Pendant ce deuxième confinement, une invitation à suivre en direct les spectacles filmés sans public, depuis l’Espace Cardin, à Paris
Pour garder le lien avec le public, lors du premier confinement, le Théâtre de la Colline proposait l’opération Au creux de l’oreille, et le théâtre de la Ville des Consultations poétiques et musicales, par le truchement du téléphone. Cette fois, le Théâtre de la Ville, à l’instar de la Comédie Française, offre des captations de pièces qui étaient à l’affiche, les artistes ayant été autorisés à répéter dans le respect des règles sanitaires.
Le succès a été immédiat, dépassant même les espérances des organisateurs. Ainsi, le spectacle Le Tambour de soie de Kaori Ito et Yoshi Oïda, qui a fait le bonheur de la Semaine d’art en Avignon, a été diffusé le 30 octobre, rassemblant 2300 spectateurs, plus que le Théâtre de la Ville et l’Espace Cardin réunis — en 2016, la Ville de Paris a mis le Théâtre des Ambassadeurs, à l’Espace Cardin, à disposition du Théâtre de la Ville pendant la rénovation du site, situé Place du Châtelet au cœur de Paris.
Le mot du Directeur, Emmanuel Demarcy-Mota
Aujourd’hui nous ferons tout pour qu’une lumière reste allumée dans le Théâtre, que les artistes et techniciens puissent continuer à répéter, que le lien soit préservé avec les publics, pour empêcher chacun de sombrer dans l’isolement et le silence.
Dans cette optique, nous avons lancé dès le 30 octobre, premier jour de ce deuxième confinement, des représentations filmées de Le Tambour de soie, de Kaori Ito et Yoshi Oïda, en direct à l’Espace Cardin. Ces directs requièrent la présence d’artistes, de techniciens et de tous ceux qui permettent que ces liaisons soient mises en œuvre. Nous espérons vous proposer quotidiennement des rendez-vous avec la danse, le théâtre et la musique, mais aussi des rencontres, débats, tables-rondes, lectures avec différents partenaires afin que le lien entre nous continue à exister.
Nous investissons ensemble le terrain de l’école, des collèges et des lycées avec des représentations en direct retransmises pour la jeunesse en partenariat avec l’Éducation nationale. Nous commencerons avec J’ai trop d’amis de David Lescot le vendredi 6 novembre à 14H30. Plus de 110 classes aussi bien de Paris, de la région parisienne et plus de 20 villes de province, comme Toulouse, Charleville-Mézières, Poitiers, Reims, Sedan, Bannalec…. ont déjà répondu favorablement. Nous serons présents dans les Hôpitaux de l’AP-HP auprès des plus fragiles en diffusant en direct les spectacles et en développant les Consultations poétiques et musicales.
Nous savons que rien ne peut remplacer la relation de proximité, le contact, mais nous faisons tout pour que notre pays, frappé de plusieurs crises, puisse continuer à penser, échanger et rêver ensemble.
Il s’agit de représentations de théâtre, de danse et de musique jouées ou de répétitions, de débats et rencontres, filmés sans public dans les différentes salles du Théâtre de la Ville et diffusés en direct. Chaque représentation ou rencontre est une aventure unique qui se passe ici et maintenant.
Pour les spectateurs, l’accès via le site internet ou en Facebook live est gratuit et possible à l’heure de la représentation et seulement pendant la durée de celle-ci. Chaque représentation (ou moment inédit) est précédée d’un mot de bienvenue aux spectateurs, d’une interview d’un artiste auteur(e), metteur(e) en scène ou comédien(ne).
« JE NE SUIS PLUS INQUIET ». Texte, jeu et mise en scène de Scali Delpeyrat, samedi 7 novembre à 21h et jeudi 12 novembre à 19h
Seul en scène, le comédien livre un spectacle très personnel sur sa vie et ses origines, tout en rendant un hommage décalé à son père disparu. Il y a l’histoire de ses grands-parents échappés miraculeusement des rafles du Vél’d’Hiv ; la petite fille mystérieuse dont il était follement épris à l’âge de quatre ans; le chat tout blanc trouvé à la SPA ; la musique arabe qui le bouleverse ; son besoin d’établir des check-lists avant de se rendre à des dîners en ville ; ce père périgourdin amoureux d’une femme juive. Comédien singulier au théâtre comme au cinéma, Scali Delpeyrat se dévoile dans un spectacle à la fois mélancolique et savoureux, mélange d’humour et de perplexité, pimenté d’un sens aigu du détail incongru et autres bizarreries de la vie quotidienne.
