— Par Jean ROGER —
Je me promenais sur la plage dimanche dernier du côté de Petit-Havre, Le Gosier (Guadeloupe), et je constatais encore une fois combien le littoral y est fortement impacté par l’homme, comme en beaucoup d’autres endroits de l’archipel, et ce malgré le caractère classé de ce site du Conservatoire du Littoral : de moins en moins d’arbres en bord de plage, de véritables maisons construites çà et là par les « campeurs », des foyers à même le sable, des herbiers piétinés, des monticules de tests d’oursins blancs, des os de tortues çà et là, et du plastique, beaucoup de plastique.
Ayant eu l’occasion de voyager un peu partout dans le monde, il m’est alors venu une idée formidable : pourquoi ne construisons-nous pas des Resorts (complexes hôteliers) immenses dans toutes ces baies ? Cette question semble déraisonnée pour le protecteur de l’environnement que je suis, mais pourtant…
Outre le côté « bétonisé » de ce genre d’infrastructure, elle offre des avantages sans commune mesure.
En effet, la construction d’un Resort entraîne évidemment la privatisation quasi-intégrale des baies, les protégeant du camping sauvage et de (-presque-) toute forme de délinquance telle que les regroupements de musiciens drogués, la contrebande et bien sur, le braconnage. Les complexes hôteliers, ces bâtiments à l’architecture complètement intégrée dans l’environnement littoral, qui, une fois scintillant de mille feux, font fuir les gangsters, et avec eux les tortues. On n’y verra plus de voitures, de sono digne des grands festivals et de pelleteuse prélevant illégalement, mais en toute impunité, du sable.
L’implantation d’un complexe nécessite le défrichage préalable du terrain, pour éventuellement ensuite y replanter des arbres d’ornementation, que personne ne touchera plus, si ce ne sont les jardiniers : les arbres endémiques ne gêneront dès lors plus et ne serviront plus à alimenter les barbecues, ou du charbon pour revendre à la sauvette.
Du fait des nombreux rejets de produits phytosanitaires, crèmes solaires et autres pesticides utilisés pour l’entretien des jardins, les récifs des baies ainsi construites mourront, et avec eux les nombreuses espèces des récifs ; les coraux ne craindront donc plus d’être piétinés et les poissons ne seront plus victimes des touristes apprentis-chasseurs. De fait, les herbiers mourront par la pollution et le piétinement aggravé, et donc, les tortues ne viendront plus s’y nourrir. Elles ne viendront probablement plus y pondre non plus, car trop de monde, de construction et d’artificialisation. Donc le problème du braconnage sera résolu.
Les plastiques, bouteilles en verre et autres détritus charriés par la mer ou par les visiteurs seraient immédiatement ramassés par des employés par crainte de donner une mauvaise image du lieu.
L’installation de Resorts permettrait également aux communes et à l’ONF de ne plus avoir à entretenir des chemins littoraux et accès aux plages, de ramasser les poubelles, d’installer des panneaux divers et variés expliquant les règles de conduites, les espèces protégées, etc.
Pour conclure, on peut donc aisément dire que le Resort est LA solution d’avenir pour l’environnement des littoraux des Antilles !