— Par Chloé Morin—
Encore un mois de confinement vient d’annoncer le président de la République. Les Français n’en pouvaient déjà plus. Enfin, surtout les plus diplômés enseigne avec surprise une étude des politologues du Cevipof. Les plus modestes – qui sacralisent moins la liberté d’aller et venir – se montrent plus consentants.
Le 11 mai. Une date répétée, martelée, comme destinée à se graver dans nos mémoires. Emmanuel Macron, le sait, les Français s’impatientent, et fixer une échéance le propulse au rang de Libérateur d’un pays confiné. Seulement, et il le sait aussi, les Français ne sont pas égaux devant le « restez chez vous ». Beaucoup d’articles, de tribunes et d’interviews soulignent que ce sont avant tout les conditions sociales qui rendent le confinement difficile à respecter. Une étude du CEVIPOF va plus loin, affine en quelque sorte l’analyse du « ras le bol » : la problématique du consentement se pose en des termes totalement opposés à celle de la capacité physique des uns et des autres à respecter le confinement.
Derrière une approbation globalement majoritaire, bien qu’en baisse entre le 16 mars et le 1er avril, de la mesure de confinement, se trouvent en particulier des divergences de consentement selon le niveau de diplôme. Eric Kerrouche, directeur de recherche CNRS au CEVIPOF, note ainsi que : « D’une part les plus diplômés sont les plus rétifs à accepter le confinement général, ce dernier n’obtenant jamais les 50 % d’adhésion. D’autre part la difficulté à accepter le confinement progresse entre les deux vagues, mais il concerne au tout premier chef les individus ayant le plus haut niveau d’éducation, plus d’un tiers de ces derniers y étant plutôt défavorable lors de la passation de la vague 3 (soit un différentiel de pratiquement + 7 points par rapport à la vague 2). »
Réticence des plus diplômés
Pour le dire autrement, alors que la France « peu diplômée », celle des la France rurale mais aussi des quartiers difficiles, accepte relativement bien le confinement mais peine à le respecter, les populations plus diplômées et donc souvent mieux dotées sur le plan social et économique, sont beaucoup plus réticentes. Un paradoxe intéressant, que Martial Foucault, directeur du CEVIPOF, explique ainsi : « Si les plus diplômés sont plus récalcitrants à se soumettre au confinement c’est sans doute en raison d’une prédisposition plus forte de leur part à valoriser un rapport plus permissif à l’espace privé mais également à privilégier une société́ ouverte fondée sur un principe de liberté́ qui est très fortement valorisé. ». Derrière cette question du confinement, c’est donc bien la question des inégalités qui se pose – notamment celles qui naissent tôt, dès l’école, et risquent d’être amplifiées par la crise, car tous les enfants ne sont pas égaux dans la capacité à travailler à la maison dans de bonnes conditions….
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