« J’AI TROP D’AMIS ». Texte et mise en scène de David Lescot, dimanche 8 novembre à 15h, vendredi 13 novembre à 18h, samedi 14 novembre à 17h
Tout ce qu’il faut savoir pour vivre à fond sa sixième… Être ou ne pas être populaire, telle est la grande question au coeur de J’ai trop d’amis, véritable manuel de survie pour élève entrant au collège. Dans J’ai trop peur, vous vous souvenez, notre jeune héros était tellement paniqué à l’idée d’entrer en 6e que ça lui gâchait ses grandes vacances. Cette fois, ça y est, le grand saut a bien eu lieu et c’est là que les vrais ennuis ont commencé : les problèmes de popularité, les amis et surtout les ennemis, l’élection des délégués, les filles et surtout une en particulier…
David Lescot reprend l’histoire là où il l’avait laissée, avec trois comédiennes et le même dispositif tout-terrain, pour décrypter avec beaucoup d’humour l’univers impitoyable des “préados”. Si, avec les récents événements, vous l’avez à peine vécue cette fameuse 6e, ne ratez surtout pas J’ai trop d’amis !
Spectacle adapté en langue des signes (LSF) le dimanche 8 novembre à 15h, traduction par Nicolas Le Bossé. Réservation de la séance LSF : csimon@theatredelaville.com / téléphone : 01 48 87 59 50. Un tarif préférentiel est accordé pour la personne sourde ou malentendante et son accompagnateur.
CONCERT, SLY JOHNSON, lundi 9 novembre à 21h
Voix soul, cœur hip-hop, champion de beat-box, Sly Johnson est incontournable ! Auteur, compositeur et interprète du Saïan Supa Crew, l’artiste a depuis mené de nombreuses collaborations avec des artistes tels que : Camille, Erik Truffaz, Oxmo Puccino, Ayo, Lucky Peterson, Jacky Terrasson…
Sly et ses musiciens nous embarquent dans un voyage musical autour du hip-hop et de la soul. Sa voix unique nous émeut sur le titre Mother mais sait également nous faire danser. Un des meilleurs live du moment !
« ROYAN », de Marie N’Diaye, mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia , avec Nicole Garcia, mardi 10 novembre à 21h
L’introspection d’une enseignante confrontée au drame de l’adolescence. Une femme aux prises avec ses souvenirs et ses choix.
Gabrielle s’arrête dans la cage d’escalier de son immeuble. Elle sent plus haut, dit-elle, « l’odeur » des parents de son élève, Daniella, qui s’est suicidée. Ils l’attendent. Elle ne veut ni leur parler ni compatir. Elle va leur adresser, mentalement, le récit de ce que fut sa vie de femme qui s’est voulue puissante, d’Oran à Royan; elle qui jamais, contrairement à Daniella, ne s’est laissée aller à être laide « de sa propre volonté ». « Bénie sois-tu, Daniella », répète-t-elle comme une litanie, une déploration. De sa plume de diamant noir, Marie N’Diaye pose sur les clichés moraux une bombe à retardement et dessine un sublime portrait de femme. Pour sa quatrième excursion en haute terre d’écriture de l’auteure, Frédéric Bélier-Garcia confie à sa mère, Nicole Garcia, le soin des mots et maux de Gabrielle.
CONCERT : Flavia COELHO accompagnée de son pianiste Victor Vagh en configuration acoustique, lundi 16 novembre à 21h
Elle a parcouru tous les chemins du monde : depuis les morros de Rio de Janeiro aux rues pavés de Paris. Flavia Coelho est chez elle là où elle se sent accueillie. Sa musique est faite de cette alchimie. Elle est immatérielle, une vibration cosmique qui se déplace dans l’air : des touffeurs caniculaires aux brises glaciales, elle résonne sous toutes les latitudes.
« LA REINE DE LA PISTE », écriture et mise en scène de Pierre Notte autour des chansons d’Helena Noguerra, guitares Philippe Eveno, vendredi 27 novembre à 20h
Entre cabaret et théâtre, Helena Noguerra fait merveille dans ce récital …
C’est une femme libre. Il lui arrive une curieuse aventure. Débarquée dans une fête à laquelle elle n’a pas été invitée, elle s’incruste. Étrangement, sa présence ne semble déranger personne – c’est comme si on ne la voyait pas. En fait, elle assiste à ses propres funérailles. Tel est, rapidement esquissé, l’argument de La Reine de la piste, spectacle entre cabaret et théâtre musical où la comédienne et chanteuse Helena Noguerra interprète ses propres chansons entretissées d’un récit écrit et mis en scène par Pierre Notte. Démarré sur une tonalité funèbre, ce portrait de femme se révèle progressivement une ode vibrante à la vie et à la liberté. En piochant dans son répertoire, de Lunettes noires, son premier succès, à Nue, son dernier album, Helena Noguerra excelle dans ce récital à la fois réaliste et fantastique où monologue et chansons se font écho, comme un rêve à regarder en face, un dialogue entre deux mondes bientôt réconciliés.