La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis XIV le 21 octobre 1680
La Comédie-Française ou Théâtre-Français (surnommé « le Français ») est une institution culturelle française fondée en 1680 et résidant depuis 1799 salle Richelieu au cœur du Palais-Royal dans le 1er arrondissement de Paris.
Établissement public à caractère industriel et commercial depuis 1995, c’est le seul théâtre national en France disposant d’une troupe permanente de comédiens, la Troupe des Comédiens-Français. Bien que mort depuis sept ans quand la troupe a été créée, Molière est considéré comme le « patron » de l’institution, surnommée la « Maison de Molière ». Le fauteuil dans lequel il entra en agonie lors d’une représentation du Malade imaginaire est toujours exposé au fond de la galerie des bustes, après le Foyer Public1.
La devise de la Comédie-Française est, en latin, « Simul et singulis » (qui peut être traduite par « être ensemble et rester soi-même »). Son emblème est une ruche avec des abeilles, à l’image d’une institution foisonnante.
Historique de la Comédie-Française
La Comédie-Française est fondée par ordonnance royale de Louis XIV le 21 octobre 1680 pour fusionner les deux seules troupes parisiennes de l’époque, la troupe de l’hôtel Guénégaud (troupe de Molière) et celle de l’hôtel de Bourgogne. Le 25 août, les comédiens s’étaient déjà réunis pour donner leur première représentation commune, composée de Phèdre (Racine) et des Carrosses d’Orléans (La Chapelle). L’acte royal leur accorde le monopole de jouer à Paris, que les Comédiens-Français défendront jalousement au cours du xviiie siècle, notamment contre les Comédiens-Italiens.
Le 5 janvier 1681, les Comédiens-Français se lient entre eux par un acte d’association qui règle notamment le régime des pensions des comédiens retraités. Le répertoire se compose alors de l’ensemble des pièces de théâtre de Molière et de Jean Racine, ainsi que de quelques pièces de Pierre Corneille, Paul Scarron et Jean Rotrou. Les distributions sont arrêtées par l’auteur, s’il est vivant, sinon par les premiers gentilshommes de la Chambre du roi.
Le 3 septembre 1793, pendant la Révolution, la Comédie-Française est fermée par ordre du Comité de salut public, et les comédiens sont emprisonnés. Une commission militaire y siège pour condamner une insurrection royaliste en 1795.
Le 31 mai 1799, le nouveau gouvernement met à disposition la salle du théâtre de la République (salle Richelieu) où jouait Talma, pour permettre aux comédiens de reconstituer la troupe qui n’en bougera désormais plus (sauf durant les périodes de restauration de la salle).
La nouvelle installation est dotée d’un café-caveau dont les salles souterraines s’étendent sous toute la longueur de la galerie vitrée jusqu’à la maison Chevet. Et qui connaîtra une grande vogue durant le Premier Empire et les premières années de la Restauration.
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En 1812, l’empereur Napoléon Ier, en pleine campagne de Russie, décide de réorganiser la Comédie-Française en signant le 15 octobre, le décret dit « de Moscou » qui comporte 87 articles, et qui reste, à peu de chose près, le statut encore en vigueur aujourd’hui.
Différentes salles
La troupe de la Comédie-Française a occupé plusieurs salles depuis sa création :
le théâtre de Guénégaud (1680-1687), où la troupe a vu le jour en 1685 ;
la salle des Fossés-Saint-Germain (1689-1770). En juin 1687, les Comédiens-Français sont expulsés de l’hôtel de Guénégaud par ordre du Roi, au motif qu’ils risquaient de troubler le Collège des Quatre-Nations qui allait ouvrir ses portes. Après quelques errances, ils s’installent en 1689 au jeu de paume de l’Étoile, sis rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés (actuel no 14 de la rue de l’Ancienne-Comédie) ;
la salle des Machines du palais des Tuileries (1770-1782) ;
le théâtre de l’Odéon (1782-1793). En 1782, les Comédiens-Français sont accueillis provisoirement au théâtre de l’Odéon (salle Luxembourg). La troupe s’étant dispersée lors de la Révolution, le théâtre devient propriété privée sous le nom de théâtre de la République. Ce précédent fera date puisque l’Odéon devient la seconde salle du « Français » tout au long du xxe siècle, durant des périodes plus ou moins importantes.
la salle Richelieu (1799 à nos jours), conçue par l’architecte Victor Louis en bordure du jardin du Palais-Royal. Le 8 mars 1900 la salle et la scène sont ravagés par un incendie dans lequel la jeune comédienne Jane Henriot trouve la mort. La troupe se produit dans les salles de l’Opéra et de l’Odéon en attendant la reconstruction confiée à l’architecte Julien Guadet. Menée en un temps record, elle est achevée pour l’Exposition universelle de 1900. Le 1er octobre 1913 a lieu l’inauguration du nouveau plafond de la salle Richelieu peint par Albert Besnard5. En 1987 est inauguré un nouveau rideau de scène peint par Olivier Debré.
après la Seconde Guerre mondiale, la troupe fait plusieurs tournées internationales et joua, chaque année pendant une semaine entre 1950 et 1967, au théâtre royal du Parc, la plus ancienne scène de Bruxelles après La Monnaie.
en 1993, le théâtre du Vieux-Colombier (fondé par Jacques Copeau) est rénové et alloué par le ministère de la Culture au « Français » au titre de seconde salle (ce dernier ayant définitivement perdu l’Odéon en 1988) ;
en novembre 1996 a lieu l’ouverture dans la galerie du Carrousel du Louvre du Studio-Théâtre d’une capacité de 136 places, en référence au théâtre d’art de Moscou de Constantin Stanislavski ;
en 2012, une structure temporaire baptisée « Théâtre éphémère » est édifiée dans la galerie d’Orléans du Palais-Royal en raison d’importants travaux de mise en conformité et d’accessibilité de la salle Richelieu. Il s’agit d’un théâtre de bois d’une capacité de 746 places, conçu par Alain-Charles Perrot, architecte en chef des monuments Historiques6. Parallèlement, la restauration de la salle Richelieu est assurée par les architectes en chef des monuments historiques.
au début de la saison 2020-2021, la salle fait à nouveau l’objet de travaux, pendant lesquels la troupe se produit au théâtre Marigny.
La Comédie-Française dispose aujourd’hui d’un répertoire de 3 000 pièces.
En juillet 2015, le nouvel administrateur, Éric Ruf, annonce le retour des Comédiens-Français au Festival d’Avignon pour son 70e anniversaire en 2016, avec la création d’une adaptation scénique des Damnés de Luchino Visconti, mise en scène par Ivo van Hove.