Le gâchis de l’eau dans les DOM

 

eauxLe Guadeloupéen dépense 1,71 € le m3 d’eau potable et 2,23 € s’il bénéficie d’un service public d’assainissement. Les 63 millions de m3 d’eau distribuée se perdent quasiment à moitié dans les canalisations, avant d’arriver au robinet de l’abonné. La consommation journalière domestique par habitant est de 206 litres. La gestion des services d’eau potable et d’assainissement est assurée en majorité en intercommunalité.
Les pertes sont très importantes
Plus de 262 millions de m3 sont distribués mais seulement 149 millions de m3 facturés en raison des volumes cédés gratuitement (1,5 % des volumes)1 et des pertes. Celles-ci sont très importantes et représentent entre le quart et près de la moitié de l’eau distribuée selon les départements.
La porosité du réseau, mesurée par l’indice linéaire de pertes2 est très importante. Ce sont ainsi 24 m3 par jour et kilomètre de réseau qui en moyenne n’arrivent pas aux robinets des usagers dans les départements d’outre-mer. Ces pertes s’expliquent en partie par la topographie, l’importance de l’activité sismique et l’étendue des communes. Pour y remédier les distributeurs doivent d’abord disposer de plans du réseau mis à jour. C’est le cas pour neuf communes sur dix, mais ces plans couvrent inégalement le territoire.
Ainsi les informations topographiques sont connues pour la totalité du réseau guyanais, mais seulement pour la moitié de celui de La Réunion. Aux Antilles, 67 % du réseau est décrit. Les distributeurs doivent également connaître l’état des canalisations. Une description précise des tronçons, de la localisation et de l’historique des interventions est nécessaire. Ces informations sur l’état du réseau n’existent pas en Guyane et peu en Martinique où elles ne couvrent qu’un sixième du réseau. À La Réunion et en Guadeloupe, 7 km de réseau sur 10 sont détaillés et les interventions sont peu ou prou connues, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Par ailleurs, aux Antilles, les distributeurs ont investi depuis la précédente enquête dans l’acquisition de système informatique avec géo référencement, ce qui les aide dans l’entretien du réseau.
Les deux tiers des communes des Dom ont mis en place un programme de renouvellement du réseau. Ces travaux sont longs et coûteux : huit communes concernées sur dix poursuivent d’ailleurs un programme déjà déclaré à la précédente enquête, mais le nombre de kilomètres ainsi renouvelés est faible au regard de la longueur totale du réseau.

Les habitants des départements d’outremer (Dom), sauf en Guyane, accèdent désormais autant à l’eau potable que les métropolitains. Le nombre d’abonnés au service de l’eau dans les Dom a crû plus vite que la population durant les trois dernières années. De plus en plus de logements sont raccordés à l’assainissement collectif. Tous ces investissements ont un coût. Le prix de l’eau a augmenté de près de 8 % par an sur cette période. L’organisation et la gestion du service public de l’eau sont intercommunales aux Antilles et demeurent à compétences communales à La Réunion.

De par leur climat tropical et l’importante pluviosité qui en résulte, leur insularité ou leur large façade maritime ainsi que leurs nombreux cours d’eau, les Dom sont les départements français où l’eau est l’élément naturel le plus prégnant. Ce parti¬cularisme s’exprime même dans le nom des communes qui pour près d’un sur dix y fait directement référence. Il y a cependant un fossé entre cette évidente richesse naturelle et la mise à disposition de la population. Les efforts impor¬tants consentis par les collectivités portent cependant leur fruit puisque l’accès au service public de l’eau se développe dans les départements d’outre-mer. Ainsi le nombre de logements non des¬servis en eau potable (1,9 %) diminue par rapport à la précé¬dente enquête réalisée en 2001 (3,5 %) et le nombre d’abonnés domestiques croît à un rythme supérieur de 2 points à celui du nombre d’habitants. Toutefois l’ac¬cès à l’eau potable n’est pas uniforme d’un département à l’autre. En Guyane, 4 % des logements dans les communes de plus de 10 000 habitants, et 40 % des logements dans les plus petites ne sont pas desservis en eau potable. En moyenne un logement sur huit en est privé (un sur sept à la pré¬cédente enquête). Aux Antilles, la proportion de logements non rac¬cordés à l’eau potable est désor¬mais très faible. Négligeable à la Martinique (0,2 % des logements), elle est réduite à 2 % en Guade¬loupe, soit près de trois fois moins qu’en 2001. À La Réunion moins de 1 % des logements ne sont pas raccordés et les efforts d’équi¬pement ont concerné les plus petites communes.

