Jean-François Champollion déchiffre pour la première fois des hiéroglyphes égyptiens antiques le 17 septembre 1822
Jean-François Champollion dit Champollion le Jeune, né le 23 décembre 1790 à Figeac (Lot) et mort le 4 mars 1832 à Paris, est un égyptologue français.
Premier à déchiffrer les hiéroglyphes, Champollion est considéré comme le père de l’égyptologie. Il disait de lui-même : « Je suis tout à l’Égypte, elle est tout pour moi ».
Déchiffrement des hiéroglyphes
À partir de 1821, il déchiffre les premiers cartouches royaux, dont celui de Ptolémée V sur la pierre de Rosette, puis celui de Cléopâtre sur la base d’un obélisque et sur un papyrus bilingue96. Un ami, l’architecte Jean-Nicolas Huyot, lui ayant envoyé des reproductions de détails issus des temples d’Abou Simbel qui venaient d’être découverts97, Champollion y repère dans un cartouche le signe solaire de Râ (Rê), un autre signe qu’il savait être M et deux S : RâMSS, donc Ramsès, ce qui en même temps signifie « Rê l’a mis au monde ». Idem pour ThôtMS, Thoutmôsis : le 14 septembre 182298, il peut donc aussi lire les noms égyptiens, s’exclamer « je tiens mon affaire » puis selon la légende familiale (hagiographie du fils de Jacques-Joseph Champollion, Aimé-Louis99) tomber dans un coma quelques jours. Ce déchiffrement signe l’acte de naissance d’une nouvelle science, l’égyptologie.
Le 27 septembre 1822, il écrit la lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques dans laquelle il fait part de sa découverte d’un système de déchiffrement des hiéroglyphes :
« C’est un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot100. »
En 1822, il écrit et publie sa Lettre à M. le rédacteur de la Revue encyclopédique, relative au zodiaque de Dendérahw. Le zodiaque avait été amené en France en 1821. Il remet en question la méthode et donc la pertinence de la datation du zodiaque nouvellement avancée par Jean-Baptiste Biot (soit l’an 716 avant notre ère). Pour Champollion (qui ne cherche en aucune manière à dater le zodiaque), il ne faut tout d’abord pas confondre un objet de culte (symbolique) avec un objet astronomique; ensuite il ne faut pas interpréter les signes trop vite car certains ne sont qu’un « système d’écriture » (et il sait de quoi il parle). Il infirme enfin l’interprétation de Biot concernant quatre étoiles supposées identifiées.
En 1824, Champollion publie enfin son Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens et ouvrir les portes de l’égyptologie scientifique. Ses découvertes suscitent cependant controverses et critiques de la part de ses contemporains, notamment de son ancien maître Silvestre de Sacy, pour qui les Hieroglyphica d’Horapollon étaient la bible en la matière et qui le décourage en communiquant des informations à son collègue concurrent Thomas Young. Il obtient aussi de nombreux soutiens, comme Wilhelm von Humboldt ou des proches du roi (duc de Blacas, vicomte de La Rochefoucauld).
Champollion est nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1825
En 1824, recommandé, sur l’intervention de son frère Jacques-Joseph, par le prince d’Orléans, il passe plusieurs mois à Turin, où le roi vient d’acquérir la collection égyptienne de l’aventurier Bernardino Drovetti, ex-consul de France à Alexandrie ; il est chargé d’en établir le catalogue102.
Le 1er mars 1824, sa fille Zoraïde103 naît à Grenoble de son union avec Rosine Blanc104.
En 1826, il est nommé conservateur chargé des collections égyptiennes au Musée du Louvre. Il convainc le roi Charles X d’acheter la collection d’Henry Salt, consul britannique en Égypte.
De 1828 à 1829, il réalise enfin son rêve : il part pour une mission scientifiquex en Égypte, avec son collaborateur et ami Ippolito Rosellini, et y recueille de nombreuses données et objets pour vérifier que son système hiéroglyphique fonctionne bien. Il étudie l’obélisque de Louxor et recommande avec succès d’échanger ce dernier avec celui d’Alexandrie, offert à la France en 1828. C’est lors de cette mission qu’il écrit à son frère :
« Jeté depuis six mois au milieu des monuments de l’Égypte, je suis effrayé de ce que j’y lis plus couramment encore que je n’osais l’imaginer. J’ai des résultats (ceci entre nous) extrêmement embarrassants sous une foule de rapports et qu’il faudra tenir sous le boisseau105. »
De retour en France en décembre 1829, il doit subir une quarantaine à Toulon dans un lazaret humide et glacé, ce qui aggrave sa goutte, sa tuberculose et probablement une bilharziose contractée en Égypte106. Il est élu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres après la chute de Charles X, et obtient la chaire d’Antiquité égyptienne au Collège de France. Il y donne sa leçon inaugurale en 1831. Cependant, il meurt à Paris le 4 mars 1832, à l’âge de quarante et un ans. La cause exacte de sa mort n’est pas connue (probablement du choléra, qui s’abat sur Paris en mars). Il est enterré, selon sa volonté, non loin de son ami Joseph Fourier (18e division du cimetière du Père-Lachaise 107).
Le 11 mars 1832 par délibération du conseil municipal de la ville de Figeac est élevé un monument à la mémoire de Jean-François Champollion. Le 24 avril 1833, une loi ordonne d’acquérir au nom de l’État et dans l’intérêt des sciences les manuscrits, les dessins et les livres de Jean-François Champollion.