Le Fonds national de l’éducation en Haïti, un système mafieux de corruption créé par le PHTK néo-duvaliériste
— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
L’article de Jean Ronald Joseph paru en Haïti dans Le Nouvelliste du 16 avril 2024, « Le Fonds national de l’éducation dénonce une « campagne de dénigrement » et annonce des recours judiciaires », a surpris et estomaqué nombre de lecteurs. Cet article, bricolé à l’aune d’une molle paresse intellectuelle et dénué de la moindre perspective analytique, offre une tribune complaisante et à sens unique à Jean Ronald Joseph, l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation (FNÉ), sans donner en contrepartie la parole aux voix autorisées de la société civile haïtienne, notamment celles des enseignants œuvrant dans le secteur de l’éducation. Installé en décembre 2021 par le PHTK à la direction du Fonds national de l’éducation, Jean Ronald Joseph a inauguré le 16 avril 2024, lors d’une conférence de presse, un plaidoyer en défense de l’« intégrité » de son institution et dénoncé une « campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux » contre sa personne et des cadres » du FNÉ. À défaut de présenter des documents et témoignages assermentés attestant la véracité de cette présumée « campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux », le probe directeur du Fonds national de l’éducation s’est évertué à dénoncer les « allégations mensongères » circulant sur les réseaux sociaux [tout en] pointant du doigt la « politisation d’un dossier d’ordre administratif ». Le vertueux directeur du FNÉ a fait de cette conférence de presse la rampe de lancement d’une acrobatique campagne d’intimidation destinée à juguler toute contestation de sa gouvernance et, surtout, à évacuer toute évaluation, tout bilan, tout audit comptable accessible au public sur l’usage des fonds collectés par le FNÉ. Se voulant habile, la périlleuse campagne d’intimidation lancée par le directeur du Fonds national de l’éducation est parée de la toge du Droit à l’encontre des « détracteurs » qui récupèrent un « dossier administratif » à des « fins politiques ». Le vertueux directeur du FNÉ a également « annoncé des recours judiciaires contre ceux qui ont orchestré toute cette campagne, précisant qu’une enquête administrative et juridique est déjà en cours ». Jean Ronald Joseph a du même souffle informé qu’une demande a été faite à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif « pour un audit de la gestion de [son] administration durant les deux dernières années ». Pour sa part, le site Vant bèf info, relayant une information consignée sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, précise que « Le numéro un du FNE a informé que des actions en diffamation ont été engagées au niveau de la justice contre ses détracteurs. « Ces attaques ne sauraient entraver le fonctionnement du FNE. Nous continuerons à œuvrer en conformité avec les lois et les normes en vigueur », a assuré M. Joseph. (…) Dans le cadre du programme PROSGATE, le FNE paie près de 4 000 contractuels pour le compte du ministère de l’Éducation nationale. Le Fonds agit en tant que caissier. Et pour l’exercice en cours, le FNE a déjà autorisé des décaissements pour trois départements, a expliqué Jean Ronald Joseph » (site Vant bèf info : « Dossier FNE : Jean Ronald Joseph clarifie », 16 avril 2024).
Le communiqué daté du 16 avril 2024 et consigné sur le site officiel du Fonds national de l’éducation a pour titre « Intervention du Directeur général lors du point de presse du 16 avril 2024 ». On y apprend que « Depuis le début de l’année, le dossier de sabotage, par un ancien informaticien de l’institution, fait l’objet d’une politisation dans les médias, exposant ainsi au grand public des données sensibles d’État. Comme déjà annoncé, une enquête administrative est déjà en cours pour faire la lumière sur cette question et clarifier les mobiles de cette action. Cette manipulation et utilisation hors contexte de ces informations ont été mises à profit d’une campagne de dénigrement adressée contre la personne du Directeur général et des cadres compétents de l’institution ». De surcroît, contrairement à l’affirmation selon laquelle le FNÉ n’agirait qu’en tant que « caissier », il est attesté, sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, que « le FNE intervient aussi dans l’appui aux études, le financement