Les 23, 24, 25 mars 2016 à 19 h 30 au TAC
Antonio, un riche marchand de Venise, décide d’emprunter trois mille ducats à l’usurier juif Shylock afin d’aider son ami Bassanio à gagner Belmont où il espère faire la conquête de la belle et riche héritière Portia.
Comme les autres prétendants, Bassanio doit se soumettre à l’épreuve que le père disparu de la jeune femme a imaginée, et choisir entre trois coffrets, d’or, d’argent, et de plomb. Au moment où il l’emporte sur ses rivaux, il apprend qu’Antonio ne peut rembourser sa dette à Shylock qui exige qu’en vertu du contrat une livre de chair soit prélevée sur le corps de son débiteur. Mais l’habileté de Portia, déguisée en jeune avocat, confond l’usurier et sauve Antonio. Shylock, ridiculisé, spolié et trahi par sa fille qui a rejoint le camp des chrétiens, s’en va seul tandis que les jeunes gens s’abandonnent à la félicité.
La vraie force de la pièce, c’est de nous mettre face à des êtres humains et de montrer comment, quelle que soit leur religion, ils
parviennent à s’entredéchirer dans des situations démesurées et à se transformer alors en animaux s’ils ne trouvent pas en eux une force qui les pousse à s’élever vers autre chose.
Note d’intention
Le charme du « Marchand de Venise » est de proposer une galerie de personnages qui sont tous troubles et ambivalents, attachants et haïssables à la fois.
Tout au long de mon travail, j’ai repris à mon compte la note d’intention d’Éric-Emmanuel Schmitt dans son adaptation du texte de hakespeare : « Le marchand de Venise porte toutes les tentations et toutes les tensions. Ses personnages sont des êtres humains avec toute leur complexité. C’est une pièce-débat. Une pièce est quelque chose qui provoque. Le théâtre à message est mort. Le théâtre doit être un réveille-matin de la pensée et des émotions. Ainsi, en sortant du Marchand de Venise on se pose simplement la question : qui a tort, qui a raison ? »
Pour aller dans ce sens, je me suis « limité » à raconter l’histoire écrite par Shakespeare, sans chercher à me poser en juge ou en avocat. Il me paraissait important que le débat se fasse, mais de lui-même, par le biais du spectateur, à la fin du spectacle. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai choisi de ne pas dater précisément l’époque dans laquelle se situe l’action, cherchant par là à préserver l’intemporalité du propos.
J’ai voulu confronter sur scène non pas un débat d’idées mais des êtres humains avec toutes leurs différences, leurs extrêmes, leurs douleurs, et concentrer mon point de vue sur l’histoire racontée par Shakespeare.
Mais il est évident que le débat aura lieu, et c’est tant mieux.
« Dans le Marchand de Venise comme dans d’autres pièces de Shakespeare, l’ambiguïté est au centre de l’oeuvre. Il y a des mises en regard et des jeux d’ironie : Shylock vu par les chrétiens, et les chrétiens vus par Shylock. Mais quel est le point de vue de Shakespeare ? Il n’y a pas de point de vue de Shakespeare. Il y a une pièce ».
Jean-Michel Déprats