L’église catholique, tout en condamnant l’esclavage en général, est restée silencieuse de 1444 (date des premières razzias des Portugais) jusqu’en 1839 quand il s’agissait de condamner formellement la mise en esclavage des Africains. Ce silence coupable fut une approbation implicite.
Le 13 janvier 1435, le pape Eugène IV condamne formellement l’esclavage dans l’encyclique Sicut Dudum. Il est explicitement fait référence à la situation des indigènes des Canaries dont la mise en esclavage par les Portugais est réprouvée sous peine d’excommunication. La question des Africains ne se pose pas encore.
Moins de 20 ans plus tard, le 8 janvier 1454, alors que les Portugais on mis dès 1444 des Africains en esclavage, le pape Nicolas V publie la bulle Romanus pontifex qui, sans approuver ouvertement l’esclavage des Africains, encourage « l’exploration » de l’Afrique et la « soumission » des « Sarrasins » et « autres infidèles ».
Le pape déclare être informé que « beaucoup de Guinéens et autres nègres , pris par la force, par le troc contre des articles non-prohibés , ou par un autre contrat légal d’achat , ont été envoyés [au Portugal] « .
Aucune réprobation n’est exprimée contre cette pratique, ce qui équivaut à une approbation implicite de l’esclavage. Par ailleurs le critère raciste de la couleur est explicitement évoqué.
L’autorisation de coloniser est – quant à elle – explicite.
La bulle Aeterni Regis de Sixte IV (21 juin 1481) livre l’Afrique au Portugal.
La bulle Inter Caetera d’Alexandre VI (4 mai 1493) donne à l’Espagne l’autorisation de coloniser le « Nouveau Monde ».
Ce sont ces trois textes sur lesquels les catholiques vont se fonder pour s’installer en Afrique et déporter les Africains en Amérique sur le critère de la couleur.
Le bref apostolique du 29 mai 1537 Pastorale officium condamne l’esclavage des indigènes d’Amérique (qui sont déjà presque exterminés) mais ne dit pas un mot de l’esclavage des Africains.
Les ecclésiastiques – tels le Père Labat – n’auront aucun problème de conscience pour devenir des propriétaires d’esclaves.
Il faut attendre 1839 et la constitution In supremo apostolatus pour qu’un pape, Grégoire XVI, qui venait de béatifier l’Afro-Péruvien Saint Martin de Porres, condamne enfin explicitement l’esclavage des Africains, rendant l’abolition inévitable là où elle n’était pas déjà intervenue (en Angleterre, tel avait été le cas dès 1833).
Le 12 mars 2000, le pape Jean-Paul II a demandé pardon au nom de l’Église pour avoir encouragé et soutenu l’esclavage des Africains.
Source : Une autre Histoire