de l’éducation et de projets éducatifs, l’appui à la cantine scolaire, l’acquisition du mobilier et [du] matériel didactique » (le souligné en gras est de RBO). Nous verrons plus loin dans le présent article si le site officiel du Fonds national de l’éducation fournit des informations chiffrées, mesurables et vérifiables éclairant ses interventions dans chacun de ces domaines… Et puisque, selon l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation cité dans l’« Intervention du Directeur général lors du point de presse du 16 avril 2024 », « Le FNE reconnait la nécessité de communiquer davantage sur son action [une] campagne d’information sera incessamment lancée pour pallier ce déficit auprès du public qui détient le droit de savoir ». Et puisque, d’autre part, selon le directeur du FNÉ « Personne n’est au-dessus de la loi, [en] cas d’irrégularités l’État prévoit les mécanismes de contrôle à travers les institutions compétentes », il sera utile de déterminer si le site officiel du Fonds national de l’éducation donne accès aux résultats obtenus au moyen de ces présumés mécanismes de contrôle… Il sera tout aussi utile de déterminer si le site officiel du ministère de l’Éducation nationale comprend des informations chiffrées, mesurables et vérifiables relatives à l’action du Fonds national de l’éducation en appui aux études, au financement de l’éducation et aux projets éducatifs, y compris l’appui à la cantine scolaire, à l’acquisition du mobilier et du matériel didactique…
Contrairement à la tribune complaisante et à sens unique offerte par Le Nouvelliste à Jean Ronald Joseph, l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation, sans donner en contrepartie la parole aux voix autorisées de la société civile haïtienne, notamment celles des enseignants, le site AlterPresse, dans son édition datée du 17 avril 2024, fournit en ces termes un éclairage informatif supplémentaire : « [Jean Ronald Joseph] informe avoir constitué un ensemble d’avocats pour traiter la question de la diffamation devant la justice haïtienne. Jean Ronald Joseph rapporte avoir adressé une correspondance formelle, demandant à la CSSCA de venir auditer sa gestion à la tête du FNE pendant ces deux dernières années. (…) Comme instance étatique, le Fonds national de l’éducation se plie aux exigences administratives. L’une des institutions de contrôle, qui réalise des audits pour le FNE, est la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA), rappelle-t-il » (voir l’article « Haïti-Justice : Le directeur général du FNE Jean Ronald Joseph rejette les accusations de corruption à son encontre », AlterPresse, 17 avril 2024). De manière fort pertinente et dans le même article, AlterPresse révèle qu’« Il existerait une vague de corruption à la direction générale du Fonds national de l’éducation, a révélé l’avocat militant Me. Caleb Jean-Baptiste, en conférence de presse le jeudi 28 mars 2024. Caleb Jean-Baptiste a pointé du doigt, dans ces actes de corruption, l’actuel directeur général du FNE, Jean Ronald Joseph, l’ancien député de Marigot, Déus Déronneth, et l’ancien secrétaire d’État à la communication, Eddy Jackson Alexis ». Le site tandans7.org, dans son édition du 16 avril 2024, révèle l’existence toute récente d’une pétition initiée par le juriste Caleb Jean-Baptiste, « Corruption au FNE : Une pétition lancée par Me Caleb Jean-Baptiste pour demander des comptes ». Cet article expose que « L’avocat haïtien Me Caleb Jean-Baptiste a lancé une pétition pour exiger des comptes dans l’affaire de dilapidation des fonds du Fonds national de l’éducation (FNE). Ces fonds proviennent notamment de la contribution de 1,50 $ de la diaspora et des frais sur les appels téléphoniques, des sources cruciales de financement pour le secteur éducatif en Haïti. Me Jean-Baptiste appelle la justice à prendre des mesures fermes pour lutter contre ce scandale de corruption, notamment en gelant les comptes bancaires et en saisissant les biens des personnalités impliquées dans le détournement des fonds. (…) Le détournement des fonds du FNE est un coup dur pour le secteur éducatif haïtien, car ces ressources étaient destinées à financer des projets essentiels pour le développement de la jeunesse du pays. La démarche de Me Jean-Baptiste vise à rendre justice et à garantir que les responsables de cette dilapidation rendent des comptes à la population haïtienne ».
