Guy Lamaze, David Donzenac et Jean Mariéma, membres du MoGuyDe sont incarcérés à Cayenne le 13 décembre 1974
En octobre 1974, le Mouvement guyanais de décolonisation (MoGuyDe) voit le jour. Son fondateur est Guy Lamaze, dirigeant de l’UTG. Très vite, il récolte auprès de la population les fruits des graines semées par ses prédécesseurs et, chose importante, s’ouvre sur toutes les composantes de la société guyanaise. Michel Thérèse, Kali’na de Awala-Yalimapo et Antoine Aouegui dit Lamoraille, Aluku originaire d’Apatou en sont ainsi des membres fondateurs. Antoine Lamoraille sera même incarcéré en 1980 à la prison de la Santé avec d’autres indépendantistes guyanais.
Le MoGuyDe rassemble rapidement des centaines de militants et sympathisants. Lors de son premier congrès, il accueille 600 personnes. Pour la première fois, le mot “ indépendance” est prononcé en public. Cela inquiète le gouvernement qui y voit un facteur de déstabilisation d’un territoire stratégique aux activités spatiales en plein essor, entouré de voisins penchant vers l’indépendance, le Guyana et le Suriname. « Le pouvoir était très inquiet, le MoGuyDe connaissait une progression fulgurante », raconte Guy Lamaze. Les militants parviennent à tisser un réseau sur tout le territoire guyanais et à maintenir des liens étroits avec les autonomistes antillais. Quelques mois après la création du parti, les renseignements généraux répandent des bruits de menaces d’enlèvements d’enfants de fonctionnaires de police et d’attentats. Les choses vont alors très vite, on évoque une possibilité d’attentat à la bombe dans la cathédrale Saint-Sauveur de Cayenne, le 24 décembre 1974. C’est « le complot de Noël ». Le préfet ordonne alors l’arrestation de plusieurs indépendantistes guyanais, dont des militants du MoGuyDe : Guy Lamaze, David Donzenac et Jean Mariéma auxquels se joignent Raymond Charlotte (FNLG et directeur de Caouca), Georges Wacapou (UTG), Félix Bade (directeur de La Jeune Garde), Michel Kapel (PSG) et André Lecante (PSG – gendre de Léopold Heder). À la veille de Noël, ils sont incarcérés à Cayenne puis transférés à Paris. L’Union des étudiants guyanais, avec Antoine Karam et Eugénie Rézaire, alerte la population et les médias hexagonaux. Seul le quotidien l’Humanité réagit le 25 décembre en titrant « 8 Guyanais incarcérés à la prison de la santé ». Des médias anglo-saxons se font le relais des informations, tel le Guardian. La grève générale déclenchée par l’UTG en Guyane, la pression des élus et des étudiants guyanais de Paris permettent leur libération en janvier 1975 et la mise en évidence de la vacuité du chef d’accusation.
Guy Lamaze, David Donzenac et Jean Mariéma sont incarcérés à Cayenne puis à Paris avec Raymond Charlotte (27 ans, FNLG et directeur de Caouca), Georges Wacapou (31 ans, troisième secrétaire de l’Union des Travailleurs Guyanais: UTG), Félix Bade (37 ans, directeur de La Jeune Garde), Michel Kapel (32 ans, PSG) et André Lecante (34 ans, PSG – par ailleurs gendre du sénateur et secrétaire général du PSG Léopold Heder).
Photo Raymond Charlotte
Libération des militants du MoGuyDe (Guy Lamaze, David Donzenac, Jean Mariéma, Raymond Charlotte, Georges Wacapou, Félix Bade, Michel Kapel et André Lecante en janvier 1975.
Source : Boukan