— Entretien réalisé par
Fara C. —
De retour de Jazz in Marciac où chacun a marqué les esprits, les deux musiciens se rejoignent à Uzeste musical.
Ils y poursuivront leur mission d’artistes : s’interroger, changer la société.
Archie Shepp retrouvera Bernard Lubat à Uzeste musical, lors de deux rendez-vous passionnants, le 18 août dans le cadre de l’« Artifice Opéra Fraternité » et, le lendemain, au sein du « Délibération Orchestra ». Le légendaire saxophoniste, dont la récente venue à Jazz in Marciac a créé l’événement, a embrasé le chapiteau gersois avec son Attica Blues Big Band, tandis que le maestro gascon et sa Cie Lubat, 12 août, ont fait de la scène de l’Astrada une tribune, où musique et verbe se sont élevés en joyeuse « lubarricade ». Discussion à bâtons rompus avec les deux amis.
Archie, vous venez de jouer Attica Blues à Jazz in Marciac, où vous avez dit au public que la situation n’a guère changé…
Archie Shepp Oui, plus de quarante ans après le massacre perpétré à Attica par les autorités, les mêmes problèmes persistent. Je dirais même que la situation a empiré. Au fil du temps, a été abandonnée l’idée que la prison puisse être une structure pour la réhabilitation et permettre à une personne de se reconstruire. Le système pénitentiaire américain s’est de plus en plus privatisé, jusqu’à devenir une grosse entreprise capitaliste.
Bernard Lubat Les Noirs se font tuer dans la rue, bonjour le rêve américain ! Mais, aussi, salut au cauchemar européen… Le Vieux Continent se ferme à la manière d’une forteresse. Quand au système carcéral, la France suit la même évolution qu’aux États-Unis. Le racisme monte en flèche. Les violences policières restent souvent impunies. Rien n’est réglé. Il faudrait tous les jours chanter Attica Blues.
Angela Davis a tôt dénoncé la dérive capitaliste des prisons…
Archie Shepp Elle avait raison. Angela Davis était une camarade de lutte. Je l’ai connue dans les années 1960, aux côtés de…