Il y a lieu de noter que lors de la conférence de presse du directeur du FNÉ le 16 avril 2024 et à laquelle a assisté AlterPresse, Jean Ronald Joseph n’a fourni aucun document officiel attestant qu’il aurait demandé « à la CSSCA de venir auditer sa gestion à la tête du FNE pendant ces deux dernières années ». De surcroît, sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, très précisément aux rubriques « Notre action » et « Centre de presse », nous n’avons trouvé aucun document officiel attestant que l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation aurait entrepris la moindre démarche auprès de la CSSCA en vue d’un audit indépendant… Ces rubriques ne consignent pas non plus la moindre information attestant la véracité des allégations formulées en conférence de presse par le directeur du FNÉ le 16 avril 2024, à savoir qu’il aurait « constitué un ensemble d’avocats pour traiter la question de la diffamation devant la justice haïtienne ». Aussi, l’aventureuse campagne d’intimidation lancée le 16 avril 2024 par le directeur du Fonds national de l’éducation –même parée de la toge du Droit à l’encontre de présumés « détracteurs » qu’il s’est gardé d’identifier à visière levée–, semble être directement en lien avec la sous-culture de l’impunité qui gangrène la société haïtienne dans son ensemble. Elle semble tout aussi directement abouchée à la sous-culture duvaliérienne des « bandits légaux » promue par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste. NOTE – Sur les « bandits légaux », voir l’article de haute facture analytique de Laënnec Hurbon, sociologue, directeur de recherche au CNRS (Paris) et professeur à la Faculté des sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti, « Pratiques coloniales et banditisme légal en Haïti » (Médiapart, 28 juin 2020) ; voir aussi l’article « La philosophie du “bandit légal” en Haïti : de la verbalisation à la matérialisation », site Trip foumi, 10 avril 2022. Sur la problématique de l’impunité, voir le rigoureux « Mémoire portant sur la lutte contre l’impunité en Haïti » élaboré par le Collectif haïtien contre l’impunité et Avocats sans frontières Canada et présenté le 2 mars 2018 à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Voir aussi les différents rapports et communiqués d’Amnesty international, entre autres « Haïti : un nouveau pas vers la fin de l’impunité » (6 juin 2001) et « Haïti n’oubliera pas les violations commises dans le passé » (26 avril 2013). Voir également l’ample et fort bien documentée étude « Massacres cautionnés par l’État : règne de l’impunité en Haïti » réalisée par la Harvard Law School International Human Rights Clinic et l’Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (avril 2021).
Au creux de la tribune complaisante et à sens unique offerte par Le Nouvelliste à l’actuel directeur du Fonds national de l’éducation (FNÉ), que nous enseigne la réalité des faits observables et vérifiables ? En quoi consiste le FNÉ et quelle est sa mission ? Depuis sa création, le Fonds national de l’éducation a-t-il déjà présenté au moins un bilan comptable public –réalisé par une firme d’audit indépendante et/ou par l’ULCC (l’Unité de lutte contre la corruption) au nom de l’État haïtien–, des sommes colossales amassées puis distribuées dans le système éducatif national ? Le site officiel du Fonds national de l’éducation –qui affiche curieusement à sa page d’accueil la mention « Une Direction générale du ministère de l’Éducation nationale, ce qui est faux tant sur le plans juridique que sur le plan administratif »–, comprend quatre grandes rubriques qui, selon leur appellation, seraient destinées à informer : « L’institution », « Notre action », « Centre de presse » et « Ressources ». Nous y reviendrons plus loin dans cet article.
Le Fonds national de l’éducation et le PSUGO sont au sommet d’une vaste entreprise de corruption et de détournement des ressources financières de l’État dans le système éducatif national haïtien
Fonctionnant à ses débuts sans cadre légal, le Fonds national de l’éducation a été formellement créé par la loi du 17 août 2017 à l’initiative des deux principaux caïds du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, Michel Martelly et Laurent Lamothe qui, à plusieurs reprises, se sont publiquement attribué le titre combien révélateur de « bandits légaux ». Au chapitre des pratiques managériales des « bandits légaux » oeuvrant au sein du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste, le réputé site AlterPresse –édité en Haïti et réputé pour la rigueur de ses dossiers de presse–, fournit des données de première main sur le glorieux passé d’homme d’affaires en Afrique de Laurent Lamothe. Daté du 1er avril 2013, l’article d’AlterPresse, « Haïti-Politique : Laurent Lamothe se tourne vers la Côte d’Ivoire », informe que « Le gouvernement haïtien, via son premier ministre Laurent Salvador Lamothe, met le cap sur l’Afrique, particulièrement la Côte d’Ivoire. La « diplomatie d’affaires » est allée dire qu’Haïti est ouverte aux affaires, sur un continent où Lamothe a fait fortune avec sa multinationale Global Voice. Lamothe aurait thésaurisé une grande partie de sa fortune, sur le continent africain avec sa multinationale de télécommunications Global Voice ». Dans le même article, il est précisé que « Laurent Lamothe est considéré comme un escroc au Sénégal. Car ses principaux associés, dans sa compagnie Global Voice, sont actuellement en prison et lui-même se trouve sur une liste de personnalités recherchées », rapporte l’avocat Newton St-Juste, un des invités à l’émission « Ranmase » de la station privée Radio Caraïbes le samedi 30 mars 2013. Le Premier ministre serait [à la] recherche d’une « médiation monnayée » auprès du président ivoirien Alassane Ouatarra pour régler en douce ses « démêlés » avec la justice sénégalaise ».
