Moby Dick est publié pour la première fois en Grande-Bretagne sous le titre The Whale le 18 octobre 1851
Moby Dick (titre original en anglais : Moby-Dick; or, The Whale ; « Moby-Dick ; ou, le Cachalot ») est un roman de l’écrivain américain Herman Melville paru en 1851, dont le titre provient du surnom donné à un grand cachalot blanc au centre de l’intrigue.
Origines du roman
Herman Melville.
Melville, qui fut lui aussi marin, et notamment baleinier de 1840 à 1842, comme la plupart des héros de ses romans, s’est inspiré de faits réels :
Les cachalots poursuivis portaient souvent un nom, Melville en cite quatre au chapitre 45 : Don Miguel du Chili, Morquan du Japon, Jack de Nouvelle-Zélande (qu’il nomme Tom quelques lignes plus loin), Tom Timor.
Le naufrage du baleinier Essex, qui sombra en 1820, après avoir été éperonné par un grand cachalot, 3 700 km au large des côtes de l’Amérique du Sud. L’un des marins survivants, Owen Chase, consigna cette aventure dans un livre qui parut en 1821. Herman Melville, qui a découvert le récit de ce naufrage en 1841 à l’occasion de sa rencontre avec le fils d’Owen Chase, s’en est inspiré pour l’écriture de son roman Moby Dick, paru en 1851.
L’existence d’une baleine blanche, dans les années 1830, souvent aperçue à proximité de l’île chilienne de Mocha. Criblée de harpons, Mocha Dick attaquait régulièrement les baleiniers. Mais contrairement au drame de l’Essex, aucune allusion dans le roman ni dans la correspondance de l’auteur n’authentifie cette référence, malgré l’essai de J. N. Reynolds intitulé Mocha Dick, ou la baleine blanche du Pacifique (1838).
La rédaction du livre fut entamée en 1850. Le roman fut d’abord publié à Londres en octobre 1851 sous le titre The Whale (Le Cachalot) — cette édition était incomplète et le titre n’était pas celui voulu par Melville. C’est peu de temps après, lors de sa parution américaine, en novembre de la même année, que l’ouvrage prit le nom de Moby-Dick; or, The Whale (Moby-Dick ou le Cachalot).
Influences
Melville a été influencé par plusieurs écrivains romantiques (Walter Scott, Washington Irving, Lord Byron, Mary Shelley) dans sa jeunesse. Il souhaitait les imiter dans un livre qui soit captivant et vivant, à la fois sur les plans de l’émotion et de la poésie.
Moby-Dick est paru à un moment crucial de la littérature américaine. En 1850, Nathaniel Hawthorne publiait La Lettre écarlate. Melville et Hawthorne s’étaient liés d’amitié pendant la période d’écriture de Moby Dick. Melville lui dédiera d’ailleurs son célèbre roman. L’écrivain Stéphane Lambert a relaté l’histoire de cette amitié et de son influence sur le chef-d’oeuvre de Melville dans son livre Fraternelle Mélancolie. En 1852, Harriet Beecher Stowe publia La Case de l’oncle Tom. En 1947, c’est Albert Camus, avec La Peste, qui s’inspira de Melville.
Résumé
Attiré par la mer et le large, Ismaël (en), le narrateur, décide de partir à la chasse à la baleine. Il embarque sur le Pequod, baleinier commandé par le capitaine Achab, avec son nouvel ami Queequeg. Ismaël se rend vite compte que le bateau ne chasse pas uniquement pour alimenter le marché de la baleine. Achab recherche Moby Dick, un cachalot blanc particulièrement féroce et d’une taille impressionnante, qui lui a arraché une jambe par le passé. Achab emmène son équipage dans un voyage autour du monde à la poursuite du cachalot dont il a juré de se venger. Le Péquod finira par sombrer au large des îles Gilbert en laissant Ismaël seul survivant, flottant sur un cercueil.
