La tuerie du 24 mars 1961 au Lamentin
L’archevêque de San Salvador Óscar Romero est assassiné en pleine messe le 24 mars 1980.
Au nom de l’ordre et de la force publique,
Au nom de l’autorité qui nous régente,
Au nom de la loi et au nom de la France,
Une poignée d’assassins vient de creuser trois tombes,
D’un coup, dans notre sol lamentinois .
Crime plein de lâcheté et plein d’horreur !
Crime policier, crime raciste, crime politique………
C’est ainsi que Georges GRATIANT, maire communiste du LAMENTIN , crie son indignation devant les tombes des trois jeunes assassinés par une troupe de policiers et de gendarmes, un vendredi 24 mars 1961 en plein bourg du LAMENTIN, devant la mairie .
Elle avait 24 ans . Elle s’appelait Suzanne MARIE-CALIXTE. Elle était couturière . Aux environs de 20 heures, elle sortait de la messe . Une salve de mitraillette l’a tuée «d’une balle sous le bras », «sortie par la tête » .
Alexandre LAURENCINE avait 21 ans, Edouard VALIDE, 26 ans . Ils étaient ouvriers agricoles sur l’habitation de Roches Carrées. Ils participaient au mouvement de grève marchante des ouvriers agricoles lancé par l’ UD-CGT. Avec leurs camarades , ils attendaient sur cette place du LAMENTIN la libération de deux grévistes violemment interpelés et embarqués . Ils ont été, eux aussi, tués par une salve de mitraillette … dans le dos.
Sur le sol gisaient vingt-six blessés .
Pourquoi cette fusillade ? Pour protéger Roger AUBERY . Il est un des békés propriétaires de l’usine du Lareinty . Provocateur, insultant, refusant tout dialogue, il a surgi sur la place au volant d’une jeep à deux reprises. Indignés par tant d’arrogance, les grévistes renversent la jeep ; une arme à feu en tombe. AUBERY s’est réfugié dans une maison pour échapper à la colère populaire . Il en sort le soir, protégé par les gendarmes . La foule moqueuse mais pacifique s’approche . C’est alors que les gendarmes tirent les salves de mitraillette. Le peuple s’enfuit . Sur le sol de la place de la mairie, des blessés , des morts ………
Les pouvoirs publics ont choisi leur camp . Ordre de tirer sur les grévistes a été donné . Le préfet justifiera la violence des gendarmes par « la légitime défense » contre des « agitateurs » .Pour le pouvoir, le peuple des travailleurs en grève, ne vaut pas un patron d’usine .
Le pouvoir judiciaire lui aussi a choisi son camp . et condamnera Georges GRATIANT pour son discours « Sur trois tombes » parce qu’il dénonce les crimes « d’assassins officiels », «d’une gestapo qui assassine dans le dos » .
Dès les premiers jours de février 1961, l’Union Départementale de la CGT a lancé un appel à la mobilisation des ouvriers agricoles . Elle a organisé et encadré la traditionnelle grève marchante qui a cheminé , d’usine en habitation, des usines de Soudon et du Lareinty , jusqu’au MACOUBA, en passant RIVIERE SALEE, FRANCOIS, TRINITE . Le but : aller d’usine en habitation pour débaucher les non grévistes, faire en tout lieu le point sur la réalité du combat , le renforcer en rassemblant les grévistes et consolider la conscience de classe grâce aux cadres de l’AD-CGT – comme Renoult VALBON, secrétaire de la Fédération des Ouvriers Agricoles ,Victor LAMON, Walter GUITEAUD, Philibert DUFFEAL .
Après la tuerie du LAMENTIN, la grève continue et le mouvement populaire de protestation s’amplifie . Des manifestations et des grèves de solidarité avec les ouvriers agricoles s’organisent . L’UDI-CGT joua à ce niveau un grand rôle en coordonnant l’action des syndicats qui la constituaient .
Pour le représentant de l’Etat, l’ordre social doit être rétabli.
