— Par Yves-Léopold Monthieux —
Derrière le succès de Jean-Luc Mélenchon, les résultats du premier tour de l’élection présidentielle confirment la nette progression du Rassemblement national en Martinique. Cette orientation du corps électoral était déjà franche au cours des précédentes consultations. A ce sujet, je vous propose, ci-dessus, quelques extraits de la tribune que j’avais écrite il y a cinq ans au lendemain de la défaite de Marine Le Pen face à Emmanuel Macron.
Sourcilleux à juste titre de condamner les comportements racistes lorsqu’ils viennent des autres, les élus et les beaux esprits martiniquais font l’objet d’une tolérance étonnante lorsque ces attitudes émanent de nous-mêmes. Aussi bien, aucun Mélenchon martiniquais ne s’oppose à ce mouvement coupable contre les étrangers, comme le patron des Insoumis le fait en France pour les Arabes et des Noirs. A cet égard, ses admirateurs feraient bien de s’inspirer de leur modèle pour mettre fin au racisme qui pointe le nez en Martinique. Serait-on enclins à opposer aux Haïtiens et aux autres ressortissants de la Caraïbe, le mot de Césaire « génocide par substitution ».
Quoi qu’il en soit, il serait intéressant de connaître le nombre de natifs mélenchonistes qui voteront le 24 avril prochain pour la présidente du Rassemblement national ou refuseront de voter contre elle ? Sont-ils prêts à faire oublier le Paternel ?
Extraits de la tribune du 25 avril 2017 : Le front national, à l’origine ou réceptacle du racisme martiniquais.
« Observant les récentes positions du comité « Marine déwo », je posais dernièrement la question de savoir ce qu’avaient prévu les partis politiques et leurs dirigeants dans l’hypothèse de la victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle. Et ce qu’ils comptaient entreprendre pour combattre la candidate du Front national. Mais personne n’attend vraiment de réponse à ce genre d’interrogations, ce qui atteste du manque d’intérêt pour un sujet qui ne compte pas pour la réélection des élus.
(…) Ce n’est pas d’aujourd’hui que, dans les campagnes et les quartiers, dans la rue ou sur les lieux de travail, se manifeste à l’égard des étrangers des Caraïbes une hostilité que je refuse d’affubler du vocable « xénophobie ». Lequel est trop souvent utilisé pour éviter le mot « racisme » qu’on réserve aux autres mais qui me paraît parfaitement approprié pour décrire le comportement de certains martiniquais, voire certaines institutions. Cette hostilité est activement masquée par des postures d’hommes politiques soucieux d’images respectables et d’intellectuels porteurs de bien-pensance et d’utopie ».
(…) On attendait des Haïtiens et des Ste Luciens venant en Martinique qu’ils se livrent à des activités peu valorisantes. Et voilà que ces hôtes se mettent à ressembler aux Martiniquais, à vouloir assurer une vraie fonction dans la société martiniquaise et à bénéficier des mêmes prérogatives sociales qu’eux, bref, d’avoir des comportements citoyens. Hélas, pour un nombre grandissant d’afro-européo-descendants, c’est insupportable. Et ce n’est pas avec l’image d’un mur érigé à l’aéroport contre la venue de Marine Le Pen qu’on mettra fin à cette situation qui évolue dangereusement.
(…) Ils ne s’aperçoivent pas que le refus de l’immigration reproché à la candidate s’est répandu en Martinique, sans attendre le Front national, et bien au-delà de l’expression des urnes. En réalité ce n’est pas le Front national qui transforme certains martiniquais en racistes, c’est leur racisme qui fait d’eux des électeurs du Front national. »
Fort-de-France, le 11 avril 2022
Yves-Léopold Monthieux