Le roman est loin de se réduire à son aspect fictionnel : de nombreux chapitres sont consacrés à décrire minutieusement la technique de la chasse à la baleine ainsi qu’à s’interroger sur la nature (réelle ou symbolique) des cétacés, et peuvent se lire comme une seconde traque, spéculative et métaphysique2.
Dans Moby-Dick, Melville emploie un langage stylisé, symbolique et métaphorique pour explorer de nombreux thèmes complexes qu’il estime universels. À travers le voyage de son personnage principal, les concepts de classe et de statut social, du Bien et du Mal, et de l’existence de Dieu sont tous aussi bien explorés que les interrogations d’Ismaël sur ses convictions et sa place dans l’univers.
Ce livre est souvent considéré comme l’emblème du romantisme américain. Bien que sa première édition n’ait pas soulevé l’enthousiasme de la critique, Moby-Dick est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants romans de langue anglaise. En 1954, dans Ten Novels and Their Authors, l’écrivain britannique William Somerset Maugham a classé Moby Dick parmi les dix plus grands romans.
Thèmes principaux
Le symbolisme
Dans Moby-Dick, le symbolisme est très présent. Melville s’est inspiré de la Bible pour créer ses personnages principaux.
le capitaine Achab ou Ahab. Référence au roi d’Israël, qualifié d’« impie » par la Bible du fait de son mariage avec Jézabel et de l’édification du temple de Baal qu’il a fait construire pour elle. Dans le roman, il est le protagoniste, devenu le capitaine tyrannique du Pequod.
le narrateur : Ismaël, référence au premier fils d’Abraham et de sa servante Agar. Selon la Bible, il sera celui contre qui tous les peuples se seront dressés et qui se sera dressé contre tous. Il sera ainsi rejeté parmi tous les hommes : dans Moby Dick, le personnage fuit la société humaine.
Elijah : Nom en anglais du prophète biblique Élie, et adversaire de la reine Jézabel, épouse du roi Achab.
Moby Dick, le cachalot blanc.
la couleur du cachalot : Moby Dick est blanc (référence première au cachalot Mocha Dick, mais aussi couleur de pureté et d’innocence).
Sur un plan métaphorique, la lutte entre Achab et Moby Dick symbolise celle du Bien contre le Mal. Or, les rapports peuvent s’inverser selon le point de vue soit du capitaine soit du cachalot[réf. nécessaire] Le capitaine Achab est obsédé par Moby Dick non seulement pour la renommée qu’il pourrait en tirer, mais aussi parce qu’il souhaite se venger de l’animal. Ainsi l’orgueil du capitaine, à qui Moby Dick arracha la jambe, et sa quête de vengeance le mèneront à sa perte. C’est donc, métaphoriquement parlant, non seulement la lutte entre le Bien et le Mal, mais aussi la condamnation de l’orgueil et de la vengeance. Finalement, à force d’inverser les rapports, le récit est teinté de gris. En effet, Achab apparaît rapidement comme un capitaine capable, source d’un immense respect de la part de son équipage. Il est presque question d’un homme qui n’a jamais mis pied à terre, qui a mené de nombreuses chasses sur toutes les mers du globe. Pour autant, Achab dévoile très rapidement à son équipage son unique motivation : la mise à mort de ses propres mains du cachalot blanc. Tous le suivent, fascinés par l’horreur que leur évoque la bête. Tout au long du récit, le capitaine se décompose physiquement, consumé par le désir de vengeance. Ismaël se rend compte peu à peu de la folie de l’entreprise car elle est gouvernée par un homme fou, et l’on se prend à croire que le réel danger est à bord. On prête à la baleine les traits d’Achab, elle vit exclusivement à travers sa haine, jusqu’à sa rencontre où toute cette violence corrosive éclate enfin. C’est la référence chez Melville au Léviathan biblique, véritable monstre aquatique. Or, décrit par périphrase dans l’Ancien Testament, le Léviathan n’y représente pas le cachalot, mais le redoutable crocodile du Nil. Il n’attaque pas l’homme pour se défendre d’une agression, mais bien pour l’engloutir.
