L’affaire de Hautefaye et ses soupçons de cannibalisme survient le 16 août 1870
L’affaire de Hautefaye, dite également drame de Hautefaye, est un fait divers criminel survenu le 16 août 1870 lors d’une foire dans le village de Hautefaye en Dordogne (France), lors duquel Alain de Monéys, un jeune notable des environs, a été frappé puis supplicié et enfin brûlé vif par la foule.
Cette affaire se situe dans le contexte de la guerre de 1870 et des passions exacerbées qu’elle a provoquées dans la population de ce petit village. À la suite d’un simple malentendu, Alain de Monéys a en effet été pris pour un Prussien, ce qui a entraîné son lynchage. Le caractère barbare de l’événement a été encore amplifié par des rumeurs — à la suite de propos attribués au maire — sur des actes de cannibalisme qui auraient été commis par les villageois. Parmi les vingt-et-un accusés de cet assassinat, les quatre principaux responsables ont été condamnés à mort et un autre aux travaux forcés à perpétuité.
Plusieurs ouvrages ont été consacrés à cette affaire. Pour l’écrivain Georges Marbeck, elle symbolise le meurtre ritualisé du bouc émissaire, alors que pour l’historien Alain Corbin, les raisons tiennent davantage à la haine des paysans envers la noblesse.
Contexte
L’affaire se déroule en août 1870, un mois après la déclaration de guerre à la Prusse par la France, le 15 juillet 1870. Les premières informations de défaites sur le front de Lorraine, à Wissembourg, Forbach et Frœschwiller ont été annoncées les 5 et 6 août. Pour Alain Corbin, la décision du gouvernement de restreindre l’information à la suite de ces défaites a pour conséquence la propagation de rumeurs sur la présence d’espions prussiens dans les alentours, et sur une collusion entre les nobles et les prêtres pour conspirer contre l’Empire, et rétablir la monarchie. Ceci provoque l’inquiétude de l’opinion et même des mouvements de peur collective2.
Plusieurs incidents ont lieu. À quelques jours près, à Châtellerault, un employé des chemins de fer est molesté pour avoir été soupçonné d’être un espion à la solde de l’ennemi3. Ces inquiétudes et ces rumeurs font partie des bruits qui se propagent dans le village et sur le foirail, lors de la foire annuelle aux bestiaux de Hautefaye. Cette manifestation, occasion de réunion et de négoce pour les habitants du village et des communes voisines, est en outre affectée par les conséquences de la sécheresse qui frappe la région en 18704.
Le contexte politique général vient en effet s’ajouter, en Dordogne, à une situation économique désastreuse pour les agriculteurs. À l’été 1870, cela fait plusieurs mois que la région souffre d’un manque de pluie, ainsi que de températures élevées, qui nuisent au bétail et aux récoltes. Le 16 août, jour de la foire de Hautefaye où les ventes sont généralement bonnes, les affaires s’avèrent très mauvaises : conjugué avec les nouvelles de la guerre, cela contribue à entretenir un climat de tension. Il fait particulièrement chaud, et une partie des paysans et artisans présents à la foire consomme de l’alcool (piquette au genièvre, vin de noah, pineau ou absinthe) à mesure que la journée avance.
Sommaire
1 Contexte
2 L’affaire
2.1 Les protagonistes
2.2 Premier incident
2.3 Second incident
2.4 Le supplice
2.4.1 Tentative de pendaison
2.4.2 Tortures
2.5 La crémation
3 Après le lynchage
3.1 Les réactions et conséquences
3.2 Rumeur de cannibalisme
3.3 Enquête et arrestations
3.4 Procès et condamnations des coupables
3.5 Commémoration
4 Notes et références
5 Annexes
5.1 Bibliographie
5.1.1 Documents d’époque
5.1.2 Monographies historiques
5.1.3 Romans
5.2 Articles connexes
5.3 Liens externes
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