La Guadeloupe devient une colonie française le 28 juin 1635
L’histoire de la Guadeloupe, à la fois région d’outre-mer et département d’outre-mer (numéro 971) français, fut marquée comme l’histoire de la Martinique et l’histoire de la Jamaïque par la déportation massive, à partir des années 1670, d’esclaves noirs africains, ancêtres de l’immense majorité de la population actuelle, phénomène qui a marqué également dès 1640 l’histoire de la Barbade puis vers 1700 l’histoire de Saint-Domingue.
Population indigène Karukera
Selon les données archéologiques, les premiers signes d’occupation de la Guadeloupe datent d’environ 300 av. J.-C.. Ces peuples de Taïnos y développèrent essentiellement l’agriculture, et auraient été exterminés par des peuples plus belliqueux : les Caraïbes1. Ces derniers nommèrent l’île Caloucaera (Karukera), mot voulant dire « l’île aux belles eaux ». Ces communautés sont celles qu’ont rencontrées les premiers Européens débarqués sur l’île.
Arrivée des premiers Européens en Guadeloupe
21 jours après avoir quitté les îles Canaries, au cours de son deuxième voyage, Christophe Colomb aperçoit une première terre : La Désirade, qu’il baptise ainsi Desirada, tant la vue d’une terre fut désirée par l’équipage. Le dimanche 3 novembre 1493, une autre île est en vue, que Colomb nomme Maria Galanda (Marie-Galante), du nom du navire amiral. Après un passage d’une nuit à la Dominique, ils reprennent la mer vers une île plus grande dont ils avaient aperçu au loin les montagnes. Colomb décide alors de jeter l’ancre devant cette île afin d’accorder quelques jours de repos à ses hommes.
Le 4 novembre 1493, il débarque sur l’île principale nommée par les Caraïbes Karukera (ou Caloucaera)2. Il baptise cette île Guadalupe du nom du monastère royal de Santa Maria de Guadalupe en Espagne. Lors d’un pèlerinage, Christophe Colomb aurait fait la promesse aux religieux de donner le nom de leur monastère à une île ou alors, il s’était fait cette promesse à lui-même lors des tempêtes de son retour en Europe en 1492. Il semblerait également que Christophe Colomb ait été inspiré par les chutes du Carbet, lui rappelant les cascades présentes dans la région d’Estremadure (Espagne) où se situe le monastère.
Le 10 avril 1496, Colomb retourne à Guadeloupe avec deux vaisseaux. Ils sont de retour vers l’Espagne mais l’Amiral a fait fausse route et ils se trouvent à court de provisions. Les habitants, interrogés par des taïnos qui voyagent avec les espagnols, refusent de fournir les aliments demandées. L’Amiral ordonne alors un débarquement en force et il s’ensuit une dure bataille après laquelle les guerriers locaux se retirent vers l’intérieur. Colomb et ses hommes restent sur l’île jusqu’au 20 avril.
Débuts de la colonisation
Les Espagnols se préoccupent peu de l’île au long du XVIe siècle. En effet, l’île semble alors relativement inhospitalière, et ne possède aucune mine d’or. Elle servira alors d’aiguade, point de ravitaillement en eau douce et en bois, pour les navires en route vers l’Eldorado.
Au début, les Caraïbes tolèrent ces « marins de passage », et parfois même fraternisent avec eux, mais petit à petit les hostilités grandissent entre les indigènes et les Espagnols. Les Caraïbes, aguerris au combat, résistent à la présence grandissante des Européens, jusqu’à ce qu’une cédule royale datant d’octobre 1503, autorise aux Espagnols la capture d’Indiens habitant les îles sans or. Plusieurs expéditions et raids au cours du XVIe siècle ont lieu dans le but de capturer des Caraïbes et de les faire travailler, de pacifier puis de coloniser ces îles.
En 1515, Juan Ponce de León, conquérant de Porto Rico et Antonio Serrano décident de pacifier la Guadeloupe et d’y installer définitivement des colons ibériques sur l’île, avec trois navires et trois cents hommes de guerre. Cachés en embuscade, les Caraïbes foncent sur ceux qui débarquent, les tuent et en font des prisonniers.
Lassés, les Espagnols, qui préfèrent les terres plus riches de l’Amérique centrale, abandonnent progressivement les Petites Antilles (ils quittent définitivement leur fort de l’île Saint Martin en 1648), laissant la place aux colons et flibustiers anglais, français et hollandais. Ceux-ci font escale régulièrement à partir de 1550 pour faire du commerce avec les Amérindiens (Caraïbes).