Pour les patrons, il est urgent – fin mars – de récolter la canne .
Pour l’un comme pour les autres , « les ouvriers du sucre » doivent reprendre leur travail et se remettre à servir les intérêts des « capitalistes du sucre ».
Les ouvriers agricoles exigent, eux, une revalorisation de leurs salaires qui sont misérables . L’ augmentation d’abord promise de 4% ne leur suffit pas .
Ils réclament aussi un alignement de leurs allocations familiales sur celles des autres catégories de travailleurs – notamment des fonctionnaires – de façon à ce que les mêmes chances de vie décente soient données à TOUTES les familles.
Ils obtiendront une augmentation de 8% de leurs salaires et de 6% de leurs allocations familiales .
La grève prendra fin au début du mois d’avril 1961. Un évènement dans la longue liste des crimes commis contre la classe ouvrière martiniquaise sans jamais entamer sa détermination à lutter contre toute forme d’exploitation . Nous en sommes témoins jusqu’à présent .
le 07-04-2019
Source CGTM
L’archevêque de San Salvador Óscar Romero est assassiné en pleine messe le 24 mars 1980.
Óscar Romero, de son nom complet Óscar Arnulfo Romero y Galdámez (né le 15 août 1917 à Ciudad Barrios au Salvador et mort assassiné le 24 mars 1980), est un prélat de l’Église catholique. Il meurt en martyr, assassiné en pleine messe, alors qu’il est archevêque de San Salvador (Salvador) pour avoir été le défenseur des droits de l’homme et particulièrement des paysans de son diocèse.
Sa canonisation est célébrée le 14 octobre 2018 à Rome, sous le pontificat du pape François.
Certains le considèrent comme le saint patron des Amériques et de San Salvador. Au-delà du catholicisme, Oscar Romero est honoré par d’autres Églises chrétiennes notamment la Communion anglicane : il se trouve être l’un des dix martyrs du xxe siècle à figurer parmi les statues situées au-dessus de la grande porte Ouest de l’abbaye de Westminster à Londres au Royaume-Uni.
Biographie
Óscar Romero est le second d’une famille nombreuse de sept enfants (cinq frères et deux sœurs), dont le père est postier. Il est baptisé à l’âge d’un an le 11 mai 1919. Il naît dans un pays déchiré où 40 % des terres sont détenues par treize familles. À l’époque, l’Église est persécutée et les assassinats sont fréquents.
Après quelques années à l’école il devient apprenti menuisier à l’âge de douze ans. Deux ans plus tard, en 1931, il entre au séminaire des prêtres Clarétains à San Miguel, contre l’avis de son père.
En 1937, il rejoint le séminaire national de San Salvador, dirigé par les Pères Jésuites puis continue ses études à Rome, où il est ordonné prêtre le 4 avril 1942. Il vise l’obtention d’un doctorat en théologie mais doit en 1943, à l’âge de 26 ans, interrompre ses études et sous la pression de l’évêque, dans une Italie encore fasciste, rentre au Salvador. Sur la route du retour, il fait escale en Espagne puis à Cuba où la police cubaine l’interne au motif qu’il provient de l’Italie mussolinienne. Des ennuis de santé lui valent son élargissement et un retour vers le Salvador via Mexico.
Romero travaille comme prêtre de paroisse à Abamoros, puis est affecté pendant vingt ans dans le cadre du diocèse de San Miguel. Il promeut différents groupes apostoliques, inaugure une équipe des « Alcooliques anonymes », aide à la construction de la Cathédrale San Miguel et soutient la dévotion à la « Vierge de la Paix ». Il est par suite nommé recteur du séminaire inter-diocésain de San Salvador.
En 1966, sa vie publique démarre avec sa nomination de Secrétaire de la conférence épiscopale de San Salvador1. Il devient le directeur-éditeur du journal « Orientacion » qui adopte une ligne assez conservatrice, dans le cadre d’un magistère plutôt traditionaliste de l’Église catholique.
