« Intéreur » une pièce de Maurice Maeterlinck
Mise en scène : Claude Régy
Festival d’Avignon, salle de Montfavet, en japonais surtitré en français,18 heures, jusqu’au 27 juillet (sauf les 18 et 23)
Avignon. Claude Régy et le Japon étaient faits pour se rencontrer. C’est fait. Et c’est un bonheur de tous les instants. Pour l’occasion, Régy retrouve « Intérieur » de Maurice Maeterlinck, une pièce et un auteur qui lui sont chers. Et c’est peu dire que les acteurs japonais sont entrés avec une sidérante compréhension dans la façon de travailler et de faire entendre et voir un texte, propre au metteur en scène.
Maeterlinck, Japon, Régy : un trio royal
Cette rencontre, on la doit à Satoshi Miyagi, le metteur en scène qui présente au festival d’Avignon un épisode du « Mahabharata » dans la carrière Boulbon. Il voue à Régy une légitime admiration, on le comprend. Alors, comme il l’avait déjà fait avec Daniel Jeanneteau qui fut naguère le décorateur de Régy (il a signé là-bas une mise en scène de « La Ménagerie de verre » de toute beauté), après avoir accueilli son spectacle « Brume de dieu », Miyagi a proposé à Claude Régy de venir travailler avec les acteurs du Spac (le Shizuoka Performing Arts Center) qu’il dirige.
Régy en est revenu enchanté avec un spectacle étrangement enchanteur, doux et poignant comme une neige recouvrant les tombes d’un cimetière, rêveur comme une nuit de pleine lune et habité par la mort (c’est le sujet de la pièce) comme jamais. Il est stupéfiant de voir comment les acteurs japonais appréhendent cela avec l’à-propos de l’évidence, le choix judicieux de la pièce (tout tourne autour de la mort d’un enfant) n’y est sans doute pas pour rien : le théâtre japonais est familier du royaume des morts.
Claude Régy ne parle pas le japonais, les acteurs de la troupe permanente du Spac ne parlent pas le français, mais le tutoiement théâtral (au demeurant, mieux vaudrait d’ailleurs parler de vouvoiement, tant le respect est ici un art premier) est immédiat, comme instinctif. On pourrait croire qu’ils travaillent ensemble depuis si longtemps que toute explication est devenu superflue, qu’un geste de la main, un grognement, une phase énigmatique suffissent à l’intime compréhension entre ces êtres.
Des mouvements « graves, lents, rares »
Car Claude Régy est aussi allé vers eux. Cette nouvelle version de la pièce de Maeterlinck est très différente de celle qu’il donna en 1985 au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Il est allé vers leur langue, peinture et poésie, vers leurs jardins, vers leur empire du signe, comme disait Barthes. Il s’est reconnu dans la façon dont les acteurs du Nô, ces morts-vivants, marchent sur un plateau en y glissant leurs petits pas. Une histoire d’amour. Oui, ils étaient faits pour se rencontrer. Assurément, Claude Régy, le plus grand des metteurs en scène japonais nés en France.
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« Intéreur » une pièce de Maurice Maeterlinck
Mise en scène : Claude Régy
Festival d »Avignon, salle de Montfavet, en japonais surtitré en français,18 heures, jusqu »au 27 juillet (sauf les 18 et 23)
Le spectacle viendra à la Maison de la culture du Japon à Paris, dans le cadre du Festival d »automne, du 9 au 27 septembre