L’éphéméride du 17 août

Naissance de V. S. Naipaul, le 17 août 1932 à Chaguanas à Trinité-et-Tobago

Capitulation de Port-la-Joye et début de la déportation de l’île Saint-Jean le 17 aoùt 1758.

Sir Vidiadhar Surajprasad Naipaul, plus connu sous la signature V. S. Naipaul, né le 17 août 1932 à Chaguanas à Trinité-et-Tobago et mort le 11 août 2018 à Londres au Royaume-Uni1, est un écrivain britannique lauréat du prix Nobel de littérature en 2001.

Biographie
Vidiadhar Surajprasad Naipaul nait à Trinidad dans une famille d’ascendance hindoue. Ses grands-parents venus d’Uttar Pradesh au nord de l’Inde avaient débarqué sur cette île antillaise en 1880 afin de remplacer, sur les plantations, les esclaves noirs affranchis à partir de 18342. Son père est un reporter connu au Guardian de Trinidad, le journal local de l’île.

Brillant élève, Vidiadhar Surajprasad Naipaul bénéficie alors d’une bourse d’étude pour étudier en Angleterre. Il part à l’âge de 18 ans pour Oxford pour suivre des études littéraires. C’est son premier grand voyage : 7 000 kilomètres, celui qui lui donne goût durant toute sa vie de sillonner la planète, notamment l’Inde, l’Afrique et les pays islamiques d’Asie. Naturalisé en Angleterre en 1952, Il obtient l’année suivante une licence de lettres au University College d’Oxford puis devient journaliste, collaborant avec plusieurs magazines. Il assure également une chronique littéraire pour la BBC et dirige le programme Voix de la Caraïbe. À Oxford ville qu’il trouve ennuyeuse, il rencontre néanmoins celle qui sera sa première épouse et fidèle dactylographe, Patricia Hale.

Il se consacre ensuite à l’écriture de romans et de nouvelles, mais publie aussi des récits documentaires.

Ses premiers romans se déroulent aux Antilles. Le Masseur mystique (The Mystic Masseur, 1957) et The Suffrage of Elvira (1958) qui ont pour cadre la Trinidad, exposent les ravages causés par des politiciens locaux incultes et cyniques2. Le recueil de nouvelles Miguel Street (1959) révèle son talent d’humoriste et de peintre du quotidien dans une série de vignettes inspirées de Rue de la sardine de John Steinbeck. Il met en scène plusieurs habitants d’un quartier populaire de Port-d’Espagne, illuminés, rusés, attachants ou hauts en couleur mais aliénés par la pensée coloniale2. Naipaul connaît ensuite un énorme succès avec Une maison pour Monsieur Biswas (A House for Mr. Biswas, 1961), roman biographique inspiré par la figure de son père. Dans La Traversée du milieu (The Middle Passage, 1962), il livre plusieurs brefs aperçus des sociétés postcoloniales britannique, française et néerlandaise aux Caraïbes et de leur dérive vers une américanisation galopante.

Écrivain cosmopolite, Naipaul élargit ensuite son champ d’inspiration géographique, évoquant les effets pervers de l’impérialisme américain et du nationalisme dans le tiers monde, notamment dans Guérilleros (Guerillas, 1975) et À la courbe du fleuve (A Bend in the River, 1979), comparé à l’époque par certains critiques au Cœur des ténèbres (Heart of Darkness) de Joseph Conrad3.

L’auteur relate ses impressions de voyage en Inde dans L’Inde : un million de révoltes (India: A Million Mutinies Now, 1990) et livre une analyse critique et désabusée de l’intégrisme musulman dans les pays non arabes comme l’Indonésie, l’Iran, la Malaisie et le Pakistan dans Crépuscule sur l’Islam (Among the Believers, 1981) puis Jusqu’au bout de la foi (Beyond Belief, 1998).

Son roman L’Énigme de l’arrivée (The Enigma of Arrival, 1987) et son recueil de nouvelles Un chemin dans le monde (A Way in the World, 1994) sont largement autobiographiques. Dans le premier, Naipaul relate avec le souci d’un anthropologue le déclin puis l’anéantissement d’un domaine du sud de l’Angleterre et de son propriétaire : événement qui reflète l’effondrement de la culture colonialiste dominante dans les sociétés européennes. Le second évoque le mélange des traditions antillaise et indienne et de la culture occidentale que l’auteur découvrit lorsqu’il s’installa en Angleterre. Le recueil Letters Between a Father and Son (1999) replace dans un contexte intime la relation trouble avec son père Seepersad Naipaul, journaliste et auteur de Port-d’Espagne2.

