Jeudi 7 mars à 19h30 Salle Frantz Fanon Tropiques-Atrium
« Le Sacre du sucre » transporte le spectateur au cœur d’une expérience artistique unique, enracinée dans l’histoire tumultueuse de la colonisation. Portant l’estampille de la déshumanisation subie par les corps, Lēna Blou, héritière de ce passé, explore avec sensibilité l’art de l’inattendu, de l’improbable, de la rupture et de l’imprévisible. C’est une plongée dans une esthétique où l’harmonie émerge du désordre.
Cette œuvre, intitulée « Le Sacre du sucre », marque l’émergence d’un style de vie enraciné dans la terre caribéenne. La canne à sucre devient la métaphore qui lie des hommes, des femmes, une histoire, une mémoire, une culture. Les mots associés à cette plante évoquent la souffrance et stimulent la collision des différences, rappelant les notions d’esclave/maître, Blanc/Noir qui continuent de susciter des émotions profondes.
Lēna Blou, à travers sa chorégraphie, refuse de se soumettre à la narration de l’héritage colonial. Elle danse le geste ancestral, créant un langage corporel inédit, où les influences africaines, européennes, amérindiennes et indiennes se mêlent. La danse, parfois chaotique, parfois douce comme le sirop miel, attenbd constamment une reprise, un souffle, pour ancrer la vie. Le corps, oscillant, dialogue avec le son et avec lui-même, écrivant son propre récit, affranchi de toutes les entraves, libre de concevoir sa pensée et de penser le monde.
Selon Léna Blou, l’histoire coloniale et esclavagiste a influencé la façon de mouvoir le corps, caractérisée par un déséquilibre constant, révélant une approche spécifique du monde baptisée le « Bigidi ». Ce geste fondateur, polysémique, symbolise le déséquilibre, l’esquive, la feinte, l’imprévisibilité, et représente une instabilité corporelle, un état de corps fluctuant et inattendu. Le « Bigidi » devient une clé pour comprendre la technicité et l’esthétique des danses caribéennes, ainsi que la pensée philosophique émanant de la Caraïbe.
Léna Blou s’engage dans une exploration avec des artistes et chercheurs pour comprendre comment l’expérience du déséquilibre façonne les façons particulières d’habiter son corps, surtout dans les corporalités caribéennes et afro-américaines. Cette démarche vise à traduire, à travers la création artistique et la performance, l’esthétique de l’harmonie du désordre, soutenue par des réflexions approfondies lors de séminaires.
« Le Sacre du sucre » se profile comme une célébration artistique et réflexive de l’histoire et de la diversité culturelle, explorant les profondeurs de l’âme humaine à travers le prisme de la danse et de la philosophie corporelle.
Pièce pour 3 interprètes
Durée : 40 minutes
Chorégraphie : Lēnablou
Interprètes son & corps : Lēnablou, Félix Flauzin, Allan Blou
Regard artistique : James Carles
Direction musicale : Daniel Trépy
Création lumière : Roger Olivier
Régisseur son : Steeve Lancastre
– Création chorégraphique 2022
Co-production: Insa Lyon, L’Artchipel Scène Nationale, Campement Dromesko, Lafabri’k