Il est attesté que le Fonds national de l’éducation, vaste structure gangstérisée de « pompage » des ressources financières de l’État, créé par la loi du 17 août 2017, n’a jamais été inscrit au Budget officiel de l’État haïtien. Il est donc une structure opérationnelle échappant à tout audit du Parlement haïtien, institution de contrôle de l’action du gouvernement et qui a été atrophiée et frappée de caducité par le PHTK. Il est également attesté que le FNÉ n’a fait l’objet d’aucun audit comptable diligenté par l’ULCC (l’Unité de lutte contre la corruption) dans le contexte où la corruption endémique est un sujet majeur de société aussi bien en Haïti qu’à l’échelle internationale comme en témoigne Transparency International dans son étude intitulée « La corruption dans le secteur éducatif / Document de travail » (avril 2007). Pour mémoire il est utile de rappeler que « Le Fonds national de l’éducation (FNE) est un organisme autonome de financement de l’éducation, placé sous la tutelle du ministère chargé de l’éducation nationale et de la formation professionnelle et créé par la loi du 17 août 2017, parue au Moniteur n° 30 du vendredi 22 septembre 2017. Le FNE jouit de l’autonomie financière et administrative. Il est doté de la personnalité juridique et sa durée est illimitée » (source : site officiel du Fonds national de l’éducation).
De manière statutaire, le Fonds national de l’éducation a pour mission de participer à l’effort de l’éducation pour tous et de gérer les fonds destinés au financement de l’éducation. (…) [Le FNÉ] intervient dans plusieurs domaines, notamment la construction d’infrastructures, la rénovation des bâtiments scolaires, l’appui au Programme de cantines scolaires, le paiement des frais de scolarité, le paiement des frais pour les enseignants, la dotation d’équipements scolaires, le financement de projets éducatifs, l’appui aux études supérieures. (…) La présidence du conseil [d’administration du FNÉ] est assurée par le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, la vice-présidence par celui de l’Économie et des finances » (source : site officiel du Fonds national de l’éducation). [Le souligné en italiques est de RBO] L’apparition du Fonds national pour l’éducation au creux de la structuration de la corruption dans le système éducatif haïtien est un sujet majeur de société et comme tel ce « Fonds » a fait l’objet de diverses analyses. Il y a lieu de mentionner l’éclairage de Jesse Jean consigné dans son « Étude de l’aide internationale pour la réalisation de l’éducation pour tous en Haïti » – Thèse de doctorat, Université Paris-Est Créteil Val de Marne, 13 janvier 2017. Dans cette thèse de doctorat, Jesse Jean précise que « Le Projet de loi portant création, organisation et fonctionnement du Fonds national pour l’éducation (FNÉ) n’a jamais été ratifié par le Parlement haïtien. Ainsi, l’utilisation du FNÉ n’est toujours pas légale et les taxes sont prélevés tous les jours par l’État haïtien. Bref, en 2013, soit deux ans après la création du Fonds national pour l’éducation, les montants collectés par exemple sur les appels téléphoniques étaient évalués, d’après les chiffres indiqués par le Conseil national des télécommunications (le CONATEL) à 58 066 400, 63 dollars américains. Et les taxes prélevées sur les transferts d’argent entrants et sortants s’élevaient à plus de 45 238 095 dollars US » (Jesse Jean, op. cit., page 132). NOTE / Sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, il est précisé que ce « Fonds » a été créé par la loi du 17 août 2017 ; dans la thèse de doctorat de Jesse Jean, il est mentionné à la page 132 que le FNÉ aurait été créé en 2011… Il semble donc y avoir des divergences quant à la « date de naissance » du Fonds national pour l’éducation. Ainsi, dans l’article « Haïti : l’UNESCO salue la création d’un fonds national pour l’éducation », il est dit que « La Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Irina Bokova, s’est félicitée mardi de la création d’un Fonds national pour l’éducation (FNE), lancé par le Président d’Haïti récemment élu Michel Martelly. L’objectif de ce fonds, dont la création a été annoncée le 26 mai [2011], est de mobiliser les ressources financières afin de scolariser les enfants les plus défavorisés. Doté de 360 millions de dollars sur une période de cinq ans, ce fonds est le plus important jamais créé pour les enfants non scolarisés. Le FNE est un consortium multisectoriel qui réunit le gouvernement haïtien, le secteur privé, les institutions financières internationales et les organisations non gouvernementales (ONG). Il est financé majoritairement par le prélèvement de 0,05 dollar sur les appels internationaux entrants et de 1,5 dollar prélevé sur chaque transfert international de fonds. » (Source : ONU Info, 14 juin 2011 ; les italiques et gras sont de RBO). À ce chapitre, il ne faut pas perdre de vue que le FNE, consortium multisectoriel regroupant notamment les institutions financières internationales, n’est pas inscrit au budget de la République d’Haïti et n’est pas de ce fait soumis au contrôle du Parlement : il ne rend compte qu’au pouvoir politique détenu frauduleusement depuis onze ans par le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste…
