— Par Roland Tell —
L’interprétation de la situation des vacances scolaires reste variable pour les élèves et pour les enseignants. Restent, d’un côté, la crise du savoir scolaire des transmetteurs que sont les professeurs, de l’autre, celle du savoir-être des élèves, de leur entrée dans la vie morale, sociale, civique. Particulièrement lourde en est la pression sur les uns et sur les autres, après un troisième trimestre d’évaluations et d’examens de toutes natures, du Cours Préparatoire aux classes de baccalauréat. D’une étape à l’autre, le recommandation pédagogique n’est-elle pas de mettre à jour les connaissances et les méthodes, aussi bien pour apprendre à lire en zone prioritaire, que pour enseigner les connaissances nouvelles dans les lettres, les sciences, les techniques, en classes de collèges et de lycées ?
A tous les niveaux, l’explosion des savoirs éveille en chaque enseignant une résonance plus profonde que les formations du passé. Ne s’agit-il pas de recourir à la science des synthèses, à un travail personnel inventif, à une certaine perfection des vertus pédagogiques. Nombreux sont ceux qui y réussissent, à force d’intelligence et de maîtrise de soi, pour d’heureuses journées passées en classe, selon une bonne hygiène de culture, conséquente à des recherches personnelles sur des sites internet et dans des revues scientifiques. Il est certain que, en zone prioritaire, comme en classe de baccalauréat, une espèce de prodige se produit, par l’élévation constante du désir de savoir, par une meilleure santé pédagogique, éclatante et glorieuse, au vu des résultats de fin d’année.
De tels professeurs ont compris qu’ils ne peuvent pas tout savoir, qu’ils deviennent de plus en plus des « passeurs » honnêtes et raisonnables, travaillant à partir des synthèses pédagogiques, se déployant à l’envi sur la toile Internet. Car ils ont appris à en maîtriser l’accès, l’utilisation ! Une telle technique de connaissance, d’une part de repérage de l’information utile, pertinente, d’autre part de reconnaissance de la place de celle-ci dans le projet d’enseignement. N’est-ce pas que le savoir est un système en évolution ? Aussi convient-il de rappeler ici que le propre de l’institution scolaire est de donner d’elle-même une image rationnelle et rationnaliste ! La tâche fondamentale est donc de transmettre aux enseignés un savoir réputé actuel, objectif, susceptible d’exister comme acte, en actuation pédagogique, pleinement réalisée. C’est là un complexe méthodologique, où il y a à la fois mouvement et continuité, continuité mouvante en classe, où toujours l’intelligence d’apprendre est sur le qui-vive, tout au long de l’enseignement. Ici, toute la patience et tout le soin de l’enseignant, toutes ses vertus sont impliquées, et la pédagogie oeuvre et oeuvre encore, emploie tout ce qu’elle a préparé et qu’elle sait, pour rester fidèle à l’inspiration reçue des recherches entreprises.
Cet effort de suprême investigation devra être repris continûment, de manière cohérente et rigoureuse, sur tout le continuum des programmes scolaires. Certes, le primaire et le secondaire doivent donc présenter un profil de culture commune sur le monde d’aujourd’hui, dans sa vie, son univers, ses connaissances, à partir des espaces du nouveau paysage culturel. C’est assez dire combien l’actualisation des connaissances est devenue nécessaire ! Elle consiste dans l’ajustement permanent de ce qui est enseigné aux contenus réels et aux circuits réels de la culture et du savoir, tels qu’ils existent dans la société globale. Elle consiste dans le maintien du contact entre les contenus et ce qui est réellement le savoir à un moment donné, et les circuits de diffusion empruntés par ce savoir. Cet ajustement ne peut s’effectuer initialement qu’au niveau des langages à travers lesquels l’expérience des individus se forme et se communique. C’est cela même le principal contenu : l’ensemble des langages utilisés pour la communication, la perception, et l’information. C’est par rapport à ces langages que se situe l’évolution du système scolaire. D’où la nécessité de mettre en place un tronc commun, qui commence à l’école élémentaire, et qui s’épanouit à la fin du premier cycle du second degré, dans un premier temps, pour se prolonger jusqu’au baccalauréat dans l’avenir. Ce tronc commun doit consister dans l’étude des langages fondamentaux. D’où maintenant la difficulté du métier d’enseignant, exigeant de nouvelles attitudes pédagogiques ! Dans l’insécurité, où il se trouve de plus en plus, le professeur doit donc se donner des modèles au sens physique, c’est-à-dire des modèles qui permettent de construire, et de déduire, selon une une pédagogie d’accueil des différences et d’offre diversifiée de modes de communication et d’enseignement. N’y-a-t-il pas mutation culturelle, multiplication d’espaces de savoir, ouverture au pluralisme ? C’est pourquoi il importe de bien enseigner dans le tissu culturel moderne, selon une pédagogie d’alliance avec les instruments technologiques du savoir contemporain. Oui, l’institution doit faire alliance avec le savoir et les techniques de son temps ! Il est probablement vrai que la pédagogie est devenue une longue patience, dépendant d’une source plus profonde, susceptible de donner accès aux méthodes d’apprendre à apprendre.
ROLAND TELL