— Collectif —
Plus de 220 personnalités politiques et de la société civile, parmi lesquelles Raphaël Glucksmann, Agnès Pannier-Runacher et Marine Tondelier, demandent, dans une tribune au « Monde », qu’un accord de désistement soit passé avant le 30 juin pour faire barrage au RN, le 7 juillet.
, justice, éducation… Nous avons défendu, nous défendons et nous défendrons demain des politiques opposées dans de nombreux domaines. Certains et certaines d’entre nous ont soutenu Emmanuel Macron depuis 2017, tandis que d’autres l’ont combattu depuis le premier jour. Face à l’échéance du 7 juillet, il nous paraît néanmoins indispensable de contribuer ensemble à éviter la catastrophe démocratique, économique, sociale et écologique que constituerait l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite.
Le ravalement de façade opéré ces dernières années par le Rassemblement national (RN) ne doit tromper personne en effet : l’extrême droite reste ce qu’elle a toujours été, une ennemie décidée de la démocratie et un propagateur de haine. Sa victoire impliquerait la fragilisation du soutien à l’Ukraine, l’arrêt de la transition écologique, l’étouffement des libertés publiques, l’institutionnalisation du racisme et de la xénophobie, la paralysie de la construction européenne, la remise en cause des droits des femmes et le déclenchement d’une crise économique et financière majeure…
Surmonter les rancœurs
On entend souvent dire que, confrontée à l’exercice du pouvoir, l’extrême droite ferait la preuve de son incapacité à gérer le pays et qu’ainsi elle s’affaiblirait d’elle-même. Elle rencontrerait à coup sûr de grandes difficultés au vu de son programme démagogique, mais nous mettons en garde contre cette dangereuse illusion. Comme de nombreux exemples l’ont montré, dans le passé mais aussi aujourd’hui en Hongrie avec Viktor Orban ou encore en Russie avec Vladimir Poutine, l’extrême droite excelle à changer les règles du jeu, à éliminer les contre-pouvoirs et à anesthésier le débat public. On sait quand elle arrive au pouvoir, mais on ne sait jamais quand et comment elle le quittera.
Malgré les profondes divergences qui existent entre les forces démocratiques, il nous paraît donc indispensable qu’elles s’entendent pour empêcher que le Rassemblement national n’obtienne une majorité à l’Assemblée nationale le 7 juillet. Cela implique d’éviter les triangulaires au second tour en retirant le candidat ou la candidate moins bien placés et de soutenir partout activement le candidat ou la candidate des forces démocratiques restant face au Rassemblement national. Pour accélérer la mobilisation citoyenne face au RN, ce choix devrait être affiché clairement dès maintenant, sans attendre le 30 juin, par les responsables de toutes les forces démocratiques, qu’elles appartiennent au Nouveau Front populaire, à la majorité sortante ou à la droite républicaine.
Nous mesurons combien ce choix est difficile compte tenu de l’importance des divergences qui ont opposé les uns et les autres au cours des dernières années et des fortes tensions ayant existé au sein de la société française. Mais, dans les circonstances présentes, il est indispensable de surmonter ces rancœurs et de faire preuve de responsabilité pour préserver la démocratie et la République.
Premiers signataires : Isabelle Autissier, navigatrice ; Jean-Marc Ayrault, ancien premier ministre (PS) ; Clément Beaune, ancien ministre (Renaissance) ; Laurent Berger, ex-secrétaire général de la CFDT ; Bruno Bernard, président (Ecologistes) de Lyon Métropole, Cyrielle Chatelain, députée, présidente du groupe écologiste ; Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen (Verts) ; Michael Delafosse, maire (PS) de Montpellier ; Carole Delga, présidente (PS) de la région Occitanie ; Cécile Duflot, ancienne ministre (Verts) ; Olivier Faure, premier secrétaire du PS ; Raphaël Glucksmann, député européen (Place publique) ; Bernard Guetta, député européen (Renew) ; Pierre Hurmic, maire (Ecologistes) de Bordeaux ; Anne Hidalgo, maire (PS) de Paris ; Yannick Jadot, sénateur (Ecologistes) de Paris ; Mathieu Klein, maire (PS) de Nancy ; Philippe Martinez, ancien secrétaire général de la CGT ; Nicolas Meyer-Rossignol, maire (PS) de Rouen ; Pierre Ouzoulias, vice-président (PC) du Sénat ; Agnès Pannier-Runacher, ministre (Renaissance) ; Benoît Payan, maire (PS) de Marseille ; Barbara Pompili, ancienne ministre, présidente d’En commun ! ; Chloé Ridel, députée européenne (PS) ; Aurélien Rousseau, ancien ministre (Place publique) ; Dominique Sopo, président de SOS Racisme ; Benjamin Stora, historien ; Irène Théry, sociologue ; Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes ; Stéphane Travert, ancien ministre (Renaissance) ; Boris Vallaud, député, président du groupe socialiste ; Dominique Voynet, ancienne ministre (Ecologistes).
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