— Par Arnaud Focraud —
– Le camp d’Emmanuel Macron et le bloc de la gauche, unie derrière Jean-Luc Mélenchon, sont donnés à égalité dans les sondages d’intentions de vote au niveau national, à trois jours du premier tour des élections législatives. Les projections, elles, placent En Marche et ses alliés en tête, sans certitude désormais d’obtenir la majorité absolue des sièges à l’Assemblée.
Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon se disputent la première place dimanche aux législatives. (AFP)
Qui sera en tête des élections législatives dimanche au soir du premier tour ? D’habitude, le vainqueur, quand il suit l’élection présidentielle, ne laisse guère planer de suspense : il s’agit du camp du chef de l’État. Cette fois encore, une majorité semble promise pour Emmanuel Macron , sans que l’on ne sache vraiment – et c’est la question centrale de ces élections – quelle sera précisément son ampleur. Mais cette fois, le doute porte aussi sur celui qui sortira en pole position dans trois jours, avant d’affronter le second tour une semaine plus tard. Les macronistes sont concurrencés dans les intentions de vote au niveau national par la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), incarnée par Jean-Luc Mélenchon .
Selon notre moyenne des sondages publiés au cours de cette courte campagne, établie en continu à partir des trois dernières enquêtes réalisées, le bloc Ensemble – qui réunit La République en marche et ses alliés comme le MoDem de François Bayrou et Horizons d’Édouard Philippe – est crédité jeudi de 26 % des intentions de vote, à égalité avec l’union de la gauche. Les deux courbes sont stables depuis plusieurs semaines et se départagent difficilement, comme le montre l’infographie ci-dessous. La Nupes, en particulier, a réussi à maintenir son niveau malgré l’apparition des candidatures divers gauche qui ne se reconnaissent pas dans l’accord passé entre les Insoumis, EELV, le PS et le PCF. Cet autre bloc recueillerait aujourd’hui autour de 3 % des intentions de vote.
A Flourish chart
Si les rapports de force mesurés aujourd’hui se confirmaient dimanche dans les urnes, le bloc centriste serait en net recul par rapport à son score national obtenu il y a cinq ans (32,32 % des voix au premier tour) mais sans s’éroder beaucoup par rapport au score d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, le 10 avril (27,85 %).
Pour l’union de la gauche, c’est l’inverse : les 26 % des intentions de vote actuelles se rapprochent des scores observés lors des législatives de 2017, quand le total des quatre composantes principales avaient atteint les 25,49 % des voix exprimées. En revanche, elle reste en léger retrait par rapport aux 30,6 % des voix obtenus par les quatre candidats de la dernière présidentielle (Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Fabien Roussel et Anne Hidalgo). Le niveau de participation de ces législatives s’annonce toutefois très différent de celui constaté il y a deux mois, ce qui est de nature à modifier les équilibres politiques entre les deux scrutins.
Troisième force, le RN a perdu trois points en un mois
De son côté, le Rassemblement national, conduit directement par la finaliste de la présidentielle, Marine Le Pen , s’avance cette fois comme la troisième force de ces législatives. Le parti a fait une campagne discrète pour cette élection dont le mode de scrutin ne lui convient guère. Le RN est même en baisse dans les sondages, puisqu’il a perdu trois points en un mois. Il serait néanmoins en nette progression s’il confirmait dimanche ses 20 %, comparé aux 13,2 % des suffrages récoltés en 2017.
Derrière, l’union de la droite derrière Les Républicains va tenter de limiter les dégâts après le score catastrophique de Valérie Pécresse lors de la présidentielle (4,78 %). Ce bloc perdrait en l’état cinq points par rapport aux précédentes législatives (15,77 %). Le mouvement Reconquête d’Éric Zemmour, pour sa part, a du mal à rebondir après les 7,07 % des voix obtenues par le polémiste en avril.
Les scores des autres forces s’annoncent plus anecdotiques, que ce soit l’extrême gauche (LO, NPA…) ou les souverainistes réunis derrière Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot. Enfin, le total de tous les autres « divers », bloc composite non-représenté dans notre infographie et qui rassemble à la fois des régionalistes, des centristes hors de la majorité ou d’autres candidats de droite, atteindrait les 5 % des intentions de vote.
Des projections en sièges assez différentes d’un institut à l’autre
Rappelons que ces intentions de vote livrées au niveau national sont un bon moyen de s’y retrouver dans les rapports de force entre grands blocs politiques, mais ils ne présument pas du nombre de sièges final dans le futur hémicycle, le scrutin se déclinant en effet en 577 élections différentes. Les instituts proposent en revanche des projections de la future Assemblée, selon une méthodologie qui leur est propre. Les dernières projections de chacun laissent beaucoup d’incertitudes, entre les instituts comme OpinionWay créditant le camp présidentiel de la majorité absolue de 289 sièges, avec 290 à 330 députés élus, et d’autres comme l’Ifop moins optimistes, car tablant plutôt sur une fourchette de 250 à 290 élus. En 2017, les groupes LREM et MoDem réunissaient 361 députés.
Dernière projection des instituts OpinionWay, Ipsos, Elabe, Harris Interactive avant les législatives de 2022.
La Nupes, elle, deviendrait la première force d’opposition. Elle obtiendrait selon les sondages actuels entre 120 et 184 sièges, dans le pire scénario (Harris), et entre 195 et 230 selon le plus favorable (Ifop). Quant aux projections concernant LR et ses alliés d’un côté, le RN de l’autre, elles se chevauchent. La droite conserverait au pire entre 35 et 55 sièges (Ipsos), au mieux entre 50 et 70 (OpinionWay), contre une centaine aujourd’hui. Le parti de Marine Le Pen, qui comptait huit élus en 2017, progresserait un peu, avec 13 à 33 élus pour la fourchette basse (OpinionWay) et 35 à 65 (Elabe) pour la fourchette haute.
Les députés de gauche hors-Nupes pourraient être jusqu’à 18, selon Ipsos. Reconquête, lui, ne pourrait compter que trois députés au grand maximum. Enfin, les députés divers n’appartenant à aucun de ces blocs gagneraient jusqu’à une dizaine de sièges.
Source : Le JDD.fr