Lors d’une intervention de près d’une demi-heure au Conseil de sécurité de l’ONU lundi, Jovenel Moïse a assuré que « la démocratie se portait bien en Haïti ». De son côté, Washington réclame au chef de l’État haïtien l’arrêt de sa politique de décrets.
Le président haïtien Jovenel Moïse a assuré lundi 22 février au Conseil de sécurité de l’ONU que « la démocratie se portait bien en Haïti » malgré la crise politique. Lors d’un rare discours (les pays sont en général représentés par un ambassadeur ou un ministre), Jovenel Moïse a indiqué que son gouvernement, en quatre ans, « avait dû faire face à sept tentatives d’interruption de l’ordre constitutionnel par la violence ».
« À la base de tout cela, il y a le refus du régime démocratique et des élections comme seul moyen d’accéder à la gestion des affaires de l’État », a-t-il dit, en évoquant les « efforts inlassables de son administration pour apaiser le climat socio-politique ». « Nous faisons face à un lobby puissant qui a de grands moyens », a-t-il aussi déclaré lors de son intervention qui a duré 27 minutes contre les 15 normalement octroyées.
Selon lui, ce lobby associé « aux mauvais perdants » a bloqué par la violence le fonctionnement régulier du Sénat, empêchant d’officialiser le gouvernement, de voter un budget et la loi électorale pour des élections.
Washington réclame des élections rapides
Il a promis un « usage limité » des décrets présidentiels jusqu’aux prochaines élections générales prévues en septembre, mais les États-Unis lui ont demandé de ne plus y avoir recours tandis que la France indiquait que plusieurs d’entre eux, pris récemment, étaient « sources d’inquiétude ».
Il faut « mettre fin à la politique par décrets », a souligné l’ambassadeur américain adjoint par intérim, Jeffrey DeLaurentis, pour qui ils ne doivent être utilisés que pour des actions indispensables en matière de sécurité et de préparation des élections. Le diplomate américain a réclamé des élections « aussi tôt que possible pour rétablir le rôle constitutionnel du Parlement ».
Jovenel Moïse soutient que son mandat de cinq ans à la tête du pays caribéen court jusqu’au 7 février 2022, une date rejetée par une partie de la classe politique haïtienne pour qui il est arrivé à terme le 7 février 2021. Ce désaccord de date tient au fait que Jovenel Moïse avait été élu lors d’un scrutin annulé pour fraudes, puis réélu un an plus tard.
Haïti n’a plus de députés depuis un an et seuls un tiers des sénateurs restent en fonctions.
« Changements nécessaires »
Jovenel Moïse a aussi affirmé que le nombre d’enlèvements avait « considérablement baissé » en Haïti, mettant en avant le démantèlement « agressif » de « 64 sur 102 gangs existant ». « La violence des gangs a augmenté de plus de 200 % en 2020 », a rétorqué Jeffrey DeLaurentis tandis que la Russie s’inquiétait aussi de son côté d’un « regain d’activité des groupes criminels [en Haïti] ».
Juste avant l’intervention du président haïtien, le Royaume-Uni, président en exercice du Conseil de sécurité, avait donné la parole à une jeune Haïtienne, Vivianne Roc, 23 ans, qui a raconté sa vie au milieu de la violence.
« Fatiguée de vivre dans la peur », elle est aujourd’hui membre de l’ONG « Plurielles Haïti » qui se bat pour davantage de paix et de sécurité dans le pays. La jeune femme a fait état de son « espoir » qu’il « existe des courageux parmi les puissants pour pousser les changements nécessaires à une paix durable en Haïti ».
Source : AFP / France24,com