La chasse à la baleine
Le récit se déroule dans les années 1840. La chasse à la baleine est alors proche de son âge d’or. Les réserves de baleines sont déjà exploitées par les baleiniers hollandais depuis plusieurs décennies au large des côtes européennes, mais elles sont encore abondantes près du continent américain. C’est sur la côte Nord-Est américaine que la pêche à la baleine prend essor de plain-pied, notamment sur l’île de Nantucket au large du Cap Cod. Les Nantuckais, population autochtone de ce banc de sable jeté en mer, ont une culture traditionnellement liée aux cétacés croisant alentour. Depuis le xvie siècle, les baleines échouées étaient équarries et la précieuse huile extraite directement sur la plage. Reconnaissant le potentiel économique de cette ressource très prisée, les armateurs décidèrent d’aller s’approvisionner directement en mer. À l’époque, l’huile de baleine n’avait pas d’équivalent pour l’éclairage ou la lubrification des machines. Jusqu’à la première exploitation du pétrole en 1859 en Pennsylvanie, le commerce d’huile de cachalot, qui était de loin supérieure à celles que l’on extrayait des autres cétacés, fut incroyablement rentable. La nation en construction s’est alors enrichie sur le compte de la Couronne qui fut son principal client et ces profits ont permis, dans une certaine mesure, à la Nouvelle-Angleterre de s’insurger contre la Grande-Bretagne à partir de 1776 mais aussi d’entamer quelque temps plus tard sa révolution industrielle.[réf. nécessaire]
Parallèlement, l’intensification de la chasse au large du Massachusetts et de la côte Est en général a forcé les baleiniers à repousser les limites de leurs expéditions toujours plus loin pour remplir leurs cales d’huile. D’une durée de quelques jours, les expéditions ont fini par durer des mois, puis des années (en moyenne 3 ans). On retrouve dans la chasse à la baleine le goût de la conquête et de l’exploration, de la liberté d’entreprise qui a fait l’Amérique. La conquête des États-Unis a commencé par la conquête des océans et notamment celui du Pacifique, que l’on connaissait plutôt sur fond de rumeurs et de légendes que par des cartes maritimes bien détaillées. La conquête de l’Ouest, amorcée au début du xixe siècle, a été en grande partie financée par le commerce de spermaceti. La présence des baleiniers américains dans toutes les mers du monde a été le premier témoignage de la montée en puissance de l’économie américaine, bien avant qu’elle ne devienne un géant politique. Les baleiniers s’étaient équipés de fours en briques dès les années 1800 et étaient devenus de véritables usines en mer, toute la chaîne de production d’huile se faisant à bord : dépeçage, traitement par cuisson et tonnelage. Les baleiniers transformaient en plein océan leur proie en produit fini, prêt à la vente. La baleine morte était pelée comme une orange à l’aide d’un crochet planté dans l’animal et relié au mât principal, celui-ci permettant de la faire rouler sur elle-même et de dérouler l’épaisse couche de graisse de 15 cm d’épaisseur qui l’enveloppait. Les couvertures de graisse étaient ensuite brûlées dans les fours du navire pour en extraire l’huile. Le feu était alimenté par la chair grillée de la baleine, ainsi le cétacé brûlait sur un bûcher alimenté par son propre corps.
L’activité a aussi connu ses lettres de noblesse, les monarques d’Europe du Nord (Angleterre, Islande… ) financent et équipent de nombreux baleiniers afin de ramener du précieux spermaceti pour la production de bougies, savons et autres cosmétiques, de l’ambre gris pour la parfumerie ou encore des os de cachalot dans lesquels sont taillés des objets dont raffole l’aristocratie (cannes, manches et baleines pour ombrelles…). La baleine et, surtout, le cachalot sont considérés comme des poissons royaux.
