— Par Abel Mestre —
Analyse. La question vénézuélienne est aujourd’hui, en France, une fracture de plus entre deux gauches de moins en moins réconciliables.
Un spectre hante la gauche française : le spectre du Venezuela. Les manifestations contre le pouvoir en place du président Nicolas Maduro, héritier de Hugo Chavez, mort en 2013, et la réponse répressive de l’Etat – plus d’une centaine de morts dont au moins 73 sont imputables aux forces de sécurité ou aux groupes paramilitaires, selon l’ONU, et 15 000 blessés – ont mis en lumière de profonds clivages. Mais au-delà des analyses géopolitiques, le cas vénézuélien replace au centre du débat à gauche le rapport à l’autorité, question essentielle et structurante de cette famille.
Les communistes et La France insoumise entendent défendre l’héritage de la révolution bolivarienne
Il y a d’un côté les sociaux-démocrates, les écologistes, certains trotskistes et libertaires (Parti socialiste, EELV, NPA, Ensemble, Alternative libertaire). Tous se retrouvent dans la dénonciation d’un Etat « autoritaire » usant d’une violence disproportionnée.
De l’autre, les communistes et La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui, eux, entendent défendre l’héritage de la révolution bolivarienne, et dénoncent la déstabilisation du régime par les Etats-Unis et les forces capitalistes.
« Le rapport de la gauche au Venezuela est très complexe, note Christophe Ventura, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste de l’Amérique latine et proche de LFI. Historiquement, la révolution bolivarienne a créé une fracture entre les sociaux-démocrates et la gauche de transformation. L’avènement du chavisme se fait sur la ruine de la social-démocratie et du système bipartisan au pouvoir. » « Certains courants d’inspiration trotskiste et libertaire, ajoute-t-il, ont toujours eu une prévention concernant la question de l’autorité, du caudillisme, du plébiscite. Ce sont des formes très ancrées en Amérique latine. »
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