Entre souffrerrance et résilience
Un roman de Martin MAURIOL
Collection : Lettres des Caraïbes
ISBN : 978-2-343-02723-4 • mars 2014 • 484 pages • Prix éditeur : 34 euros
Le jour de la rentrée des classes, Arthur, instituteur et père du petit Rodrigue, le laisse à la porte de son école maternelle et disparaît sans crier gare. L’enfant vit le départ précipité de son père comme un abandon qui le plonge dans une très grande détresse. Il est confié à son arrière-grand-mère paternelle, Man Philomène, qui lui dit tout le mal qu’elle pense de ce père qui a fui pour des raisons troubles et troublantes.
Man Philomène, qui devient mère adoptive de Rodrigue, est une Antillaise d’un âge avancé, qui ne parle que le créole et exige pourtant de son arrière-petit-fils qu’il ne parle que le français, forgeant ainsi, sans le savoir, le destin de son « ti yich », en l’aidant à construire sa résilience et à avancer sur le chemin de l’excellence. Elle veut qu’il devienne un « monsieur-nègre », comme Aimé Césaire qu’elle admire.
Martiniquais, Martin MAURIOL a d’abord été instituteur à la Martinique, avant d’entreprendre des études de psychologie à l’université de Montpellier, puis à Paris. Il s’est ensuite orienté vers la formation des adultes et le consulting (médiation et coaching).
Extrait
« Comme Caïn, aujourd’hui, dans cet avion d’où il ne peut fuir, Arthur ressent le regard inquisiteur de sa conscience posé sur lui, et sa voix de Procureur qui semble vouloir lui demander des comptes… Cette voix, sous forme de question, résonne en lui :
« Arthur, qu’as-tu fait de ton fils Rodrigue ? » Et l’image de ce petit garçon accroché à la grille de l’école où il a été déposé la veille ressurgit avec une netteté et une précision stupéfiantes. Arthur a l’impression que cette image est collée à sa rétine. Il se frotte les yeux comme pour l’en extraire. Mais en vain. Elle s’accroche obstinément, comme pour lui rappeler sa faute et l’obliger à la regarder. Le visage torturé de l’enfant abandonné en toute hâte, les larmes roulant le long de ses yeux comme de grosses billes se dirigeant vers les trous qui les happent, ses cris déchirant l’air frais du petit matin de septembre, ses petites mains accrochées au portail de l’école, tout cela ressurgit, s’impose à sa mémoire, l’oblige à regarder ce qu’il ne veut pas voir et le poursuit dans sa fuite éperdue ». p.178