annoncent dès le début de l’après-midi la mort de « quatre » dessinateurs, citant Cabu, Charb, Georges Wolinski et Tignous60. La mort de Bernard Maris est révélée quelques heures plus tard61. Ce n’est que dans la soirée qu’est annoncée la mort du cinquième dessinateur, Philippe Honoré, après qu’un témoignage a permis de l’identifier
********************
7 janvier 1767 : Lettre du ministre de la marine César Gabriel de Choiseul-Praslin portant que les hommes de race nègre sont incapables de fonctions publiques et de la noblesse mais que les Indiens le sont. Il rappelle aux chefs de Saint-Domingue : »Les Nègres ne sont introduits dans les colonies que pour y demeurer dans l’état d’esclavage, première tâche qui s’étend sur tous leurs descendants, et que le don de la liberté ne peut effacer. »
7 janvier 1905 : à Washington, pour la première fois, un Noir, M. Gran, accède à la haute fonction publique, soutenu par Theodore Roosevelt contre l’avis du Sénat4.
7 janvier 1959 : les États-Unis reconnaissent le régime cubain de Fidel Castro.