Entrée en résistance de la garnison de Balata, le 27 juin 1943.
Un épisode décisif dans le ralliement à la France libre du général de Gaulle de ces milliers de jeunes martiniquais déterminés à combattre Hitler et le nazisme.
Durant les deux semaines allant jusqu’au 14 juillet 1943, plusieurs dirigeants politiques, dont le maire de Fort-de-France Victor Sévère, organisent la résistance au régime de Vichy, représenté par l’Amiral Georges Robert. La rébellion des 220 soldats du camp de Balata, parmi lesquels 22 tirailleurs sénégalais, sous la direction du Commandant Henri Tourtet amènera à la création du Bataillon de marche antillais n°5. L’unité participe aux combats de Royan, près de La Rochelle, où son chef sera tué.
Cette épopée est célébrée par l’État qui n’a pas toujours été aussi honnête envers l’histoire. Les jeunes Guadeloupéens, Guyanais et Martiniquais, qu’ils fussent militaires ou civils engagés volontaires dans les rangs des Forces françaises libres, ont longtemps été ignorés par l’armée, dans un silence confinant au mépris. Les plus hautes autorités politiques avaient, il est vrai, donné le ton à la fin de la guerre.
Le ministre des Colonies, Paul Giacobbi, avait ordonné au Conseil national de la Résistance d’expulser de ses rangs les résistants antillais et africains. Le gouvernement d’union nationale se méfiait de leurs velléités indépendantistes, alors que ces jeunes avaient, au contraire, l’amour de la France dans le sang.
Source : France-Antilles
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Martinique on peut distinguer deux phases dans le soulèvement qui renversa le régime de Pétain en juin-juillet 1945 Le mouvement fut lancé par une communication radiophonique de la France libre exhortant les Antillais commémorer le troisième anniversaire de armistice de juin 1940 Malgré interdiction de cette manifestation une foule assembla place de la Savane Fortde-France le 24 juin aux cris de Vive la France Vive de Gaulle Quatre jours plus tard une manifestation semblable se déroula Saint-Pierre où des employés de la rhumerie Saint James défilèrent aux cris de Vive de Gaulle Cette première phase opposition populaire ne délogea certes pas directement amiral Robert mais le manque de répression de la part de la police laissait déjà présager effondrement du pouvoir vichyste
Une deuxième phase plus proprement militaire débuta le 27 juin 1943 lorsque la 3e compagnie stationnée dans les hauteurs de Fort-de-France se mutina de concert avec le mouvement résistant civil le Co
mité martiniquais de libération nationale Menée par le chef de bataillon Tourtet cette compagnie proclama la dissidence transposant toute île une démarche dont la définition initiale relevait du ralliement individuel Pour Tourtet il agissait là un dilemme moral semblable celui de tout militaire ayant rallié la France libre Je décide de prendre la grave décision de rompre avec 26 ans de discipline. Durant douze jours amiral Robert resta in traitable face une compagnie dont les rangs se gonflaient chaque jour de nouveaux volontaires Il ne resta bientôt plus dans son camp que quelques irréductibles marins
Robert céda au début du mois de juillet après âpres négociations trilaté rales avec les meneurs de la dissidence et les Américains et le 14 juillet arriva la Martinique le plénipotentiaire de la France libre Henri Hoppenot chargé opérer la passation de pouvoir.
Source :La dissidence aux Antilles (1940-1943) – Persée
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– CHRONOLOGIE
3 septembre 1939 : la France déclare la guerre à l’Allemagne.
14 septembre 1939 : arrivée de l’amiral Georges Robert, haut commissaire de la République aux Antilles et en Guyane
22 juin 1940 : signature de l’Armistice.
24 juin 1940 : le Conseil général et les maires s’engagent à continuer le combat aux côtés des Alliés. Le croiseur Émile Bertin arrive avec 286 tonnes d’or.
Décembre 1940 : Robert destitue le Conseil général et les conseils municipaux.
11 octobre 1942 : 1er convoi de dissidents vers les Etats-Unis.
18 juin 1943 : première manifestation pour commémorer l’appel du 18 juin.
24 juin 1943 : Robert veut interdire, sans y par venir, une seconde manifestation.
29 juin 1943 : soulèvement de la compagnie de Balata.
30 juin 1943 : Robert se réfugie sur le croiseur Emile Bertin.
2 juillet 1943 : message de ralliement de Victor Sévère à la France combattante.
14 juillet 1943 : Henri Hoppenot, représentant du Comité Français de Libération Nationale, arrive. La Martinique se rallie.
15 juillet 1943 : départ de l’Amiral Robert à Porto-Rico.
A LIRE
– « La Martinique au temps de l’Amiral Robert » , Camille Chauvet, Historial Antillais, Volume 5
– « Les dissidents des Antilles dans les Forces Françaises Libres Combattantes 1940 – 1945 » , Lucien Abenon et Henry E. Joseph, Association des Dissidents de la Martinique. 1999
– « Vichy sous les tropiques » , Eric Jennings
– La Martinique pendant la seconde guerre mondiale 1939-1945, Marie-Hélène Léotin, Archives Départementales de la Martinique et CRDP Antilles-Guyane, textes sélectionnés
– Les cahiers du Centre d’Études Régionales Antilles-Guyane (Cerag) n° 34 et 36
Source : France-Antilles