Les pertes sont très importantes

Plus de 262 millions de m3 sont distribués mais seulement 149 millions de m3 facturés en raison des volumes cédés gratuitement (1,5 % des volumes)1 et des pertes. Celles-ci sont très importantes et représentent entre le quart et près de la moitié de l’eau distribuée selon les départements. La porosité du réseau, mesurée par l’indice linéaire de pertes2 est très importante. Ce sont ainsi 24 m3 par jour et kilomètre de réseau qui en moyenne n’arrivent pas aux robinets des usagers dans les départements d’outre-mer. Ces pertes s’expliquent en partie par la topographie, l’importance de l’activité sismique et l’étendue des communes. Pour y remédier les distributeurs doivent d’abord disposer de plans du réseau mis à jour. C’est le cas pour neuf communes sur dix, mais ces plans couvrent inégalement le territoire. Ainsi les informations topographiques sont connues pour la totalité du réseau guyanais, mais seulement pour la moitié de celui de La Réunion. Aux Antilles, 67 % du réseau est décrit. Les distributeurs doivent également connaître l’état des canalisations. Une description précise des tronçons, de la localisation et de l’historique des interventions est nécessaire. Ces informations sur l’état du réseau n’existent pas en Guyane et peu en Martinique où elles ne couvrent qu’un sixième du réseau. À La Réunion et en Guadeloupe, 7 km de réseau sur 10 sont détaillés et les interventions sont peu ou prou connues, ce qui n’est pas le cas ailleurs. Par ailleurs, aux Antilles, les distributeurs ont investi depuis la précédente enquête dans l’acquisition de système informatique avec géo référencement, ce qui les aide dans l’entretien du réseau. Les deux tiers des communes des Dom ont mis en place un programme de renouvellement du réseau. Ces travaux sont longs et coûteux : huit communes concernées sur dix poursuivent d’ailleurs un programme déjà déclaré à la précédente enquête, mais le nombre de kilomètres ainsi renouvelés est faible au regard de la longueur totale du réseau.
par rapport à la précédente enquête à La Réunion, département d’outre-mer où la consommation est la plus importante avec 269 litres d’eau par jour et par habitant, et en Guadeloupe, 192 litres. En Martinique, la consommation domestique progresse avec 172 litres par jour (162 litres en 2001). Seule la Guyane augmente sa consommation domestique par habitant mais elle demeure cependant la plus faible des Dom : 124 litres contre 120 litres en 2001.
Le prix de l’eau est à la hausse pour huit domiens sur dix Les efforts consentis par les différents distributeurs pour améliorer la desserte ou moderniser le le réseau se répercutent sur le prix de l’eau potable qui augmente en moyenne de près de 6 % par an depuis 2001. Mais l’augmentation du coût de la collecte et du traitement des eaux usées est deux fois plus importante pour les consommateurs (11,5 % par an depuis 2001).
Au total le prix de l’eau pour les communes bénéficiant de l’eau potable et d’un assainissement collectif augmente en moyenne de 7,6 % par an dans les Dom depuis la précédente enquête, mais varie très différemment d’un département à l’autre :baisse en Guyane, hausses modérées à La Réunion et en Martinique et fort renchérissement en Guadeloupe où l’assainissement collectif progresse. Ainsi un domien sur cinq a vu sa facture d’eau augmenter de plus de 30 % en trois ans, alors qu’elle diminuait pour un habitant sur cinq. Ces disparités interdépartementales s’accompagnent d’une variabilité importante au sein même des départements. Elle tient à la grande hétérogénéité des territoires, tant du point de vue géographique que de celui de l’accès à la ressource. Les prix de l’eau vont de 1 à 7 en Guadeloupe où l’eau est plus chère dans les îles (Saint-Barthélemy, Saint Martin et Marie Galante) qu’en Guadeloupe continentale. L’écart est également important à La Réunion, de 1 à 6, en raison du prix très faible pratiqué dans certaines communes. En Guyane et à la Martinique, les habitants les moins favorisés paient l’eau deux fois à deux fois et demi plus chère que dans certaines communes.

Hausse des prix de l’eau rime avec baisse de la consommation
Dans les trois départements d’outre-mer où les prix de l’eau progressent entre les deux enquêtes, 53 % de la population concernée par une hausse de prix diminue sa consommation moyenne. A contrario pour plus de neuf Guyanais sur dix, la baisse du prix de l’eau va de pair avec une augmentation de la consommation.

L’organisation intercommunale des services de l’eau progresse aux Antilles

Depuis la précédente enquête, les communes des Antilles ont encore renforcé leur organisation intercommunale des services de l’eau.

Pour la production et la distribution d’eau potable, elle concerne maintenant 90 % des communes (75 % en 2001) sur les deux îles et touche dans une même proportion la population. En revanche, à La Réunion, la situation demeure inchangée avec une organisation entièrement communale. En Guyane, trois communes sur quatre, comme en 2001 optent pour une organisation intercommunale.

En ce qui concerne l’assainissement, l’organisation intercommunale du service de l’assainissement qui était déjà largement majoritaire en Guadeloupe, est désormais également de mise en Martinique où seule une commune gère elle-même ce service. En Guyane l’organisation communale prévaut. Si les communes s’organisent de plus en plus souvent entre elles, la gestion du service public d’eau potable demeure pour autant, comme en 2001, dans neuf communes des Dom sur dix confiée à un délégataire.

Par ailleurs, huit communes sur dix confient également la gestion de leur assainissement à un délégataire privé sous forme de contrat d’affermage.
L’assainissement collectif gagne du terrain au détriment des équipements individuels Sur le plan de l’assainissement, seule la Martinique dispose d’un réseau dans toutes ses communes.
Dans les autres départements, une commune sur quatre n’a pas d’assainissement. La part des logements raccordés à un réseau d’assainissement collectif
augmente depuis 2001 : quand seulement quatre logements sur dix étaient raccordés, désormais près de la moitié des logements dispose du tout-à-l’égout. C’est en Guadeloupe que le nombre de raccordements récents est le plus important: la part des non raccordés passe ainsi de 60 % à 45 % des logements.
Elle baisse également à La Réunion mais six logements sur dix demeurent non raccordés. Par conséquent, dans ces départements la proportion de logements équipés pour l’assainissement autonome régresse. En Guyane et en Martinique la moitié des logements, comme en 2001 sont raccordés à l’assainissement collectif.
Pascal Védie
Scees – Cellule de coordination
de la statistique agricole des
départements d’outre-mer