— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Jonone fait resonner les dernières retombées de sa rage hallucinée de vaincre ; né à Harlem New Work, tenace il a dû batailler ferme pour sortir de l’ombre. Ecartelé par des mouvements dans la peinture tels qu’Action painting, tag graffiti art et par des fictions potentielles, les icônes et les purs tours de force visuels il a trouvé son école buissonnière Exister, résister, transgresser et inventer l’esprit le style, puzzle zébré de ruptures spatiales et temporelles qui entrecroise la vie intime de l’artiste et l’existence collective de l’actualité. Et finalement éclate sa joie extravertie dont il situe le centre névralgique dans le regard au monde
L’artiste pousse la dite obsession bien au-delà, faisant de la continuité son grand sujet et tient cependant la cohérence par son propre questionnement. Plus qu’un journal intime pictural il cherche dans sa complaisance visuelle et ses ritournelles agitées détournées un état de saveur sinon la description minutieuse de sensations et réflexions contradictoires. Point de départ de cette odyssée : L’hôpital éphémère (hôpital Bretonneau désaffecté un temps de 1990 à 1995) s’en suivirent une kyrielle d’œuvres et d’expositions à travers le monde, Hong Kong, Paris,
Miami, Bruxelles, Tokyo. Comment faire la différence entre un phénomène de mode et une tendance de fond ; la mode, elle surgit d’un emballement impromptu elle dérégule l’instant, le temps qui passe, y va de sa musique hypnotique et un jour s’éclipse sans tambour ni trompette. Mais une tendance peut naitre d’un mot d’un langage, c’est un retour à la discrétion le contraire d’un exhibitionnisme turbulant
Du support urbain à la toile
Comment l’art de la rue, peut-il entrer dans une galerie ou comment passer de la rue, à l’intime. Une signature stylisée aux lettres arrondies scandée de divers éclats de lumière et superposé sur toute la surface d la toile ainsi se définit la « manière » de Jonone. Il se dit peintre graffiti expressionniste abstrait. Tour à tour jubilatoire, douloureux ou réflexif, Jonone reproduit à l’infini son procédé. L’emphase stylistique se pare immédiatement de signification plus profonde et renforce son pouvoir d’envoutement. Plus que le souvenir en lui-même, c’est la sensation qu’il provoque, sa représentation picturale qui captive. Scénographiquement on est à la fois dans la transgression du Sreet art et dans son installation au sein d’une histoire de l’art. Il faut le voir l’artiste s’exprimer avec une rapidité d’exécution qui confine au prodige. Il revendique au-delà du fond sociologique caractéristique du street art et du graffiti art, une aspiration plus générale qui touche le phénomène humain « l’homme écrit son nom pour s’opposer au temps, alors la signature devient autoportrait » Les couleurs explosent en jaillissements multicolores en crépitements nombreux, en énergies multiples semblables aux feux d’artifice. Ce grand jeune homme de 53 ans à « la beauté du diable » en plus du talent, peut-être victime d’un trop plein de séduction, comme si le temps n’avait de prise ni sur son corps ni sur son œuvre A voir absolument une exposition en or !
En pratique :
Une exposition personnelle
A la Fondation Clément – Le François
Jusqu’ au 1 er Janvier 2018
Entrée gratuite
Contact : 05 96 54 75 51.
Christian Antourel
& Ysa de Saint-Auret