— par Yves-Léopold Monthieux —
On se souvient qu’au premier trimestre de l’année 2003, une réunion d’urgence des élus du conseil général et du conseil régional avait été fixée par le préfet Michel Cadot. Il s’agissait de répondre aux exigences de l’Europe qui trouvait long le temps de réaction des élus martiniquais à sa décision à prendre une part financière déterminante à la construction du projet de TSCP. En effet, la date limite pour la mise en place des procédures approchait et seul le préfet, apparemment, s’en était aperçu. Afin de déclencher les opérations, sous peine d’annulation du projet, le représentant de l’Etat prit l’initiative de réunir en toute hâte à la préfecture les élus des deux collectivités. La salle Félix-Eboué avait été préparée et équipée pour la circonstance du matériel de sonorisation et de projection nécessaire.
La séance allait débuter quand le président de la région prit la parole pour indiquer l’incongruité, selon lui, de la présence des élus martiniquais dans les locaux de l’Etat pour l’organisation de cette importante rencontre des élus martiniquais. Il invita sur le champ ses collègues des deux collectivités à se transporter au conseil général, à quelques centaines de mètres, pour continuer la séance de travail. Ce qui fut fait illico, la soixantaine d’élus longeant en élèves disciplinés le trottoir reliant les sièges de l’Etat et du département. J’ignore si le préfet, lui-même, avait fait partie de ce cortège insolite. Deux solutions étaient possibles quant au choix du véhicule à utiliser dans le couloir du TCSP : soit le tramway, avec emprise au sol, soit le monorail, aérien. Le choix s’arrêta en un tournemain à la première solution qui avait été celle retenue par le président de la région. En bons élèves … On sait qu’un élu qui avait exprimé un avis différent dut payer cher son originalité sans doute éclairée par sa formation professionnelle. Il connut une déconvenue majeure, de la part de son parti.
Quinze ans plus tard, voilà que, pour la même affaire, l’Europe menace à nouveau la collectivité martiniquaise. Après plusieurs reports de la date limite de mise en fonction du TCSP, fixée initialement au 1er décembre 2015, elle a indiqué que passée la date du 31 mars 2017, en cas de poursuite de l’immobilisme, elle exigerait le remboursement des sommes considérables qu’elle a versées pour l’équipement le plus coûteux jamais réalisé à la Martinique. D’où le branle-bas de combat mis en route en catimini, cette fois sans fausse pudeur, au siège de l’Etat. En réalité personne ne croit vraiment à l’ultimatum européen, mais on peut craindre que l’Europe ne se montre réticente à financer d’autres projets martiniquais. On pense notamment au viaduc de Fond Lahaie.
Prudente, le l’Europe n’exige pas un résultat que paraissent craindre aussi bien la majorité que l’opposition, mais simplement un geste pouvant faire croire à la volonté des opérateurs martiniquais de voir se terminer cette réalisation. Un geste qui ne soit pas une gesticulation. Reste que les chamailleries suscitées par les élus et les partis politiques n’ont jamais visé l’économie de l’opération qui a fait l’objet d’unanimités à toutes les phases du projet.
Fort-de-France, le 14 mars 2017
Yves-Léopold Monthieux