À l’époque, la question de préservation des espèces ne se pose pas. Dans Moby-Dick cependant, Melville pose déjà la question des conséquences que pourrait avoir la pêche intensive sur la population des cétacés. Il compare la sur-pêche supposée de la baleine avec les grandes battues au buffle organisées dans les plaines de l’Ouest américain. À l’époque, seulement quelques voix s’élevaient pour dénoncer l’impact d’une telle entreprise sur la pérennité de l’espèce.
Les personnages
Les 30 membres de l’équipage du Pequod, le nombre des États-Unis d’Amérique lors de l’écriture du roman, apparaissent comme autant des peintures détaillées de types et de comportements humains archétypaux ; les critiques ont pu décrire ces personnages du baleinier comme un univers clos et autonome. En effet la chasse à la baleine, au début du xixe siècle, attirait des hommes de tous les continents et de toutes les classes sociales. Certains venaient y chercher la possibilité de fuir une condamnation et ainsi de se faire oublier pendant quelques années, d’autre recherchaient l’aventure et l’introspection, ou encore comme Melville lui-même n’avaient tout simplement rien qui les retenait à terre. Ainsi, l’équipage du Pequod reflète cette infinie variété d’origines et de destins, de langages et d’idées à laquelle Melville a eu le plaisir de se confronter. L’industrie de la chasse à la baleine était devenue complètement déshumanisée, plusieurs centaines de bateaux étant envoyés par-delà les mers pour répondre aux besoins toujours croissant d’une population en pleine explosion démographique. Les matelots qui s’engageaient à bord revenaient souvent à terre avec des dettes contractées au cours du voyage ou au mieux avec quelques sous en poche. Et pourtant, malgré la dégradation des conditions humaines, toujours plus de gens affluaient dans les ports pour pouvoir s’embarquer sur un baleinier. L’aventure de la chasse à la baleine était avant tout une aventure humaine.
Personnages principaux
Achab (Ahab dans le texte original), protagoniste et tyrannique capitaine du Péquod. Il est cruel, grand et courageux. Il s’est fait arracher la jambe par Moby Dick et depuis lors, ne vit que pour le tuer. Il va entraîner son équipage au péril de leur vies.
Ismaël (en) (parfois Ishmael) : unique narrateur du livre, qui commence et finit avec lui. Son nom, tiré de la Bible, symbolise l’orphelin, l’exilé et le marginal qui souhaite fuir la société où il se sent aliéné. Il semble être le témoin silencieux, voix du récit, il n’a aucun contact avec le capitaine Achab. Il participe cependant aux travaux réalisés à bord, occupe différents postes mais toute l’aventure semble se dérouler sans lui une fois monté à bord du Pequod.
Moby Dick : le cachalot blanc, invincible cétacé solitaire.
Les officiers
Starbuck est très courageux. Il est le seul à oser s’opposer au capitaine. Il est nantuckais et il n’a pas plus de trente ans.
Stubb est nonchalant, ni couard, ni vaillant, très calme.
Flask est un jeune homme rougeaud, court et fort.
Les harponneurs
Queequeg est un cannibale tatoué originaire d’une île du Pacifique Sud et le fidèle ami d’Ismaël (lors d’un « mariage version Queequeg », ils deviennent amis jusqu’à mourir pour sauver la vie de l’autre). Il est le harponneur de Starbuck.
Tashtego est un indien wampanoag. Il est le harponneur de Stubb.
Daggoo est un africain à la carrure gigantesque (presque 2 mètres). Il est le harponneur de Flask.
Fedallah est un Persan zoroastrien. Sa présence était (au début du livre) inconnue des autres marins. Seul le capitaine du bateau, dont il est le harponneur, savait qu’il était à bord. Il est apparu devant les autres lors de la première chasse à la baleine.
Autres personnages
Pip est un jeune garçon de cabine noir, intelligent et musicien. Après une chute dans l’eau où il manque d’être abandonné par ses camarades, il perd la raison. Son nom de Pip vient de son surnom : « Pépin ».
