Dans une tribune au « Monde », deux membres du Haut Conseil à l’égalité rappellent que la primauté accordée au masculin au XVIIIe siècle n’est pas une loi d’airain et que le langage joue un rôle
Tribune. Il y a deux ans, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes rendait public son « Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe », dit « Guide EgaCom », proposant dix recommandations pour une communication égalitaire, que ce soit dans les écrits, les images ou les événements publics. Ce guide fait notamment la promotion de l’écriture dite inclusive. Nous constatons avec satisfaction le chemin parcouru depuis 2015 dans la prise de conscience sur ce sujet, aussi bien de la part des pouvoirs publics et des médias que de l’opinion publique. Le contexte actuel de débats sur le sujet nous semble opportun pour montrer en quoi l’écriture inclusive est un outil de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes.
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Parce que la langue a toujours évolué et continuera de le faire. « Le masculin l’emporte sur le féminin » n’est pas une règle intemporelle, elle est au contraire relativement récente puisqu’elle n’est entrée en vigueur qu’au XVIIIe siècle, pour des raisons qui n’ont rien de linguistique : il fallait asseoir la supériorité masculine dans la langue, comme l’indiquait Claude Favre de Vaugelas (1585-1650), membre de l’Académie française à l’époque.
C’est ainsi que disparut la règle de proximité en matière d’accord, qu’utilisait par exemple Jean Racine en 1691 : « ces trois jours et ces trois nuits entières ». C’est ainsi que disparut, aussi, l’utilisation au féminin de nombreux métiers et de nombreuses fonctions : autrice, doctoresse, administresse, etc. Donc oui, les langues évoluent en partie en fonction des usages spontanés, au fil de l’Histoire ou au gré de décisions politiques qui résultent de rapports de force…
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