Les ouvrages de Naipaul n’hésitent pas à pointer les ravages de la corruption politique et de l’aliénation au fondamentalisme dans les États postcoloniaux2. Souvent, ses œuvres ont désespéré les tiers-mondistes et la critique littéraire qui lui reprochaient leur pessimisme et leur point de vue conservateur, voire raciste4. Edward Saïd et Derek Walcott les ont même qualifiées de néo-colonialistes5. Maintenant, nombreux sont ceux qui ont reconnu leur triste caractère prémonitoire[réf. nécessaire]. L’auteur a affirmé, quant à lui, ne s’en tenir qu’à la rigueur de ses observations et à l’authenticité des témoignages recueillis, niant avoir des opinions politiques car « celles-ci sont préjudiciables. »5. Il a pourtant parlé de l’ancien premier ministre Tony Blair comme d’un « pirate à la tête d’une révolution socialiste » qui a « détruit toute idée de civilisation en Grande-Bretagne », ayant laissé libre cours à une « insupportable culture de la plèbe. »6.

En 2001, quelques mois après l’obtention de son prix Nobel de Littérature, Naipaul est vivement critiqué par Salman Rushdie qui lui reproche d’avoir manifesté son soutien aux nationalistes hindous lors de récentes violences inter-religieuses qu’il y a eu en Inde entre Hindous et musulmans. Cette querelle aboutira à une profonde inimitié entre les deux écrivains.

Dans une biographie autorisée publiée en 2008, The World Is What It Is, il confie être « obsédé, misogyne, sadique, violent »7. Pendant 23 ans, il vit avec sa maitresse Margaret Gooding tout en restant marié à Patricia Hale, et fréquente selon ses propres aveux assidument les prostituées. Il reconnait avoir, du fait de sa vie dissolue, une part de responsabilité dans la souffrance qu’il a fait subir à sa femme ; cette dernière décède en 1996 d’un cancer à l’âge de 63 ans. « On pourrait dire que je l’ai tuée. » admettra-t-il7. Le lendemain des obsèques de Patricia, Naipaul rompt avec sa maîtresse Margaret, puis s’installe avec son nouvel amour, Nadira. Le couple se marie huit semaines plus tard, en présence de l’historienne Antonia Fraser et de l’écrivain Harold Pinter. En mai 2011, il tient, dans une interview, des propos jugés misogynes : « Les femmes écrivains sont différentes […] Je lis un extrait de texte et en un paragraphe ou deux, je sais si c’est de la main d’une femme ou non. Je pense que ce n’est pas à mon niveau », ajoutant qu’aucune d’elles, y compris Jane Austen, n’a la compétence pour écrire car trop « sentimentales » et empêtrées dans leur condition8,9.

V. S. Naipaul est reconnaissable pour un style singulier, alliant le réalisme documentaire à une vision satirique du monde contemporain. Moraliste et tiers-mondiste éloigné des modes littéraires, l’écrivain se saisit au plus près du réel et donne à sa matière historique et ethnique une forme romanesque qui perpétue la tradition des Lettres persanes dans le besoin d’exprimer, avec l’approche d’un conteur, les disparités culturelles et politiques d’une société mondiale marquée par l’instabilité et le chaos10. Il a aussi été rapproché de Conrad pour sa peinture de l’effondrement des empires coloniaux10.

Famille
Son frère Shiva Naipaul, son neveu Neil Bissoondath et son cousin Vahni Capildeo sont également écrivains10.

Prix et honneurs
V. S. Naipaul a reçu plusieurs prix littéraires, dont le Prix Hawthornden en 1964, le prix Booker en 1971 et le T.S. Eliot Award for Creative Writing en 1986. Docteur honoris causa de plusieurs universités, il fut anobli par la reine Élisabeth en 199011. Il a obtenu en 2001 le prix Nobel de littérature, « pour avoir mêlé narration perceptive et observation incorruptible dans des œuvres qui nous condamnent à voir la présence de l’histoire refoulée. »10.

Sir V. S. Naipaul est membre de la Literary Society.