Ce petit territoire des Antilles (mer des Caraïbes) situé à environ 600 km au nord des côtes de l’Amérique du Sud, à 600 km à l’est de la République dominicaine et à 950 km au sud-est des États-Unis fut plusieurs fois investi par les Anglais et connut la Révolution française plus longtemps que la Martinique.
Les Français, menés par Jean du Plessis d’Ossonville et Charles Liènard de l’Olive débarquent le 28 juin 1635 à la Pointe Allègre à Nogent, (dans l’actuelle ville de Sainte-Rose (Guadeloupe), accompagnés de quatre prêtres dominicains et de 150 hommes (dont de nombreux Bretons ou Normands) engagés par contrat, pour trois ans, dans le but de faire fortune.
Du Plessis et de L’Olive sont mandatés par la Compagnie des îles d’Amérique pour évangéliser les indigènes. Les premiers mois sont difficiles (maladies, manque de nourriture) : nombre de colons périssent. Les survivants s’installent au sud, près de l’actuel Vieux-Fort. Ils reçoivent l’aide des Caraïbes. Contre l’avis de Du Plessis, Charles Liènard de l’Olive leur déclare la guerre pour prendre vivres et femmes. Les Français vont alors pratiquement exterminer les amérindiens.
En 1640, à lieu la signature d’un traité de paix avec les Caraïbes. Les Français vont ensuite importer des esclaves par centaines à partir de 1641 et 1645. La ville de Basse-Terre est fondée en 1643 dans le Sud de la Guadeloupe.
En 1649, lors de la première révolution anglaise, le roi Charles Ier décapité. Les monarchistes anglais fuient à la Barbade, poursuivis par les troupes du parlement de Cromwell. L’économie sucrière doit se développer ailleurs qu’à la Barbade. Charles Houël acquiert la Guadeloupe, la Désirade, Marie-Galante et les Saintes, après avoir laissé la Compagnie des îles d’Amérique, leur propriétaire, tomber en faillite.
Les jésuites portugais gagnent en 1654 la reconquête du Brésil contre les Hollandais, qui doivent fuir avec 300 de leurs esclaves. Contre l’avis des jésuites français, Charles Houël leur donne seize hectares de bonnes terres au lieu-dit Sainte-Marie, à Capesterre de Guadeloupe. La Martinique, partagée entre de nombreux propriétaires, encore peu défrichée et à moitié occupée par les caraïbes, doit leur dire non.
1656 : la Guadeloupe compte 3 000 esclaves noirs, deux fois plus qu’en Martinique
1658 : Guerre de 1658 contre les indiens caraïbes en Martinique.
1664 : Colbert augmente la taxe sur les sucres étrangers importés des Antilles via la marine hollandaise, asphyxiant les planteurs, qui ont peu de navires et sont par ailleurs privés d’approvisionnement en esclaves. La crise sucrière s’installe.
1664 : la Compagnie française des Indes Occidentales prend possession de la Guadeloupe en expropriant Houël et sa famille.
1666 : les Anglais attaquent les Saintes et se dirigent vers la Guadeloupe, mais un cyclone détruit complètement la flotte anglaise le 22 août.
1667 : fin de la Deuxième guerre anglo-néerlandaise. Le Traité de Breda est signé entre les Français, Danois et Hollandais d’un côté, et les Anglais de l’autre.
1671 : la Guadeloupe a 4 267 esclaves noirs. Il n’y en a que 2 400 en Martinique où les chefs de la guerre contre les caraïbes, dont Pierre Dubuc de Rivery, reçoivent des terres nouvelles.
1674 : La Compagnie des indes occidentales fait faillite. La Guadeloupe devient propriété de Louis XIV. Les planteurs de tabac de Martinique et de Saint-Domingue sont chassés par la création de la ferme du tabac.
1679 : Charles François d’Angennes gouverneur de Marie-Galante, signe avec la Compagnie du Sénégal un contrat pour se faire livrer 1 600 esclaves sur ses plantations du Precheur, en Martinique. En 1682, il obtient le monopole du commerce avec l’empire espagnol.
1680 : la Martinique compte déjà 4 900 esclaves et rattrape ainsi la Guadeloupe en nombre d’esclaves. Elle en compte 15 000 dès 1700, trois ans après l’arrivée de Jean-Jacques Mithon de Senneville
1690 : le prix du sucre, miné par la concurrence, affiche une baisse de 65 % par rapport à son niveau de 1655..
Lire aussi : Le génocide colonial français des peuples amérindiens caraïbes des Petites Antilles de 1625-1660