Les esclaves de Martinique se libèrent de leurs chaines le 22 mai 1848
Sous la Révolution française, les députés de la Convention abolissent l’esclavage une première fois pour calmer la révolte des esclaves dans les colonies des Antilles et empêcher l’Angleterre de s’en emparer. Mais Napoléon Bonaparte abroge cette mesure le 20 mai 1802, sitôt acquise la paix avec l’Angleterre.
Ce faisant, le Premier Consul répond à une demande du Sénat et cède à la pression de sa femme, Joséphine de Beauharnais, née Tascher de la Pagerie, originaire de la Martinique ( Point contesté).
En 1833, l’esclavage est définitivement aboli dans les colonies britanniques. La France attend l’avènement de la Deuxième République, quinze ans plus tard, pour suivre son exemple. Le décret d’abolition est publié grâce à la ténacité de Victor Schoelcher (44 ans), qui libère par décret 250.000 esclaves noirs ou métis aux Antilles, à la Réunion comme à Saint-Louis du Sénégal.
Lire Edouard de Lépine : Sur l’abolition de l’esclavage
Le décret, qui prévoit l’abolition dans un délai de deux mois, arrive dans les colonies quatre à cinq semaines plus tard. Mais sur place, les gouvernants des colonies et les planteurs ont en général pris les devants. La plupart des Blancs ont compris depuis longtemps que l’abolition était devenue inéluctable et s’y étaient préparés en multipliant les affranchissements.
À leur manière, les esclaves ont aussi accéléré le mouvement. À Saint-Pierre, en Martinique, une insurrection a éclaté le 22 mai 1848, avant qu’ait été connue l’existence du décret. Même chose en Guadeloupe où le gouverneur abolit l’esclavage dès le 27 mai 1848 pour éteindre l’insurrection.
Conformément au décret de Schoelcher, les planteurs reçoivent une indemnité forfaitaire. Ils tentent aussi de reprendre la main en sanctionnant le « vagabondage » dans les îles à sucre : c’est une façon d’obliger les anciens esclaves à souscrire des contrats de travail. L’abolition dément les sombres prophéties des planteurs. Elle se traduit par un regain de l’activité économique dans les colonies.
Victor Schoelcher va militer avec moins de succès contre la peine de mort. Exilé en Angleterre sous le Second Empire, il est élu député de la Martinique à l’avènement de la République puis devient sénateur inamovible jusqu’à sa mort, le 26 décembre 1893. En reconnaissance de son civisme, la République a transféré ses cendres au Panthéon.
L’abolition de l’esclavage à la Martinique
Pendant longtemps, on a considéré que l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises avait relevé de la seule volonté et de la seule initiative du gouvernement français. Il est vrai que l’un des tout premiers gestes de la Seconde République issue de la Révolution de février 1848 est de proclamer que « nulle terre française ne peut plus porter d’esclaves » (décret du 4 mars 1948). Sous l’impulsion du grand abolitionniste Victor Schoelcher (wiki), le Gouvernement Provisoire élabore en un temps record les décrets du 27 avril 1848 qui abolissent l’esclavage dans toutes les colonies françaises.
L’histoire actuelle est moins sensible au caractère unilatéral de l’abolition. Elle met davantage l’accent sur les impératifs économiques et sur les nombreuses révoltes qui ont secoué toutes les colonies à esclaves depuis la fin du XVIII° siècle et qui ont amené les métropoles à abolir l’ esclavage dans leurs colonies par peur d’un nouveau Saint Domingue où l’insurrection (1791) avait abouti en 1804, au terme d’une longue guerre, à la perte de la colonie et à la proclamation de la première République noire d. Haïti.
À la Martinique, les circonstances particulières de l’abolition ont donné lieu à une polémique stérile entre partisans de la commémoration de l’esclavage le 27 avril et les partisans de la célébration du 22 mai comme date de l’abolition de l’esclavage. C’est un fait que l’impatience des esclaves de jouir d’une liberté qui leur avait été annoncée en même temps que la proclamation de la République (fin mars 1848) aboutit, à Saint Pierre de la Martinique, le 22 mai 1848, à une émeute populaire qui contraint le Gouverneur de la colonie à proclamer l’abolition immédiate le 23 mai sans attendre l’arrivée des décrets du 27 avril.
Ces décrets ne devaient parvenir à la Martinique que le 4 juin 1848. Ils prévoyaient l’abolition dans un délais de deux mois après leur promulgation dans la colonie.
Pour tenir compte de la réalité de l’abolition déjà effective depuis près de deux semaines à l’arrivée des décrets, il a donc fallu les modifier à la Martinique (et à la Guadeloupe où le gouverneur pour éviter la contagion avait suivi l’exemple de son collègue de l’île voisine et aboli l’esclavage le 27 mai).
Source : Martinique 1ère
Source : esclavage-martinique.com