Nommé par Paul VI évêque auxiliaire de San Salvador le 25 avril 1970 avec le titre d’évêque titulaire ou in partibus de Tambeae (it), Il est consacré le 21 juin suivant par Mgr Girolamo Prigione (en) nonce apostolique au Salvador.
Archevêque de San Salvador
Le 15 octobre 1974 il est nommé évêque de Santiago de María puis, trois ans plus tard, le 3 février 1977, devient archevêque de San Salvador, capitale du pays, Rome souhaitant barrer la route à la nomination de Mgr Rivera y Damas.[réf. nécessaire].
Car Mgr Romero est réputé être un conservateur : il n’avait pas hésité, du temps où il était encore évêque auxiliaire, à dénoncer publiquement, lors de la célébration de la transfiguration du Christ (fête patronale de San Salvador), « la nouvelle Christologie » comme étant une menace pour la doctrine de l’Église et de la Foi2. Ainsi en 1975, à l’occasion de la mort de Josemaría Escrivá de Balaguer, fondateur de l’Opus Dei, il envoie au pape Paul VI une lettre louant les mérites du défunt et adjurant le pape d’ouvrir rapidement son procès en canonisation. Il indique notamment « avoir confié avec satisfaction à l’Œuvre la direction spirituelle de sa propre vie et de celle d’autres prêtres »3.
L’assassinat du père Rutilio Grande
Comme il est considéré comme conservateur, sa nomination est d’abord bien accueillie par l’oligarchie salvadorienne. Le clergé plus progressiste redoute son opposition aux engagements vis-à-vis des plus pauvres tels que ceux formulés dans le cadre notamment de la théologie de la libération. Mais quelques semaines plus tard, le 12 mars 1977, l’assassinat d’un prêtre de son diocèse (et ami personnel) le jésuite Rutilio Grande avec deux compagnons de voyage par un escadron de la mort, soutien du pouvoir en place, va tout changer. La mort du Père Rutilio bouleverse profondément le nouvel archevêque qui considère que « la mort de Grande l’avait converti ». Il dira plus tard : « Quand je vis Rutilio, étendu mort, j’ai pensé que s’ils l’avaient tué pour ce qu’il avait réalisé, alors moi aussi j’avais à avancer sur le même chemin »4.
Le jour même des funérailles, il écrit au président Arturo Armando Molina pour lui demander une enquête exhaustive des faits et ajoute : « je ne suis pas disposé à participer à un acte officiel du gouvernement aussi longtemps que ce dernier n’aura pas fait tous ses efforts pour rendre la justice au sujet de ce sacrilège qui a horrifié tout le monde et soulevé une vague de protestation et de violence »5 Et, effectivement, jamais Mgr Romero n’assiste à aucun acte officiel, car jamais aucune enquête sérieuse n’est menée au sujet de ce triple meurtre.
La dénonciation des persécutions de l’Église
Le pape Paul VI et Óscar Romero, juin 1978.
Dès lors, il ne craint pas de dénoncer désormais ouvertement la pauvreté, l’injustice sociale, les assassinats et les actes de torture6.
En 1979, une junte gouvernementale prend le pouvoir dans un climat de violations des droits de l’homme opérées tant par le gouvernement que par des ligues d’extrême droite. Óscar Romero dénonce l’aide militaire apportée au nouveau régime par les États-Unis : en février 1980, il écrit au président Jimmy Carter : « Une aide militaire accrue de la part des États-Unis aurait sans doute pour effet d’accentuer l’injustice et la répression infligée à des hommes qui s’organisent pour défendre les droits humains les plus fondamentaux. »7. L’administration américaine maintiendra son soutien au régime en place, craignant semble-t-il que le Salvador ne devienne un autre Nicaragua.
L’orientation pastorale de Mgr Romero
Les actions de Mgr Romero lui gagnent la notoriété internationale : en février 1980, il reçoit un doctorat honoraire de l’Université catholique de Louvain.