Gabriel est le meilleur, jeune homme fou, appelé « le pantin », se croyant le prophète des Shakerset ayant embarqué au Jéroboam.
Bulkington est un marin discret et le compagnon de bord d’Ismaël.
Peleg est propriétaire et armateur du Péquod.
Bildad est propriétaire et armateur du Péquod, il se montre relativement avare envers Ismaël lors de son engagement.
Peter Coffin est le propriétaire de l’auberge Au souffle de la baleine à New Bedford.
Mme Hussey est la femme d’Osée Hussey, propriétaire de l’auberge le Tâtes-pots à Nantucket.
Osée Hussey est le cousin de Peter Coffin et le propriétaire de l’auberge le Tâtes-pots à Nantucket, il n’est que mentionné.
Capitaine Boomer est le capitaine du Samuel-Enderby, il a aussi été blessé par Moby Dick, mais au bras. Il est anglais. Il apparaît comme une antithèse d’Achab : contrairement à lui, il ne cède pas au désir de vengeance.
Jack Bunger est chirurgien à bord du Samuel-Enderby, il est aussi prêtre, c’est lui qui amputa le capitaine Boomer.
Derick de Deer est capitaine du navire Jungfrau3.
Le capitaine du Rachel a perdu plusieurs marins, dont son fils, en affrontant Moby Dick. Dans l’épilogue, il repêchera Ismaël.
Accueil par les critiques
Alors que Melville considérait Moby Dick comme son chef-d’œuvre, celui-ci fut presque ignoré par la critique littéraire, lors de sa publication. Ce n’est que plus tard, en particulier lors de la célébration du centenaire de la naissance d’Herman Melville, que Moby Dick fut reconnu comme un des monuments de la littérature américaine.
Pendant longtemps, la critique a pensé que le cachalot blanc n’existait que dans l’imagination de l’auteur. Le 21 août 1952, l’Anglo-Norse, navire-usine baleinier, capturait un cachalot de 55 tonnes de couleur blanche, dont la mâchoire était recourbée en faucille4.
Éditions en français
Traductions intégrales
Il existe cinq versions de Moby-Dick en français :
1941 : traduction de Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono, Gallimard. Cette version est la plus répandue.[réf. nécessaire]
1954 : traduction d’Armel Guerne, Éditions du Sagittaire ; rééd. Club Français du Livre en 1955 (tirage limité à 5000 ex.) et 1964 (tirage limité à 7500 ex.), 962 p. Rééditions : Pocket en 1981, 1987, 1999 ; Phébus en 2005 ; Libretto en 2007, 2011.
1967 : Moby Dick (trad. de l’anglais par Georges Saint-Marnier), Kapellen, Walter Beckers Éditeur, coll. « Collection du 20ème siècle » (1re éd. 1852) (ASIN B01FWOGZRU)
2 volumes
1970 : traduction de Henriette Guex-Rolle, Garnier-Flammarion, chronologie et préface par Robert Silhol, collection GF, no 236. Réédition, traduction introduction, notes, glossaire, chronologie et bibliographie par la traductrice, illus. bois originaux par Hélène Abplanalp, Édito-Service, Genève, collection Les Classiques Immortels, 560 p, 1970 ; rééd. cercle du bibliophile, collection Les livres qui ont fait le monde, 1970 ; rééd., introduction, bibliographie et chronologie par Jeanne-Marie Santraud, coll. « GF », no 546, Flammarion, 1989, 1998, 2012.
2006 : traduction de Philippe Jaworski, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. Rééd. avec illustrations de Rockwell Kent, « Quarto », Gallimard, 2018.
