Billet à Mme Joachim Arnaud de la CGTM et à M. José Alpha du Théatlari
— Par Gontran Dumaison —
D’abord il faut que je vous dise, Mme Joachim Arnaud et M. José Alpha, que je suis ému et satisfait de l’initiative que vous avez prise de raconter l’histoire du syndicalisme en Martinique à l’occasion du 1er mai 2014. Parce que pour la première fois, les syndicats montrent combien il est important d’associer l’histoire des luttes ouvrières à l’action culturelle. L’enceinte de la Maison des syndicats a été excellent parce que notre « Maison du peuple » est bien le lieu symbolique des rassemblements des combattants autour du théâtre… des opérations. Çà, je l’ai bien apprécié comme beaucoup d’autres personnes présentes.
Votre choix a été bon de créer pendant trois jours la réflexion avec la jeunesse martiniquaise, les seniors que je suis et tous les Martiniquais, sur les luttes, les victimes et les victoires qui ont jalonné ce siècle de revendications sociales et politiques. Pour la première fois, Il fallait raconter ces affrontements permanents entre les ouvriers, les travailleurs, les chômeurs, avec « les possédants ». On laisse trop souvent croire que les avantages, les transferts sociaux ont été tout simplement concédés par la grande générosité des gouvernants et des patrons. Non ; c’est bien au prix de nombreux sacrifices, de trop nombreux morts et de grandes violences qui ont décimé des familles et des destins, qu’ils ont été arrachés et obtenus par des Martiniquais.
Le Théâtre de l’Histoire de M. Alpha m’a ému et j’ai eu des larmes. C’est la troisième fois que je le vois, le l’ai vu au Diamant il y a quelques années avec l’histoire de Médard Aribot et puis à Ducos avec l’assassinat de Zizine et des Etages. Cette fois encore, c’était comme si je revivais l’histoire du Carbet où André Jacques a été assassiné ; une mort tragique relevée par cette jeune folle qui criait sa douleur au pied du vicaire ; l’assassinat du Lamentin en mars 1961 que les jeunes lycennes ont rappelé par le fameux discours de Georges Gratiant « sur Trois tombes » ; les témoignages bouleversants de cette femme (Mme Suzy Singa) victime de son patron coquin, qui se retrouve aux assises parce qu’elle s’est défendue en le frappant, celui du jeune homme naïf (M. José Dalmat) exploité par une patronne sans scrupule, et cette jeune enfant qui demande à sa mère pourquoi les hommes « crient aussi fort dans la rue.» « C’est pour se faire entendre, répond-elle, parce que si on ne crie pas personne ne nous entend » … La fresque historique m’a bouleversé du début à la fin, avec la scène de l’épandage aérien, l’emprisonnement et la mort des grévistes, celle « des gros patrons » gonflables, le préfet gouverneur avec les grandes dates d’ici et de métropole pour montrer les contextes sociaux du siècle. Et puis les témoignages filmés de Mme Marthe Surely, de M. Guy Dufond et de M. Paul Alcindor, m’ont rappelé les luttes de Bois rouge et de 2009 auxquelles j’ai participé. Les amis qui m’accompagnaient ont appris beaucoup de choses. Et puis, la parodie comique de la scène d’affrontement entre les grévistes et le Maire qui déclenche le rire à l’unanimité, pour clôturer momentanément une histoire sans fin. Je crois que tout le monde à reconnu la situation qu’on connait bien dans toutes les collectivités.
J’ai reconnu bien des militants qui ont participé à la pièce et je vous demande de les remercier pour cet engagement bénévole qui nous a grandement touché. Je veux aussi associer à cette réussite les historiens comme Mme Cécile Celma, M. Camille Chauvet et M. Delépine qui est souffrant parait-il. Mme Daniele Laporte et M. Louis Maugée que j’ai beaucoup apprécié la veille au Conseil régional pendant le colloque sur l’histoire du syndicalisme. Cela a été un grand moment syndical que nous n’oublierons pas. Dites leur mes félicitations et toute notre gratitude. Je vais demander à la Mairie de Saint Marie que je connais bien de vous inviter à jouer dans le Nord Atlantique.
Merci à tous et meilleure santé à M. DeLépine
Gontran Dumaison, Retraité syndicaliste
Ps : j’autorise la parution de ma lettre dans le journal comme je l’ai dit à M. Alpha.