Pour Mgr Romero, la foi chrétienne comporte une dimension politique : la foi ne sépare pas le croyant du monde réel, mais au contraire l’y plonge tout entier. La raison d’être de l’Église est de se solidariser avec les pauvres. Dans son discours à l’Université catholique de Louvain, en Belgique, il lance : « le monde des pauvres nous apprend que la libération arrivera non seulement quand les pauvres seront les destinataires privilégiés des attentions des gouvernements et de l’Église, mais bien quand ils seront les acteurs et les protagonistes de leur propre lutte et de leur libération en démasquant ainsi la dernière racine des faux paternalismes, même ceux de l’Église8 ».
À l’occasion de sa visite en Europe, il rencontre le pape Jean-Paul II auquel il fait part de ses préoccupations concernant la situation de son pays, où un gouvernement use régulièrement de la torture et l’assassinat :
« En moins de trois ans, plus de cinquante prêtres ont été attaqués, menacés ou calomniés. Six qui ont été assassinés méritent d’être considérés comme martyrs. Certains ont été torturés, d’autres expulsés du pays. Des sœurs ont été également persécutées. La radio de l’archidiocèse, des institutions éducatives catholiques ou d’inspiration chrétienne ont été attaquées, menacées, intimidées ou ont subi des attentats à l’explosif. Plusieurs communautés paroissiales ont fait l’objet de « raids ». Si tout cela s’est produit à l’encontre des personnes représentantes de l’Église, on peut imaginer ce qui a été fait aux chrétiens ordinaires, aux paysans, aux catéchistes, aux délégués et aux communautés de base. […] Mais il est important de remarquer pourquoi l’Église est persécutée : Ce n’est pas tous les prêtres ou n’importe lequel d’entre eux. Ce n’est pas toutes les institutions ou n’importe laquelle de ces institutions. Est attaquée ou persécutée cette partie de l’Église qui s’est mise aux côtés du peuple et se pose en défenseur du peuple. Ici aussi, se trouve la même clé d’explication de la persécution de l’Église : les pauvres9. »
L’assassinat de Mgr Romero
Óscar Romero, pastel, 2013
Ses prises de position, comme sa dénonciation des crimes, enlèvements et assassinats menés quotidiennement par l’armée salvadorienne et les escadrons de la mort le font passer pour un dangereux agitateur aux yeux du pouvoir en place et de l’oligarchie salvadorienne.
Le 23 mars 1980, à l’occasion d’un sermon dans la Basilique du Sacré-Cœur de San Salvador, Monseigneur Romero lance un appel aux soldats face aux exactions de l’armée : « Un soldat n’est pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d’obéir à votre conscience plutôt qu’à l’ordre du péché. Au nom de Dieu, au nom de ce peuple souffrant, dont les lamentations montent jusqu’au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous prie, je vous supplie, je vous l’ordonne, au nom de Dieu : Arrêtez la répression ! »10
Le lendemain, alors que Monseigneur Romero prononce une homélie pendant la célébration de la messe dans la chapelle de l’hôpital de la Divine-Providence, un coup de fusil atteint l’Évêque en pleine poitrine : il agonise quelques minutes plus tard11.
Les funérailles de Monseigneur Romero sont accompagnées par 350 000 personnes à San Salvador. Trois cents prêtres et trente évêques du monde entier y assistent. Mais tandis que la messe commence, une bombe éclate et des coups de feu provoquent un début de panique parmi la foule. Une cinquantaine de personnes (dont de nombreux enfants) meurent piétinés, tandis qu’on relève une dizaine de corps tués par balle. Le corps de Monseigneur Romero est enterré à la hâte dans une tombe située dans le transept droit de la basilique du Sacré-Cœur, la messe de funérailles ne pouvant se terminer. Tandis que les médias et gouvernements américain et salvadorien accusent une attaque de groupuscules d’extrême gauche, un texte ronéotypé daté du 30 mars, signé par vingt-deux hauts représentants du clergé présents aux funérailles, affirmait que la panique avait été déclenchée par l’explosion d’une bombe jetée du palais présidentiel, suivie de tirs de mitrailleuse et d’armes automatiques provenant du second étage12.
