L'auteur de "Cent ans de solitude" est mort à Mexico, à l'âge de 87 ans. Il reste l'un des plus grands écrivains de l'histoire de la littérature de langue espagnole.
— Par Francetv info avec AFP —
C’est un monument de la littérature sud-américaine qui disparait. Le prix Nobel de littérature colombien Gabriel Garcia Marquez est mort à l’âge de 87 ans, jeudi 17 avril à Mexico (Mexique). Sa mort a été confirmée par le président colombien Juan Manuel Santos, puis par Fernanda Familiar, une porte-parole de la famille, dont elle relaie la tristesse sur Twitter.
Un journal avait évoqué un cancer ces derniers jours, mais le président colombien avait affirmé dans la foulée que l’auteur souffrait d’une pneumonie. A la suite de cette annonce, la famille de Gabriel Garcia Marquez avait précisé que ce dernier, après une hospitalisation de quelques jours, se trouvait dans un état de santé « très fragile » mais « stable » dans sa maison de Mexico, où il vivait depuis plus d’un demi-siècle.
« Cent ans de solitude », son chef d’œuvre
Né le 6 mars 1927 dans le village d’Aracataca, dans la région caribéenne de la Colombie, ce fils d’un simple télégraphiste, élevé par ses grands-parents et tantes, a baigné durant toute son enfance dans une culture mêlant indigènes, esclaves d’Afrique et colons espagnols. Cet environnement aux parfums exotiques a inspiré une œuvre immense de contes, nouvelles et romans, qui fait de lui l’un des plus grands écrivains de l’histoire de la littérature de langue espagnole. Pour tous les lecteurs de l’univers hispanique, il était un artiste aux textes accessibles à tous et qui était partout désigné par son surnom : « Gabo ».
A la fin des années 40, à la sortie de ses études de droit, Gabo se lance dans une carrière de journaliste. Peu à peu, il s’essaie à la critique de cinéma et à la rédaction de contes. Son investissement réel dans la littérature remonte au début des années 1960 lorsqu’il s’installe au Mexique avec Mercedes Barcha, mère de ses deux fils, après une rencontre avec l’écrivain mexicain Carlos Fuentes. « J’écris pour que mes amis m’aiment », se plaisait à répéter le petit homme moustachu.
Il est l’auteur de Chronique d’une mort annoncée, L’amour au temps du choléra, Le général dans son labyrinthe ou encore De l’amour et autres démons. Mais le roman qui lui a valu la célébrité, considéré comme le plus grand chef-d’œuvre de la langue espagnole, avec seulement Don Quichotte pour rival, est Cent ans de solitude. Fresque autant historique que littéraire, ce livre, qui lança en 1967 le début d’une notoriété internationale, retrace la saga tourmentée d’une famille de Macondo, village imaginaire des Caraïbes, aux XIXe et XXe siècle. C’est aussi bien le récit de la dynastie des Buendia, depuis la création de leur village jusqu’à sa destruction par une tourmente, comme l’histoire de l’humanité révélée à travers les générations d’une famille s’attelant à toutes les ambitions, de la science à la guerre sans oublier l’amour.
En 1982, quand l’auteur obtient le prix Nobel de littérature, l’académie salue une oeuvre « où s’allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ». Le livre, qui a été l’objet d’interprétations passionnées, est comme nombre de chef d’œuvre une description de la fuite du temps ou plutôt de son mouvement particulier: « Le temps ne passe pas, il tourne en rond », constate en effet la patriarche de ce roman.
Le journalisme, « le plus beau métier du monde »
Dans son discours de réception du Nobel, l’écrivain, venu chercher sa récompense à Stockholm (Suède) symboliquement revêtu du liqui-liqui, la tenue traditionnelle blanche de sa région, souligne sa volonté de décrire une « réalité qui n’est pas de papier ». La conscience politique marque en effet l’autre facette de cet artiste qui fut l’ami de nombreux responsables politiques comme François Mitterrand, Bill Clinton, Fidel Castro ou Felipe Gonzalez.
Gabo n’a jamais abandonné sa passion initiale pour la presse et la politique. Il laisse en héritage une fondation qui porte son nom afin de promouvoir le journalisme dans l’univers ibéro-américain. Décrivant le journalisme comme « le plus beau métier au monde », il n’a jamais hésité à l’instant de savoir ce qui le retenait le plus des deux inclinations qui ont porté sa vie. « Je suis fondamentalement un écrivain, un journaliste, pas un politique », avait-il expliqué un jour. Il était surtout le plus grand conteur de son temps, qu’il s’agisse de parler de son monde de fiction ou du monde hispanique où il était adulé comme nul autre écrivain.