A Madiana
—Par Guy Gabriel—
Avec Rachel Weiz, Tom Wilkinson, Tom Spall , Andrew Scott….
Deborah Lipstadt, juive d’origine, professeure d’histoire et de littérature juive, reconnue à l’Université d’Atlanta défend farouchement la mémoire de l’Holocauste. Elle se voit confrontée à David Irving un universitaire extrémiste, qui se fait l’avocat de thèses controversées sur le régime nazi. Après avoir suivi une conférence de l’historienne, ce dernier se sentant agressé assigne Lipstadt en justice ; voilà Deborah dans la situation aberrante de devoir prouver l’existence des chambres à gaz ;
Il va lui falloir, en restant dans limites du droit (britannique), faire face à un négationniste, prêt à toutes les bassesses pour gagner son procès ; il faudra aussi tout faire pour l’empêcher de profiter de cette tribune pour propager ses théories nauséabondes…
Le procès du siècle est un film de prétoire pas comme les autres, qui fait se confronter la mauvaise foi et la vérité ;en effet, il s’agira pour Deborah Lipstadt de démontrer la réalité devant la justice ; la mauvaise foi qui se considère comme agressée contre la vérité considérée comme l’agresseur. Dans un premier temps, on craint que le film sombre dans un insupportable pathos, mais, rapidement le sujet se centre sur deux visions de la justice, celle du Royaume-Uni et celle des Etats-Unis, la première semblant mettre en difficulté l’historienne qui, pourtant défend la vérité et celle, américaine, qui devrait, au contraire l’aider à défendre sa thèse. Mise en scène de manière intelligente Le procès du siècle est un superbe plaidoyer contre tout négationnisme, sujet très à l’ordre du jour dans le discours de certains politiques français ; le film pose le problème essentiel qui est de savoir comment combattre ceux qui défendent ce qu’on peut considérer comme des thèses nauséabondes. Le film de Mick Jackson raconte donc une histoire incroyable et méconnue mais vraie, mais qui semble nécessaire pour démasquer tout négationnisme, d’autant qu’il met face à face deux comportements défensifs tellement opposés qui donnent froid dans le dos, car il plane sur tout le film une contrainte pesante sur le personnage de Deborah, Deborah qui doit cacher son émotion et sa colère pendant tout le procès face un accusateur sûr de lui, obligée qu’elle est que de ne faire confiance qu’à son pool d’avocats.
Le film tente et réussit efficacement à faire comprendre ce qui se passe dans cette cour, en prenant très au sérieux le négationnisme dans ce qu’il a de déraisonnable et mieux le prendre en défaut. Un film très actuel au moment où certains n’hésitent pas à mettre en doute l’existence de camps de concentration et l’« épisode » du Vel d’Hiv.
Des interprétations tout à fait convaincantes de Rachel Weiz (Deborah Lipstadt), Tom Wilkinson ( Richard Rampton) et Tom Hall (David Irving), Andrew Scott(Anthony Julius) assoient la crédibilité d’un film important, intelligent et pédagogue, qui nous rappelle que la vérité, comme la liberté ne sont jamais établies une fois pour toute, qu’elles doivent être défendues à tout moment.
Guy Gabriel