— Par Jérôme Skalski —
Heidegger et le Golem du nazisme, de Maurice Ulrich. Éditions Arcane 17, 154 pages. 14 euros.
Pour qui s’aventure sur les chemins forestiers Holzwege que dessine la pensée de Martin Heidegger parmi la haute futaie de hêtres ou de pins de la philosophie allemande, les embûches sont nombreuses. Parmi elles, celles qu’il a lui-même dressées sur son passage. La méthode assure à ses prises de position théoriques la touche d’ésotérisme propice à attirer les esprits en manque de distinction ainsi que l’ambiguïté nécessaire à une pensée qui se camoufle pour mieux se dérober plutôt que de faire face à ses objecteurs. En publiant en cette rentrée son essai, Maurice Ulrich fait tout d’abord oeuvre utile en donnant aux non-spécialistes, aux jeunes lecteurs en particulier, l’indication de pistes critiques susceptibles de les détacher de l’atmosphère hypnotique des écrits du philosophe. L’auteur, qui se présente comme un non-professionnel en philosophie, prétend n’apporter d’originalité dans son propos qu’en tant que tel, en assumant le caractère personnel de son intervention, textes à l’appui.
« Les rapports de Heidegger au nazisme et à l’antisémitisme ne sont pas seulement une question de philosophie mais sont une interpellation adressée à chacun et à la conscience humaine », assène-t-il dès les premières pages de son ouvrage. La valeur de sa « modeste entreprise », comme il la présente lui-même, s’enracine dans sa combativité face à une philosophie dont les notions, loin d’être neutralisées par la critique savante ou prétendue telle, « sont aujourd’hui recyclables ». Ce n’est peut-être qu’un cri, loin de ces volumes imprimés « qu’on range entre deux dictionnaires », mais c’est par cela même qu’il est philosophique…
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