Œuvre
Romans et nouvelles
The Mystic Masseur (1957)
Publié en français sous le titre Le Masseur mystique, traduit par Marie-Lise Marlière, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1965 ; réédition, Paris, 10/18 no 2468, 1994 ; réédition, Paris, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2009
The Suffrage of Elvira (1958)
Miguel Street (1959)
Publié en français sous le titre Miguel Street, traduit par Pauline Verdun, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1971 ; réédition, Paris, 10/18 no 2530, 1994 ; réédition, Paris, Gallimard, « L’Imaginaire » no 410, 1999 ; réédition dans une traduction révisée par Claude Demanuelli, Paris, Gallimard, « L’Imaginaire » no 620, 1999
A House for Mr Biswas (1961)
Publié en français sous le titre Une maison pour monsieur Biswas, traduit par Louise Servicen, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1964 ; réédition, Paris, Gallimard, « L’Imaginaire » no 152, 1985
Mr. Stone and the Knights Companion (1963)
Publié en français sous le titre Mr. Stone, traduit par Annie Saumont, Paris, Albin Michel, 1985 ; réédition, Paris, Seuil, Points. Roman no 588, 1993
The Mimic Men (1967)
Publié en français sous le titre Les Hommes de paille, traduit par Suzanne Mayoux, Christian Bourgois, 1981; réédition, Paris, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2014
A Flag on the Island (1967)
Publié en français sous le titre Un drapeau sur l’île, traduit par Pauline Verdun, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1971 ; réédition, Paris, Gallimard, « L’Imaginaire » no 648, 2013
In a Free State (1971) – Prix Booker
Publié en français sous le titre Dis-moi qui tuer, traduit par Annie Saumont, Paris, Albin Michel, « Les Grandes Traductions », 1983 ; réédition, Paris, Seuil, Points. Roman no 644, 1994 ; réédition, Paris, 10/18 no 2682, 1995 ; réédition sous le titre Dans un État libre, Paris, 10/18 no 2948, 1998 ; réédition sous le nouveau titre, Paris, Albin Michel, « Les Grandes Traductions », 2001 ; réédition sous le nouveau titre dans Œuvres romanesques choisies, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2009
Guerrillas (1975)
Publié en français sous le titre Guérilleros, traduit par Annie Saumont, Paris, Albin Michel, « Les Grandes Traductions », 1981 ; réédition dans Œuvres romanesques choisies, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2009 ; réédition, Paris, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2012
A Bend in the River (1979)
Publié en français sous le titre À la courbe du fleuve, traduit par Gérard Clarence, Paris, Albin Michel, « Les Grandes Traductions », 1982 ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 5879, 1984 ; réédition, Paris, 10/18 no 2616, 1995 ; réédition dans Œuvres romanesques choisies, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2009
The Enigma of Arrival (1987)
Publié en français sous le titre L’Énigme de l’arrivée, traduit par Suzanne Mayoux, Paris, C. Bourgois, 1991 ; réédition, Paris, 10/18 no 2282, 1992 ; réédition, Paris, Le Livre de poche no 5665, 1982; réédition dans Œuvres romanesques choisies, Paris, Robert Laffont, « Bouquins », 2009
A Way in the World (1994)
Publié en français sous le titre Un chemin dans le monde, traduit par Suzanne V. Mayoux, Paris, Plon, « Feux croisés » 1995 ; réédition, Paris, 10/18 no 3348, 2001
Half a Life (2001)
Publié en français sous le titre La Moitié d’une vie, traduit par Suzanne V. Mayoux, Paris, Plon, « Feux croisés » 2002 ; réédition, Paris, 10/18 no 3700, 2004; Réédition, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2014
The Nightwatchman’s Occurrence Book: And Other Comic Inventions (2002)
Magic Seeds (2004)
Publié en français sous le titre Semences magiques, traduit par Suzanne V. Mayoux, Paris, Plon, « Feux croisés » 2005
Autres publications
The Middle Passage: Impressions of Five Societies – British, French and Dutch in the West Indies and South America (1962)
Publié en français sous le titre La Traversée du milieu : aperçus de cinq sociétés, britanniques, françaises et hollandaises, aux Indes occidentales et en Amérique, traduit par Marc Cholodenko, Paris, Plon, « Feux croisés », 1994 ; réédition, Paris, 10/18. no 3068, 1999
An Area of Darkness (1964)
Publié en français sous le titre L’Inde sans espoir, traduit par Jeanine Michel et révisée par Gabrielle Rolin, Paris, Gallimard, « Témoins » no 8, 1968 ; réédition sous le titre L’Illusion des ténèbres, Paris, 10/18 no 2006, 1989
The Loss of El Dorado (1969)
The Overcrowded Barracoon and Other Articles (1972)
India: A Wounded Civilization (1977)
Publié en français sous le titre L’Inde brisée, traduit par Bernard Géniès, Paris, Christian Bourgois, 1989
North of South: an African Journey, (1980)
Publié en français sous le titre Au nord du Sud, traduit par Valérie Barranger et Catherine Belvaude, Monaco, Éditions du Rocher, 1992 ; réédition sous le titre Sortilège africain, Montpelier, « Anatolia », 1995 ; réédition, Paris, 10/18. Odysées no 2864, 1992
A Congo Diary (1980)
The Return of Eva Perón and the Killings in Trinidad (1980)
Publié en français sous le titre Le Retour d’Eva Peron, traduit par Isabelle di Natale, Paris, 10/18 no 2005, 1989
Among the Believers: An Islamic Journey (1981)
Publié en français sous le titre Crépuscule sur l’islam : voyage au pays des croyants, traduit par Natalie Zimmermann et Lorris Murail, Paris, Albin Michel, 1981 ; réédition, Paris, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2011
Finding the Centre: Two Narratives (1984)
Publié en français sous le titre Sacrifices, Paris, Albin Michel, 2001
A Turn in the South (1989)
Publié en français sous le titre Une virée dans le Sud, traduit par Béatrice Vierne, Paris, 10/18 no 2301, 1992
India: A Million Mutinies Now (1990)
Publié en français sous le titre L’Inde : un million de révoltes, traduit par Béatrice Vierne, Paris, Plon, 1992 ; réédition, Paris, 10/18. Odyssées no 2521, 1994
Beyond Belief: Islamic Excursions among the Converted Peoples (1998)
Publié en français sous le titre Jusqu’au bout de la foi, traduit par Philippe Delamare, Paris, Plon, « Feux croisés » 1998 ; réédition, Paris, 10/18 no 3569, 2003 ; réédition, Paris, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2013
Between Father and Son: Family Letters (1999)
Reading and Writing, a personal account, (2001)
Publié en français sous le titre Comment je suis devenu écrivain, traduit par Philippe Delamare, Paris, 10/18 no 3467, 2002
Looking ans Not Seeing : the Indian Way (2007)
Publié en français sous le titre Le Regard de l’Inde, traduit par François Rosso, Paris, Grasset, 2009
A Writer’s People (2007)
Publié en français sous le titre Le Regard et l’Écrit, traduit par Bernard Turle et François Rosso, Paris, Grasset, 2013
The Masque of Africa (2010)
Publié en français sous le titre Le Masque de l’Afrique, traduit par Philippe Delamare, Paris, Grasset, 2011
Entretiens
Pour en finir avec vos mensonges, traduit par Isabelle di Natale et Béatrice Dunner, Monaco, Le Rocher, « Anatolia », 2002

