— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Abstraction faite de la manipulation autour de la grève actuellement chez EDF et qui dépasse l’entendement, cette question primordiale de la maîtrise de l’énergie concerne simplement l’avenir de l’humanité.
Pourquoi ?
La démographie est sans doute le plus important des sujets et pourtant on n’en parle jamais, ou exceptionnellement pour dire que la démographie ne se porte pas bien en Guadeloupe et que nous sommes victimes de l’exil des jeunes et d’un génocide . Comme si la démographie était une chance et une richesse ?
Alléluia…. L’exécutif va s’occuper de régler le déficit des finances publiques, de la pérennité de nos retraites . Pour de vrai, car pour l’heure le chef de l’Etat Emmanuel Macron s’est contenté d’une réforme des retraites qui devrait permettre d’économiser 18 milliards d’euros d’ici à 2030. Une bagatelle face aux 3.000 milliards d’euros de dette : 113% du PIB de la France. Nos dirigeants se dépêchent de rassurer: non, on ne sabrera pas dans les dépenses sociales, ni dans la santé avec la remise en cause de la sécurité sociale, l’Etat n’augmentera pas les impôts,continuera à protéger les plus faibles, les entreprises en difficulté, les ménages surendettés, les artisans en grande difficulté financière , les boulangeries en faillite avec la crise énergétique … Passer au peigne fin les dépenses publiques, cela fait vingt ans que les gouvernements s’y essayent. Une véritable arlésienne.
Et pourtant, il y a encore actuellement des personnes en Guadeloupe qui pensent que tout ira bien dans le meilleur des mondes et qui raisonnent ainsi, mais c’est plutôt un raisonnement par l’ absurde . Autrefois les océans regorgeaient de poissons, les forêts et les plaines de gibier. Mais dès 1800, on avait déjà éliminé les lamentins péchés par les vikings dans nos côtes et embouchure de rivières, l’esturgeon de la mer des caraïbes, et aussi l’exemple des pêcheries des Caraïbes des moules perlières et crustacés de nos mangroves , l’aigle et les perroquets de nos montagnes, les tortues de nos mares. Si autrefois les espèces mettaient des siècles pour disparaître, aujourd’hui, tout va plus vite et on assiste à une hécatombe de notre biodiversité. Aujourd’hui c’est de l’eau morte qui coule dans nos rivières. Encore quand elles ne sont pas asséchées par des pompages abusifs et empoisonnées par les pesticides . Aujourd’hui, nos champs sont pour la plupart en jachères et bétonnés comme des stades de football sans aucune vie. Où sont nos papillons, nos libellules, nos sauterelles, nos hannetons, nos coccinelles, nos pigeons ramiers, nos racoons , nos pauvres abeilles ? Tout ça à cause des saloperies chimiques et insectes nuisibles que l’on met partout dans les champs , les eaux , et les jardins. Toutes ces disparitions sont dues certes à la pollution ou l’exploitation, mais la cause première est humaine…. Alors arrêtez la comédie faussement feinte sur la « chute démographique et le dépeuplement de la Guadeloupe !
Cette antienne selon laquelle il faut retrouver la natalité, et faire revenir nos jeunes au pays , mais c’est méconnaître que la croissance démographique ne doit pas être supérieure à nos possibilités d’accroissement de nos moyens de subsistance….. Et d’ailleurs, certains pays notamment africains vont bientôt se retrouvés à l’os pour n’avoir pas encore compris l’importance fondamentale de la théorie ( le malthusianisme ) que l’économiste britannique Thomas Maltus enseignait en son temps dès le 18ème siècle, qui est pourtant simple à comprendre : « la population progresse plus vite que les subsistances » ce qui engendre un « déséquilibre croissant ». Il part d’un constat pour lui évident qui est que les surfaces cultivables s’additionnent alors que les bouches à nourrir se multiplient , donc il faut une politique active de contrôle de la natalité et aussi de l’agriculture raisonnée pour maîtriser la croissance de la population totale et nourrir les populations .
A chaque fois, l’on renonce à l’ambition d’examiner réellement l’efficacité de cette thèse.
Contrairement à d’autres pays,comme la Chine qui ont dû, eux aussi, s’attaquer à la dérive du surpeuplement, l’Afrique subsaharienne , Haïti et d’autres sont restées sourdes aux avertissements et risquent fort demain ,avec les dégâts attendus du changement climatique d’être en proie à la famine extrême . Que ce soit à la hache ou au peigne fin, vouloir réduire la population sans repenser l’organisation de la société et le rôle régulateur joué par l’Etat est une entreprise vaine….
Jean Marie Nol économiste