Le généticien Albert Jacquard est mort à l’âge de 87 ans, a annoncé jeudi 12 septembre son fils à l’AFP. Ce polytechnicien, né le 23 décembre 1925, a été emporté par une forme de leucémie, a-t-il précisé. Spécialiste de génétique, le chercheur était également connu pour ses engagements citoyens. Membre du Comité de consultation national d’éthique, cet apôtre de la « décroissance joyeuse » était président d’honneur de l’association Droit au logement (DAL).
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Issu d’une famille de la bonne société lyonnaise, il rejoint l’Institut national d’études démographiques (INED) en 1962. Mais il approche de la quarantaine et « s’aperçoit qu’on n’est pas éternel et qu’on ne veut pas gâcher sa vie à des choses dérisoires ». Il part étudier la génétique des populations dans l’université américaine de Stanford. Sa conscience politique, son combat contre les injustices, c’est aux Etats-Unis qu’il les forge. Les émeutes raciales et la naissance du mouvement hippie sur fond de protestation contre la guerre de Vietnam modifient sa vision du monde. De retour en France, il passe deux doctorats, en génétique et biologie humaine à l’INED. Il publie, en 1978, L’Eloge de la différence, un livre-manifeste contre les inégalités, qu’il n’a cessé de combattre jusqu’à sa mort.
Parallèlement à l’enseignement et son travail d’expert à l’Organisation mondiale de la santé, Albert Jacquard n’aura de cesse de démonter les arguments prétendument scientifiques des théories racistes et sera même témoin en 1987 au procès du nazi Klaus Barbie pour crimes contre l’humanité. Dans les années 1990, Albert Jacquard va mettre sa verve médiatique au service d’une autre cause : les mal-logés et les sans-papiers.