— Par RFI —
Avec un taux de 81,4 homicides pour 100 000 habitants, le Venezuela a dépassé le Honduras et le Salvador, qui ont connu une baisse sensible, selon les annonces jeudi de l’Observatoire vénézuélien de la violence. Les chiffres sont toutefois ici aussi en légère baisse, et c’est paradoxalement une conséquence de la crise qui frappe le pays.
Avec Benjamin Delille correspondant à Caracas de Rfi
Selon le directeur de l’Observatoire vénézuélien de la violence (OVV), Roberto Briceño-León, cette baisse du taux d’homicide s’explique avant tout par une censure du gouvernement chaviste. « Il nous semble qu’il y a une décision politique de ne pas recenser les délits. Non seulement cela permet d’éviter que ces données dérangeantes sortent du pays, mais cela permet aussi qu’elles ne soient pas connues ici. »
Le sociologue estime tout de même que deux facteurs peuvent avoir fait baisser le taux d’homicide. D’abord, la politique d’élimination pure et simple des délinquants par la police. Selon lui, un tiers des 23 000 homicides commis cette année l’ont été par des forces de l’ordre. Mais aussi l’émigration des délinquants qui n’ont plus rien à voler à cause de la crise économique.
Une crise qui justement modifie la violence au Venezuela, « en particulier avec l’apparition des délits de famine », explique Roberto Briceño-León. « Comme les gens n’ont rien à manger, ils se retrouvent obligés de voler de la nourriture. » Ce ne serait donc plus le crime organisé qui fait du Venezuela le pays le plus dangereux du monde, mais bien le désespoir d’une population devenue trop pauvre.
Le FMI estime à 10 000 000 % l’inflation au Venezuela en 2019 et le PIB du pays a chuté de 18 % cette année.
L’an dernier, le nombre de personnes tuées par des policiers était autour de 5500. Cette année, il y en a 2000 de plus. Cela veut dire qu’au Venezuela, nous avons des membres des forces de l’ordre qui tuent chaque jour en moyenne 20 personnes. Ils tentent de justifier ce que nous estimons être des exécutions extrajudiciaires par l’argument de la résistance aux autorités. Mais ce que nous décrivent les familles et les groupes de défense des droits de l’homme est l’inverse : la police cherche directement les délinquants pour les éliminer et en finir. C’est une situation qui ne contribue ni à la pacification du pays, ni à la diminution de la violence, et ça ne sert pas non plus l’image des forces de police.
Pour Roberto Briceño-León, directeur de l’OVV, la quantité de meurtres par des policiers démontre clairement une dérive autoritaire 29/12/2018 – par Benjamin Delille