Strasbourg – Le Prix des droits de l’Homme Vaclav-Havel 2020 du Conseil de l’Europe a été décerné à la militante féministe saoudienne Loujain al-Hathloul, longtemps emprisonnée dans son pays, a annoncé lundi l’institution paneuropéenne.
Loujain al-Hathloul, 31 ans, est présentée par le Conseil de l’Europe comme « l’une des cheffes de file du mouvement féministe saoudien« .
« Elle a milité pour mettre fin au système de tutelle masculine, ainsi qu’à l’interdiction faite aux femmes de conduire, et pour une meilleure protection des femmes victimes d’abus dans le Royaume« , souligne l’organisation paneuropéenne.
Loujain al-Hathloul « a passé 1.001 jours en prison en raison de ses prises de position et n’a été libérée qu’en février 2020, bien qu’elle soit toujours soumise à une assignation à résidence et à d’autres restrictions dans son pays« , ajoute le Conseil de l’Europe.
Sa soeur Lina al-Hathloul, qui a reçu lundi le prix au nom de sa soeur, a souligné par visioconférence que le soutien international était « la seule manière pour nous d’exposer les injustices dans mon pays et de protéger les victimes. Merci de nous donner la force de poursuivre notre combat« , a-t-elle ajouté.
« Loujain s’est sacrifiée pour que les femmes en Arabie saoudite aient une meilleure vie. A cause de son militantisme, elle a été kidnappée, emprisonnée illégalement, brutalement torturée, placée à l’isolement pendant des mois, et maintenant elle est condamnée comme une terroriste« , a encore rappelé sa soeur.
Loujain al-Hathloul, connue surtout pour avoir fait campagne contre l’interdiction de conduire faite aux femmes en Arabie saoudite, a été arrêtée avec une dizaine d’autres militantes en mai 2018, quelques semaines seulement avant la levée de cette interdiction en vigueur durant plusieurs décennies.
La militante avait été condamnée fin décembre à cinq ans et huit mois de prison en vertu d’une loi « antiterroriste« , une peine assortie d’un sursis qui la rendait libérable rapidement car la période passée en détention provisoire a été prise en compte. La peine a été confirmée en appel le mois dernier.
Elle a été libérée le 11 février mais reste en liberté conditionnelle pour trois ans.
Les deux autres finalistes du Prix Vaclav-Havel étaient les nonnes de l’ordre Drukpa, un groupe de jeunes nonnes bouddhistes au Népal, et la militante de République démocratique du Congo Julienne Lusenge.
« Nos trois nominées ont toutes le courage, la passion, l’énergie et la détermination de rêver en grand. Et de se battre pour réaliser leurs rêves d’un monde meilleur et plus égalitaire. Un monde où les femmes sont traitées avec dignité et respect« , a salué le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Rik Daems, en remettant le prix.
Récompensant des actions exceptionnelles de la société civile dans la défense des droits de l’Homme, le Prix Vaclav-Havel avait été décerné en 2019 à l’intellectuel ouïghour emprisonné Ilham Tohti, conjointement avec une initiative de jeunes oeuvrant à la réconciliation dans les Balkans.
Créé en 2013 et doté de 60.000 euros, ce prix est en principe décerné à Strasbourg à l’automne, mais l’édition 2020 a été décalée en raison de la crise sanitaire.
Source : AFP / LeFigaro.fr