Selon ces cinq versions, les deux premières phrases du roman, « Call me Ishmael. Some years ago — never mind how long precisely — having little or no money in my purse, and nothing particular to interest me on shore, I thought I would sail about a little and see the watery part of the world. », sont traduites comme suit :
Lucien Jacques, Joan Smith et Jean Giono : « Je m’appelle Ishmaël. Mettons. Il y a quelques années, sans préciser davantage, n’ayant plus d’argent ou presque et rien de particulier à faire à terre, l’envie me prit de naviguer encore un peu et de revoir le monde de l’eau. »
Armel Guerne : « Appelons-moi Ismahel. Il y a quelque temps — le nombre exact des années n’a aucune importance —, n’ayant que peu ou point d’argent en poche, et rien qui me retînt spécialement à terre, l’idée me vint et l’envie me prit de naviguer quelque peu et de m’en aller visitant les étendues marines de ce monde. »
Georges Saint-Marnier : « Appelez-moi Ismaël. Il y a quelques années de cela — peu importe le nombre exact — ayant peu ou prou d’argent en poche, et rien ne me retenant à terre, je décidai de naviguer un peu pour voir l’étendue océanique du globe5. »
Henriette Guex-Rolle : « Appelez-moi Ismaël. Voici quelques années — peu importe combien — le porte-monnaie vide ou presque, rien ne me retenant à terre, je songeai à naviguer un peu et à voir l’étendue liquide du globe. »
Philippe Jaworski : « Appelez-moi Ismaël. Il y quelques années de cela — peu importe combien exactement — comme j’avais la bourse vide, ou presque, et que rien d’intéressant ne me retenait à terre, l’idée me vint de naviguer un peu et de revoir le monde marin. »
Traductions partielles et adaptations littéraires
Adaptation par Marguerite Gay, Le Cachalot blanc, collection « Aurore pour la jeunesse », librairie Gedalge, 1928 ; réédité sous le titre Moby Dick en 1942. Cette adaptation du roman de Melville en est une réduction, le nombre de chapitres (hors épilogue) étant ramené de 135 à 31.
Une traduction complète en français entreprise par Théo Varlet a probablement été achevée6. Elle n’aurait pas été publiée, mis à part un extrait, Une nuit à l’Hôtel de la Baleine, qui a donné lieu à une prépublication dans Le Crapouillot, septembre 1931, p. 21-35, qui annonce une parution prochaine aux Éditions du Bélier7.
Adaptations
Cinématographiques
1926 : Jim le harponneur (The Sea Beast), film muet de 1h40 réalisé par Millard Webb, dans lequel John Barrymore interprète un Achab héroïque entouré d’une fiancée et d’un frère diabolique8. La critique du film en France fait l’objet de procès concernant le droit de critique.
1930 : Moby Dick de Lloyd Bacon. John Barrymore réendosse le rôle de Achab. Dans cette version parlante de 80 minutes, le capitaine du Pequod finit par tuer la baleine et rentre chez lui retrouver la femme qu’il aime (jouée par Joan Bennett. À noter que la Warner Bros. produit simultanément une version germanophone, Damon des Meeres, réalisée par Michael Curtiz, avec William Dieterle dans le rôle d’Achab9.
1956 : Moby Dick, la version la plus connue. Elle dure 116 minutes. Réalisée par John Huston sur un scénario de l’écrivain Ray Bradbury, on y voit Gregory Peck dans le rôle du capitaine Achab, et Orson Welles dans le second rôle de Mapple10. Cinq années de préparation furent nécessaires avant de porter ce film à l’écran.
1965 : Aux postes de combat (The Bedford incident) de James B. Harris avec Richard Widmark et Sidney Poitier. Adaptation libre inspirée d’un roman de Mark Rascovich (lui-même inspiré de Moby Dick), le film retrace l’histoire d’un sous-marin soviétique (Moby Dick) poursuivi par un navire de l’US Navy.
1978 : Moby Dick de Paul Stanley11, dans lequel l’acteur Jack Aranson interprète plusieurs rôles : Achab, Starbuck, Ishmael et Mapple.
