— Le n° 345 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
À Mar del Plata, devant 700 militant·e·s, membres de plus de 65 pays, et dans le cadre de la cinquième assemblée du Mouvement Populaire pour la Santé (MPS), tenue entre le 7 et le 11 avril, une délégation martiniquaise répondait à une invitation faite à l’Union des Femmes de la Martinique et à Lyannaj Pou Dépolyé Matinik (LPDM) (2 militantes de L’UFM et une de LPDM). C’était l’occasion de poursuivre le travail d’internationalisation de la résistance, des organisations martiniquaises engagées dans la lutte pour l’égalité, la justice et les réparations contre l’État français et les pollueurs associés.
MPS est un réseau mondial de militant·e·s, représentant·e·s d’associations, d’organisations, d’institutions académiques et universitaires, de personnes de la société civile, et d’activistes. Il est né en l’an 2000, et fait de la Santé des peuples, donc du constat de leur dégradation planétaire généralisée, un angle d’attaque contre le système capitaliste mondialisé et l’impérialisme.
En effet, tous les exposés, dans tous les ateliers, ont rapporté l’expérience vécue de cette détérioration des conditions sociales, sanitaires et environnementales, des populations les plus touchées et les plus défavorisées et en particulier sans surprise, des femmes.
Toute chose dûment confirmée par de récents rapports officiels internationaux, lesquels pointent tout à la fois, soit une « inversion » depuis 2015 de la courbe des maigres progrès, et la « régression », voire « la mise en péril », de la réalisation des objectifs de développement durable (promus par la charte des Nations Unies).
D’où la lucide résolution adoptée à la fin des journées d’échanges « Poursuivre la lutte contre le cœur de la bête impériale en convergeant avec d’autres mouvements sociaux ».
Si le capitalisme est une promesse de dégradation, faisons la promesse de PA MOLI ! La motion internationale présentée par LPDM a été adoptée.
Venezuela : PCV vs Maduro
La défense du Venezuela face à l’impérialisme US, version Biden comme version Trump, reste un impératif qui ne se discute pas. Aujourd’hui, où se préparent les premières élections depuis la dernière violente crise entre le régime et son opposition pro–impérialiste, il est important de rappeler que rien de bon ne peut venir des putschistes, recyclés ou pas, qui ne rêvent qu’au retour des temps bénis pour l’aile la plus réactionnaire de la bourgeoisie mercenaire.
Mais la situation vénézuélienne ne se résume pas à ce seul conflit, aussi central soit–il.
L’Étincelle, hebdomadaire du parti communiste guadeloupéen, a récemment publié une diatribe virulente de ses camarades vénézuéliens du PCV (parti communiste vénézuélien) contre MADURO. L’article dénonce l’orientation néolibérale du gouvernement dans le pays « où les salaires sont les plus bas au monde » et les manœuvres politiciennes contre le PCV. L’Étincelle ne fait pas de commentaire sur cet article. On imagine toutefois sans peine, l’embarras du PCG dont le soutien à la « révolution bolivarienne » a souvent été acritique.
Cela nous inspire deux réflexions de portée générale :
1)Face à une situation complexe, le simplisme est contre-productif. Les injonctions péremptoires à taire toute critique à un régime, parce que l’impérialisme « occidental » veut sa peau, conduisent, un jour ou l’autre, à une impasse. Dans une situation aux multiples contradictions, la politique révolutionnaire doit les prendre en compte, toutes. Non à l’impérialisme US, agent forcené d’une politique qui mène le monde au gouffre. Défense intransigeante des perspectives prolétariennes et démocratiques dans tous les pays, quels que soient les régimes au pouvoir.
2)Pour suivre cette ligne, il faut faire toujours le choix de penser avec sa propre tête, bannir les alignements automatiques qui ne sont au fond qu’une forme d’opportunisme néfaste à terme, quels que soient les « avantages » politiciens du moment.
Ce double conseil ne donne aucune solution toute faite. Il crée simplement les conditions pour réaliser les « analyses concrètes des situations concrètes » qui sont, disait un certain Lénine, l’essence même du marxisme. Il faut y penser quand on parle du Venezuela, mais aussi du Nicaragua, de l’Iran, de la Russie, et on pourrait allonger la liste sans fin.
Les urgences du monde sont là. Le péril écologique est là. Les bruits de bottes résonnent. Les oppressions et l’exploitation ne prennent pas de congé. Au contraire. L’ombre des extrêmes–droites fascisantes plane sur diverses parties du monde. L’indifférence et la neutralité ne sont de mise sur aucun de ces sujets. Cela ne nous commande pas, pourtant, moins de réflexion mais au contraire, une plus grande exigence de rigueur théorique et de vigilance éthique.
L’actualité mondiale , la boussole et Lénine
La nouvelle mode de mettre la géopolitique à la place de la lutte des classes, continue de faire des ravages. On voit des militants, hier encore, adeptes de la formule « mettre la politique au poste de commande », se transformer en commentateurs des diplomaties d’États.
En jetant aux orties la lutte des classes, ces militants abandonnent un réflexe élémentaire pour tout progressiste : celui de commencer par se rapprocher des révolutionnaires des pays placés par l’actualité, dans la tourmente. Que disent, que défendent les anticapitalistes et anticolonialistes de Palestine, d’Israël, d’Ukraine, de Russie ?