source : Wikipedia

Capitulation de Port-la-Joye et début de la déportation de l’île Saint-Jean le 17 aoùt 1758.

La déportation de l’île Saint-Jean – actuelle province de l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada – a lieu de 1758 à 1759 et constitue un épisode de la déportation des Acadiens (1755-1763), dans le contexte du Grand Dérangement.

La déportation de l’île Saint-Jean a lieu après le siège de Louisbourg. La déportation est ordonnée par l’amiral anglais Edward Boscawen et confiée au lieutenant-colonel Andrew Rollo. Après la chute de l’établissement français de Port-LaJoye le 17 août 1758, les Britanniques construisent le fort Amherst. La population de l’île ayant été sous-estimée, trois vagues successives de déportation sont nécessaires, quoique la troisième ne parvienne pas à capturer qui que ce soit. Certains prisonniers transitent par Louisbourg. Les militaires et membres de l’administration sont envoyés en Angleterre et les civils en France. De nombreux habitants parviennent à s’échapper, notamment avec l’aide des Micmacs et du marin acadien Nicolas Gautier. Les gens restés sur l’île souffrent rapidement de famine. Plusieurs déportés restent prisonniers en Angleterre jusqu’en 1763.

Peu d’historiens ont étudié en profondeur les événements et plusieurs, dont Henri-Raymond Casgrain, ont contribué à répandre des mythes sur le sujet. De plus, les allégations de scalpation continuent de diviser les historiens. Le nombre de personnes touchées par la déportation n’est d’ailleurs pas connu avec précision. L’historien Earle Lockerby estime toutefois que, sur 4 700 habitants, 3 100 ont été déportés, de 1 400 à 1 500 fuient l’île et de 100 à 200 sont restés sur place. Parmi les déportés, environ 1 649 sont morts à bord des bateaux ou après la traversée, la plupart du temps de maladies ou de malnutrition mais aussi de naufrages. La Mary est particulièrement touchée par la maladie, tandis qu’au moins trois bateaux, le Duke William, le Ruby et le Violet, sombrent. Les déportés de l’île Saint-Jean sont, malgré tout, mieux traités que les autres déportés. La déportation de l’île Saint-Jean est commémorée le 13 décembre par le Jour du souvenir acadien.