L’assassin de Mgr Romero ne fut officiellement jamais retrouvé. Se fondant sur un grand nombre d’interviews de militants du parti Arena et de responsables américains, ainsi que sur l’étude de télégrammes du département d’État, les journalistes Craig Pyes et Laurie Beclund affirmèrent dès 1983 que le major Roberto d’Aubuisson avait planifié le meurtre avec un groupe d’officiers d’active qui tirèrent même au sort à qui reviendrait l’honneur d’être chargé de l’exécution. L’ex-ambassadeur américain Robert White, qui lorsqu’il était en poste au Salvador avait accès aux télégrammes du département d’État, entre autres informations internes, déclara en 1984 devant le Congrès des États-Unis qu’il ne faisait pas « l’ombre d’un doute » que d’Aubuisson avait lui-même « planifié et ordonné l’assassinat » d’Óscar Romero12. Il expliqua ensuite en 1986 toujours devant le Congrès des États-Unis qu’il y avait suffisamment d’éléments pour mettre en cause des escadrons de la mort menés par le major Roberto d’Aubuisson13. Cette thèse fut reprise en 1993 par un rapport officiel des Nations unies, décrivant d’Aubuisson comme le maître d’œuvre de l’assassinat.
Une enquête judiciaire conduite au Salvador par le juge Atilio Ramirez avait rapidement désigné d’Aubuisson et le général Medrano (protégé des États-Unis). Mais après des menaces et une tentative d’assassinat, Atilio Ramirez quitta subitement le pays et les poursuites judiciaires cessèrent. En exil, le juge Ramirez expliqua que l’équipe d’enquêteurs de la police criminelle ne s’était présentée sur les lieux du crime que quatre jours après qu’il eut été commis et que ni la police ni le représentant du ministère de la justice ne présentèrent au procès aucune pièce à conviction. Sa conclusion était qu’il existait « indubitablement », depuis le début, une « sorte de conspiration pour couvrir le meurtre »12. Quelques années plus tard, Roberto d’Aubuisson fut nommé président du Parlement salvadorien.
Mémoire et cause pour la canonisation
Statue d’Oscar Romero portant un enfant, parmi les neuf autres Martyrs de l’abbaye de Westminster
La question de la mémoire d’Óscar Romero et de son héritage politique et spirituel fait l’objet de divergences importantes d’analyse. Ses adversaires politiques, tout comme les opposants de gauche au régime, voient en lui une figure de la théologie de la libération.
Le Vatican souligne au contraire l’ampleur spirituelle des homélies d’Óscar Romero, qu’il qualifie de « prophète de l’espérance ». Concernant son propre rôle, Mgr Romero y développe le thème du ministère vécu comme un service bien plus qu’un pouvoir : « Je ne me suis jamais posé en chef d’un peuple, car il n’y a qu’un chef : Jésus-Christ. Jésus est la source de l’espérance. » (homélie du 28 août 1977)14.
Ainsi qu’en témoigne Jon Sobrino, dès l’annonce de sa mort, les pauvres Salvadoriens ont immédiatement dit : « Il est saint ! » et Mgr Pedro Casaldáliga, dans un long poème composé dans les jours qui suivent proclame : « Saint Romero d’Amérique, notre pasteur et martyr »15. Depuis 1998, une statue d’Oscar Romero figure dans la série des dix martyrs de l’abbaye de Westminster, entre celles des pasteurs protestants Martin Luther King et Dietrich Bonhoeffer16.
