L’auteur de «Vendredi ou les Limbes du Pacifique», Michel Tournier, 91 ans, est mort lundi à son domicile de Choisel, dans la vallée de Chevreuse (Yvelines). «Il est décédé à 19 heures ce (lundi) soir», entouré de ses proches, a précisé son filleul, Laurent Feliculis, que l’écrivain considérait comme son fils adoptif.
Son décès a également été confirmé par le premier adjoint au maire de Choisel, Frédéric Julhes. L’écrivain habitait depuis plus d’un demi-siècle dans l’ancien presbytère du village.
Membre honoraire de l’Académie Goncourt, Michel Tournier avait été élu juré en 1972, deux ans après avoir remporté le Goncourt pour «Le Roi des Aulnes». Et obtenir le Goncourt, «ça change la vie. C’est la sécurité ! J’ai acheté un appartement à Arles. Et c’est la liberté car vous régnez chez votre éditeur», avait-il confié lors de la parution d’un livre d’entretiens avec Michel Martin-Roland en 2011 «Je m’avance masqué».
Mais c’est un autre livre, «Vendredi ou la Vie sauvage», la version jeunesse de «Vendredi ou les Limbes du Pacifique» publié en 1967, qui s’est vendu par millions à travers le monde. «Tous les gosses l’ont lu !» s’exclamait alors l’écrivain.
Marqué par la culture allemande
Michel Tournier est né à Paris le 19 décembre 1924 dans une famille marquée par le catholicisme, la musique et la culture allemande (ses parents étant professeurs agrégés d’allemand). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il a étudié la philosophie à l’université de Tübingen (Allemagne). Ce pays «est une partie de moi-même. J’en suis un ami. Un ami très critique», confiait-il, estimant que la réunification de 1989 avait été trop brutale.
Dans le «Roi des Aulnes», il raconte l’histoire (reprise d’un poème de Goethe) d’un ogre en Prusse orientale qui consomme de la chair humaine, séduit la jeunesse et la jette dans la guerre. Comme par exemple Hitler. Le roman, porté à l’écran par Volker Schloendorff en 1996 (bande-annonce ci-dessous) est le seul à avoir été choisi à l’unanimité des jurés pour le Goncourt.
Les livres pour enfants le passionnent. Michel Tournier. Outre l’adaptation de «Vendredi», il écrit au total une quinzaine de livres pour la jeunesse, comme «Amandine ou les deux jardins». Enfin, on lui doit une dizaine d’ouvrages consacrés à la photo. «J’ai fait des dizaines d’émissions à la télévision sur la photographie, j’ai été un des créateurs des Rencontres internationales d’Arles, eh bien, je suis maintenant persuadé de la dangerosité et de la nocivité de l’image», estimait-il toutefois.
Une pluie d’hommages
Bernard Pivot lui a aussitôt rendu hommage sur Twitter : «Michel Tournier rejoint ce soir les grands noms de l’histoire et des mythes dont il a été le génial romancier». Et de poursuivre : «Dès demain, je ne pourrai plus répondre Michel Tournier à la question: quel est le plus grand romancier français vivant ?»
Le Parisien.fr avec l’AFP