—Le metteur en scène et comédien Jérôme Savary est mort lundi soir des suites d’un cancer à l’âge de 70 ans, à l’hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, dans la banlieue parisienne, a annoncé mardi 5 mars sa famille.
Né le 27 juin 1942 à Buenos Aires dans une famille française exilée pour cause de pacifisme, Jérôme Savary est réfractaire à tout enseignement, dans la pampa comme à Paris, où il s’installe définitivement en 1964. Il suit les cours des Arts décoratifs, section fanfare, rythme bop. Il met en scène en 1965 ses premiers spectacles, Les Boîtes puis L’Invasion du vert olive. Proche du mouvement Panique, fondé par Topor, il met en scène Le Labyrinthe, d’Arrabal, au Sorano de Vincennes en 1966.
Ce boulimique et gourmet du théâtre populaire fonde, toujours en 1966, à Londres, le Grand Magic Circus avec lequel il monte divers spectacles, comme Zartan ou Superdupont. En 1982, il est président du Nouveau Théâtre populaire de Montpellier, où il reprend La Belle Hélène, monté à Paris en 1983, et dont il démissionne le 12 juin 1985. Grand défenseur de la démocratisation du théâtre, osant des mises en scène dépoussiérant les classiques, Jérôme Savary devient alors président du Centre dramatique de Lyon, où il crée Le Bal des cocus (1987).
PASSIONNÉ PAR OFFENBACH ET SHAKESPEARE
Hors, puis dans l’institution, Jérôme Savary multipliera les créations jusqu’en 1987, spectacles écrits ouvrant de larges plages à l’improvisation, mêlant toutes les formes d’expression à la musique – Cyrano de Bergerac en 1983, La Femme du boulanger en 1985 et les comédies musicales L’histoire du cochon qui voulait maigrir pour épouser Cochonette en 1984, Les aventures du cochon en Amazonie en 1985, Cabaret en 1987.
Passionné par Offenbach et Shakespeare, Jérôme Savary, cigare vissé à la bouche, a adapté aussi bien Jules Verne (Le Tour du monde en 80 jours en 1979) que Goscinny-Uderzo (Astérix en 1988).
Il signe par ailleurs de nombreuses mises en scène d’opéra en Europe – à la Scala de Milan (Anacréon ou l’amour fugitif, 1983), au festival de Bregenz, en Autriche (La Flûte enchantée en 1985, Les Contes d’Hoffman en 1988, Carmen en 1991), à Varsovie (Le Barbier de Séville en 1992) et au Grand Théâtre de Genève (La Périchole en 1982, La Veuve joyeuse en 1983, Le Voyage dans la Lune en 1985, La Vie parisienne en 1990).
Jérôme Savary est nommé directeur du Théâtre national de Chaillot en 1988. Jusqu’en 2000, il y montera D’Artagnan (1988), Le Bourgeois gentilhomme (1989), Le Songe d’une nuit d’été (1990), Fregoli (1991), Les Rustres (1992), La Nuit des rois (1992), La Mégère apprivoisée (1993), Aruro Ui (1994), Pierre Dac, mon maître soixante-trois (1994) et les comédies musicales Zazou (1990) et Marilyn Montreuil (1991). Il dirige ensuite l’Opéra-Comique, de 2000 à 2006.
Au cinéma, il a réalisé dans les années 1970 La Fille du garde-barrière et Le Boucher, la Star et l’Orpheline. Jérôme Savary était chevalier de la Légion d’honneur et des arts et des lettres.