En 2007, le pape Benoît XVI se prononce en faveur de la béatification, voyant en lui un « grand témoin de la foi » mais en s’opposant à une lecture exclusivement politique de sa mort17. Le pape considère d’ailleurs qu’éviter une « récupération politique » par certaines parties est la difficulté principale rencontrée par la procédure de béatification18.
Depuis le début de son pontificat, le pape François encourage le procès en béatification d’Oscar Romero et souhaite qu’il soit béatifié au plus vite. Mgr Vincenzo Paglia, qui est le président du Conseil pontifical pour la famille et qui est aussi le postulateur de la cause en béatification, annonce en avril 2013 que le pape va autoriser l’ouverture du procès romain pour la béatification. S’agissant d’un martyr, la procédure est plus rapide, un miracle préalable n’étant pas nécessaire19. Le 3 février 2015, le pape François reconnaît Oscar Romero comme martyr de la foi, engendrant la signature du décret de la Congrégation pour les causes des saints20,21. En 2015, le pape François a autorisé le décret en vue de sa béatification, célébrée le 23 mai 2015 à San Salvador22.
Le 6 mars 2018, le pape François reconnaît comme authentique un miracle attribué à l’intercession d’Oscar Romero23. Cette reconnaissance ouvre la voie à sa canonisation24. La cérémonie durant laquelle il est proclamé saint se déroule le 14 octobre 2018 à Rome, durant le synode des jeunes, par le pape François25.
Oscar Romero présente les caractéristiques suivantes: Il est le premier Salvadorien à être élevé aux autels; le premier archevêque martyr d’Amérique, le premier à être déclaré martyr après le Concile Vatican II26; le premier saint autochtone de Amérique centrale27, parce que, même s’il est vrai, le saint Pierre de Betancur a fait tout son travail pour lequel il a été canonisé dans la ville de Santiago de los Caballeros de Guatemala et, par conséquent, également un saint de l’Amérique centrale, ses origines se trouvent à Tenerife, Espagne28, en outre, la sanctification de la part de l’Église catholique n’est pas la première il l’a reçu, puisque l’Église anglicane29 l’avait déjà inclus dans sa sainteté officielle, tout comme l’Église luthérienne l’avait déjà incluse dans son calendrier liturgique30.
Hommages et distinctions
Peinture murale de la Faculté des sciences juridiques et sociales de l’Université du Salvador
Le 18 mai 1980 : Oscar Romero est fait docteur honoris causa post mortem de l’Université du Salvador
En 1985 : Pierre-Michel Gambarelli écrit en 1985 la chanson Le vent des prophètes en hommage à Oscar Romero
En 1986, Oliver Stone réalise le film Salvador et le rôle de l’archevêque est interprété par José Carlos Ruiz. Son assassinat y est reconstitué, commandité par un certain major Maximiliano Casonava, personnage inspiré du major Roberto D’Aubuisson.
En 2008, il est désigné comme l’un des quinze « Champions de la démocratie mondiale » par le magazine européen « A Different view ».
En 2009 : le nouveau président du Salvador, Mauricio Funes (FMLN), visite la tombe d’Oscar Romero juste avant de prendre ses fonctions, en juin 200931.
Le 24 mars 2010, lors du trentième anniversaire de la mort d’Oscar Romero, le président salvadorien Mauricio Funes a présenté au nom de l’État des excuses officielles pour ce meurtre. En présence de la famille Romero, des représentants de l’Église Catholique, des diplomates étrangers et officiels du Gouvernement, le président Funes déclare que « malheureusement ceux qui ont perpétré cet assassinat ont agi avec la protection, la collaboration ou la participation d’agents de l’État. »32
En mars 2014, l’aéroport de San Salvador se nomme désormais « et pour toujours, aéroport international Monseñor Oscar Arnulfo Romero y Galdámez »33.
Le 1er octobre 2015, le service Oscar Romero d’Apprentis d’Auteuil ouvre ses portes. Dispositif de protection de l’enfance, il est destiné à accompagner les mineurs isolés étrangers dans leur insertion professionnelle, administrative et sociale.