Capitulation de Port-la-Joye et début de la déportation de l’île Saint-Jean le 17 aoùt 1758.
La déportation de l’île Saint-Jean – actuelle province de l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada – a lieu de 1758 à 1759 et constitue un épisode de la déportation des Acadiens (1755-1763), dans le contexte du Grand Dérangement.
La déportation de l’île Saint-Jean a lieu après le siège de Louisbourg. La déportation est ordonnée par l’amiral anglais Edward Boscawen et confiée au lieutenant-colonel Andrew Rollo. Après la chute de l’établissement français de Port-LaJoye le 17 août 1758, les Britanniques construisent le fort Amherst. La population de l’île ayant été sous-estimée, trois vagues successives de déportation sont nécessaires, quoique la troisième ne parvienne pas à capturer qui que ce soit. Certains prisonniers transitent par Louisbourg. Les militaires et membres de l’administration sont envoyés en Angleterre et les civils en France. De nombreux habitants parviennent à s’échapper, notamment avec l’aide des Micmacs et du marin acadien Nicolas Gautier. Les gens restés sur l’île souffrent rapidement de famine. Plusieurs déportés restent prisonniers en Angleterre jusqu’en 1763.
Peu d’historiens ont étudié en profondeur les événements et plusieurs, dont Henri-Raymond Casgrain, ont contribué à répandre des mythes sur le sujet. De plus, les allégations de scalpation continuent de diviser les historiens. Le nombre de personnes touchées par la déportation n’est d’ailleurs pas connu avec précision. L’historien Earle Lockerby estime toutefois que, sur 4 700 habitants, 3 100 ont été déportés, de 1 400 à 1 500 fuient l’île et de 100 à 200 sont restés sur place. Parmi les déportés, environ 1 649 sont morts à bord des bateaux ou après la traversée, la plupart du temps de maladies ou de malnutrition mais aussi de naufrages. La Mary est particulièrement touchée par la maladie, tandis qu’au moins trois bateaux, le Duke William, le Ruby et le Violet, sombrent. Les déportés de l’île Saint-Jean sont, malgré tout, mieux traités que les autres déportés. La déportation de l’île Saint-Jean est commémorée le 13 décembre par le Jour du souvenir acadien.
Contexte
La conquête de l’Acadie française par les Britanniques est reconnue par le traité d’Utrecht, en 1713. La France conserve pourtant l’île Saint-Jean, ainsi que l’île Royale – l’actuelle île du Cap-Breton – sur laquelle se trouve la forteresse de Louisbourg, le siège du gouvernement colonial. L’île Saint-Jean est peuplée de Français dans les années 17203. La partie péninsulaire de l’Acadie devient la Nouvelle-Écosse tandis que la partie continentale – l’actuel Nouveau-Brunswick – est disputée entre la France et la Grande-Bretagne. Cette situation, ainsi que le refus des Acadiens de la Nouvelle-Écosse de prêter un serment d’allégeance, contribue à l’idée de déporter les Acadiens.
La déportation des habitants de l’île Saint-Jean et la destruction de leurs villages est projetée dès la première prise de Louisbourg, en 1745, sans que le projet n’aboutisse. L’établissement de Jean-Pierre Roma à Trois-Rivières est tout de même incendié le 20 juin 1745. La déportation des Acadiens vivant sur le continent commence, quant à elle, en 1755. De nombreux Acadiens se réfugient alors à l’île Saint-Jean, où ils deviennent majoritaires6. En 1757, craignant une déportation à l’île Saint-Jean, le gouverneur Pierre de Rigaud de Vaudreuil demande à la France de poster des frégates à Port-la-Joye, alors le centre administratif de l’île. L’établissement est situé près du hameau actuel de Rocky Point, au sud de Charlottetow.
Le 2 juillet 1758, les généraux britanniques James Wolfe et Jeffery Amherst assiègent la forteresse de Louisbourg, forts d’une flotte de plus de 120 navires et disposant de 12 000 hommes. Le gouverneur Augustin de Boschenry de Drucourt n’a que 2 900 hommes et dix navires à leur opposer et il capitule le 26 juillet. La garnison est emprisonnée en Grande-Bretagne8. Edward Boscawen est d’abord chargé de la forteresse mais est remplacé par le contre-amiral Philip Durell9. La forteresse est par la suite rasée dans les années 1770
Les articles de la capitulation ne mentionnent pas la population civile de l’île Royale et de l’île Saint-Jean7. La déportation des civils est confiée au lieutenant-colonel Andrew Rollo le 8 août. Il ne quitte Louisbourg que le 10, aux commandes d’une flotte de quatre navires de transport, soit le Bristol (130 hommes), la Catherine (90 hommes), le Dunbar (140 hommes) et le King of Prussia (140 hommes), le tout mené par le Hind, un man’o’war dont le capitaine est Robert Bond7. Deux ou trois officiers du gouverneur Drucourt font partie des passagers, avec mission d’informer les habitants des articles de la capitulation7. Les navires emportent également des provisions pour trois mois et du matériel pour la construction du fort Amherst à Port-la-Joye. Après la construction de ce fort, le plan prévoit d’y regrouper tous les habitants de l’île avant leur transfert à Louisbourg, en compagnie des militaires.
Capture
Première vague
La flotte arrive en vue de Port-la-Joye le 17 août et intercepte un bateau battant pavillon blanc. À trois heures de l’après-midi, le Hind fait feu sur le fort français ; la capitulation est signée le jour même par le major Gabriel Rousseau de Villejouin, commandant de l’île. Les officiers et les fonctionnaires français sont vraisemblablement les premiers à être faits prisonniers. Le 18, le Hind emprunte la rivière du Nord-Est — actuelle rivière Hillsborough — et fait quelques prisonniers, en plus de capturer trois canons, probablement près du village actuel de Frenchfort, sur la rive nord de la rivière. Durant la semaine suivante, les marchandises sont déchargées des navires de transport. Le 24 août, les Britanniques observent deux goélettes françaises descendant la rivière du Nord-Est, suivie le 26 par une goélette chargée de prisonniers. En tout, 692 prisonniers sont répartis à bord de cinq bateaux et du Hind. La flotte quitte Port-la-Joye le 31 août.
Deuxième vague
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