Contexte

La conquête de l’Acadie française par les Britanniques est reconnue par le traité d’Utrecht, en 1713. La France conserve pourtant l’île Saint-Jean, ainsi que l’île Royale – l’actuelle île du Cap-Breton – sur laquelle se trouve la forteresse de Louisbourg, le siège du gouvernement colonial. L’île Saint-Jean est peuplée de Français dans les années 17203. La partie péninsulaire de l’Acadie devient la Nouvelle-Écosse tandis que la partie continentale – l’actuel Nouveau-Brunswick – est disputée entre la France et la Grande-Bretagne. Cette situation, ainsi que le refus des Acadiens de la Nouvelle-Écosse de prêter un serment d’allégeance, contribue à l’idée de déporter les Acadiens.

La déportation des habitants de l’île Saint-Jean et la destruction de leurs villages est projetée dès la première prise de Louisbourg, en 1745, sans que le projet n’aboutisse. L’établissement de Jean-Pierre Roma à Trois-Rivières est tout de même incendié le 20 juin 1745. La déportation des Acadiens vivant sur le continent commence, quant à elle, en 1755. De nombreux Acadiens se réfugient alors à l’île Saint-Jean, où ils deviennent majoritaires6. En 1757, craignant une déportation à l’île Saint-Jean, le gouverneur Pierre de Rigaud de Vaudreuil demande à la France de poster des frégates à Port-la-Joye, alors le centre administratif de l’île. L’établissement est situé près du hameau actuel de Rocky Point, au sud de Charlottetow.

Le 2 juillet 1758, les généraux britanniques James Wolfe et Jeffery Amherst assiègent la forteresse de Louisbourg, forts d’une flotte de plus de 120 navires et disposant de 12 000 hommes. Le gouverneur Augustin de Boschenry de Drucourt n’a que 2 900 hommes et dix navires à leur opposer et il capitule le 26 juillet. La garnison est emprisonnée en Grande-Bretagne8Edward Boscawen est d’abord chargé de la forteresse mais est remplacé par le contre-amiral Philip Durell9. La forteresse est par la suite rasée dans les années 1770

Les articles de la capitulation ne mentionnent pas la population civile de l’île Royale et de l’île Saint-Jean7. La déportation des civils est confiée au lieutenant-colonel Andrew Rollo le 8 août. Il ne quitte Louisbourg que le 10, aux commandes d’une flotte de quatre navires de transport, soit le Bristol (130 hommes), la Catherine (90 hommes), le Dunbar (140 hommes) et le King of Prussia (140 hommes), le tout mené par le Hind, un man’o’war dont le capitaine est Robert Bond7. Deux ou trois officiers du gouverneur Drucourt font partie des passagers, avec mission d’informer les habitants des articles de la capitulation7. Les navires emportent également des provisions pour trois mois et du matériel pour la construction du fort Amherst à Port-la-Joye. Après la construction de ce fort, le plan prévoit d’y regrouper tous les habitants de l’île avant leur transfert à Louisbourg, en compagnie des militaires.

Capture

Première vague

La flotte arrive en vue de Port-la-Joye le 17 août et intercepte un bateau battant pavillon blanc. À trois heures de l’après-midi, le Hind fait feu sur le fort français ; la capitulation est signée le jour même par le major Gabriel Rousseau de Villejouin, commandant de l’île. Les officiers et les fonctionnaires français sont vraisemblablement les premiers à être faits prisonniers. Le 18, le Hind emprunte la rivière du Nord-Est — actuelle rivière Hillsborough — et fait quelques prisonniers, en plus de capturer trois canons, probablement près du village actuel de Frenchfort, sur la rive nord de la rivière. Durant la semaine suivante, les marchandises sont déchargées des navires de transport. Le 24 août, les Britanniques observent deux goélettes françaises descendant la rivière du Nord-Est, suivie le 26 par une goélette chargée de prisonniers. En tout, 692 prisonniers sont répartis à bord de cinq bateaux et du Hind. La flotte quitte Port-la-Joye le 31 août.

Deuxième vague

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