— Par Selim Lander —
Le « PABE » – pour Plastik ArtBand Experimental, une association de plasticien.ne.s non-conformistes – occupe le paysage culturel martiniquais depuis une bonne dizaine d’années. Au fil des expositions de ce groupe à majorité féminine, on a pu découvrir des sensibilités artistiques très diverses, savantes ou naïves, des techniques sophistiquées ou plus frustes mais chez tous.tes le même enthousiasme, la même envie de laisser s’exprimer sa créativité. Ces artistes ont l’habitude de travailler ensemble depuis suffisamment longtemps pour faire groupe, ce qui n’empêche pas qui les a un peu fréquenté.e.s de reconnaître immédiatement la patte de chacun.e.
L’exposition collective qui vient de s’ouvrir à Tropiques- Atrium sous l’intitulé Tribulations archipéliques et qui se prolongera jusqu’au 10 novembre confirme cette diversité qui fait la richesse du groupe. Emmenés par les peintres Michèle Arretche et Marie Gauthier dont on connaît le métier, les « pabistes » ont abordé le thème de l’île en utilisant tous les procédés possibles, du tableau peint à l’ancienne sur une toile jusqu’à la vidéo en passant par la sculpture, la céramique, l’installation, le collage, la photo.
Pour les Martiniquais.e.s du PABE, l’île c’est d’abord leur île, moins la mythique Madinina que la Martinique d’aujourd’hui, l’île volcan, ou chaudron, l’île lourde de son histoire, l’île kaléidoscopique, embouteillée, mais tout autant les paysages aux couleurs éclatantes, les parures des cocotiers, la mer profonde.
Ces artistes sont modernes dans la mesure ou chez eux.elles la sensibilité poétique, l’expressivité l’emportent ici souvent – mais pas toujours – sur la quête du beau. La forme se met alors au service d’une idée qui étonne ou qui fait sourire, qui touche toujours. Il faut aller voir cette exposition pour l’imagination qui s’y déploie, la fantaisie qui n’empêche pas de toucher aux vérités qui importent.
Tribulations archipéliques, Tropiques- Atrium, du 8 octobre au 10 novembre 2018.