2003 et 2007 : Philippe Ramos fait une adaptation du roman dans un court métrage (2003) puis un long métrage (2007) Capitaine Achab.
2010 : 2010: Moby Dick. Cette adaptation, bien que reprenant l’intrigue de la chasse à la baleine par un Achab ivre de vengeance, est transposée dans un contexte moderne (le Pequod devient un sous-marin ultra-moderne) et laisse de côté la partie philosophique du roman ainsi que quelques autres éléments (Ishmael est remplacé par une biologiste, Michelle Herman).
2011 : Age of the Dragons de Ryan Little, avec Danny Glover dans le rôle d’Ahab. L’action se situe dans un Moyen Âge fictif, Moby Dick étant remplacé par un grand dragon blanc, le Pequod étant un bateau sur roue et Ishmael, un harponneur de dragon.
2015 : Au cœur de l’océan réalisé par Ron Howard, adaptation cinématographique du livre homonyme de Nathaniel Philbrick, qui narre le naufrage du baleinier Essex en 1820, histoire qui a inspiré Herman Melville pour son roman Moby Dick.
Télévision
1964 : Le Fantôme de Moby Dick (The Ghost of Moby Dick), 14e épisode de la série télévisée Voyage au fond des mers.
1998 : Moby Dick, mini-série en 3 épisodes. Le réalisateur est Franc Roddam et le producteur exécutif est Francis Ford Coppola. Patrick Stewart joue le rôle d’Achab succédant à Gregory Peck, lequel reprend le rôle de Mapple joué par Orson Welles. Cette prestation vaudra a Gregory Peck de remporter le Golden Globe Award du meilleur second rôle dans un téléfilm en 199912.
2010 : Moby Dick, téléfilm austro-allemand de 120 minutes, réalisé par Mike Barker, avec William Hurt dans le rôle du capitaine Achab.
Dessins animés
1967 : Les Aventures de Moby Dick, série télévisée d’animation américaine de 18 épisodes de 7 minutes, produite par Hanna-Barbera productions.
1984 : Le Secret de Moby Dick (Samson og Sally) ou Samson et Sally au Canada, est un film d’animation danois réalisé par Jannik Hastrup, sorti en octobre 1984 au Danemark.
2005 : Moby Dick et le Secret de Mu, série télévisée d’animation franco-luxembourgeois de 26 épisodes de 27 minutes, produite par LuxAnimation, Carrere Group et TF1. Série créée par Éric-Paul Marais (textes) et Philippe Duchêne (dessins).
Bande dessinée
1983 : Moby Dick, par Paul Gillon (dessin) et Jean Ollivier aux éditions Hachette.
1998 : Moby Dick, scénario et dessin de Will Eisner.
2002 : Leviatan, troisième album de la série Lorna, scénario et dessin d’Alfonso Azpiri, aux éditions Albin Michel. Version assez lointaine, futuriste et sexy/sexiste de l’histoire originale.
2005 : Moby Dick, scénario de Jean-Pierre Pécau, dessin de Željko Pahek13. C’est une transposition futuriste du roman de Melville. Série en deux tomes parus en 2005 aux éditions Delcourt.
2007 : Moby Dick, scénario de Jean Rouaud, dessin de Denis Deprez aux éditions Casterman. Jean Rouaud fait du capitaine Achab, une sorte de Don Quichotte des mers animé par sa quête obsessionnelle.
2007 – 2011 : Achab, série en 4 tomes de Patrick Mallet (scénario et dessin) aux éditions Milan puis Glénat. Elle raconte l’enfance du futur capitaine du Pequod.
2014 : une adaptation en bande dessinée du célèbre roman est publiée par Christophe Chabouté aux éditions Vents d’Ouest. Il s’agit d’une bande dessinée en noir et blanc en deux parties.
2014 : Moby Dick, par Pierre Alary (dessin) et Olivier Jouvray (scénario) aux éditions Soleil dans la collection Noctambule.
Source : Wikipedia