Ce qui s’apparente à des divergences quant à la « date de naissance » du Fonds national de l’éducation –2011 plutôt que 2017–, recouvre la réalité que ce qui deviendra en 2017 un organisme d’État placé sous tutelle du ministère de l’Éducation nationale a commencé à fonctionner sans cadre légal en 2011. À cet égard, plusieurs questions de fond demeurent ouvertes : (1) quel est le montant total des sommes amassées par le FNÉ de 2011 à 2024 ? (2) Les sommes totales amassées par le FNÉ de 2011 à 2024 ont-elles fait l’objet, chaque année, d’un état financier (provenance des fonds, recettes et dépenses, pièces justificatives) ? Alors même que l’actuel directeur du FNÉ part en croisade contre une présumée « campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux » visant son institution, comment se fait-il qu’il n’ait jamais présenté (3) les états financiers (provenance des fonds, recettes et dépenses, pièces justificatives) du Fonds national pour l’éducation depuis son arrivée à la direction de cette institution en 2021 ? L’on a bien noté que lors de sa conférence de presse du 16 avril 2024, l’actuel directeur du FNÉ n’a présenté aucun document officiel intitulé « États financiers du Fonds national pour l’éducation » couvrant la période 2021 (date de son installation au poste de directeur) à 2024 : Jean Ronald Joseph devrait savoir que l’audit comptable qu’il croit pouvoir réclamer ne peut être conduit en l’absence des états financiers de son institution… (4) Quatrième question majeure : qu’est-ce qui justifie que les États financiers du Fonds national pour l’éducation, de 2011 à 2024, soient l’objet d’une totale omertà, d’un assourdissant « secret des tombes » ? (5) Cinquième question majeure : la nomination de Jean Ronald Joseph à la direction du Fonds national pour l’éducation est-elle constitutionnelle et juridiquement fondée ? Cette nomination n’aurait-elle pas dû être approuvée par le Parlement ? –il est vrai qu’en 2021 le Parlement avait déjà été « démantibulé » par le PHTK, mais le principe de la sanction parlementaire demeure fondé puisque la Constitution de 1987 est toujours en vigueur. Dans cette optique, il est fondé de soutenir que tous les actes administratifs posés par l’actuel directeur du FNÉ sont inconstitutionnels et illégaux –même s’ils ont été approuvés par le ministère de tutelle, le MENFP–, et l’actuel directeur du FNÉ ne dispose d’aucune provision légale pour engager « des actions en diffamation (…) au niveau de la justice contre ses détracteurs » comme il l’a annoncé durant sa conférence de presse le 16 avril 2024. Une sixième question doit aussi être posée : (6) la Constitution de 1987 et les lois en vigueur autorisent-t-elles un ministre à être président du Conseil d’administration d’une institution autonome d’État comme c’est le cas au FNÉ (« La présidence du conseil [d’administration du FNÉ] est assurée par le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, la vice-présidence par celui de l’Économie et des finances » (source : site officiel du Fonds national de l’éducation). Septième question majeure : (7) n’y a-t-il pas conflit d’intérêt lorsqu’un ministre, exerçant un droit de tutelle sur une institution d’État, est en même temps le président du Conseil d’administration de cette institution ? Cette septième question majeure doit être mise en perspective sur le registre de la déontologie de la gouvernance d’autant plus que le ministre de facto de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, a dernièrement occupé le poste de président du Comité de gouvernance, d’éthique, du risque et du financement du Partenariat mondial pour l’éducation… En amont de la rédaction du présent article, nous avons lu attentivement le texte de la « Loi portant création organisation et fonctionnement du Fonds national de l’éducation » (Le Moniteur numéro 30, 22 septembre 2017). Dans ce document, nous n’avons trouvé aucune trace de la justification et/ou de la légalité de la nomination d’un ministre, celui de l’Éducation en particulier, au poste de président du Conseil d’administration d’une institution autonome d’État comme c’est le cas au FNÉ… Au chapitre 1 article 2, page 36 de la « Loi portant création organisation et fonctionnement du Fonds national de l’éducation », il est précisé que le FNÉ est placé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale : aucune mention n’est faite de la nomination du ministre de tutelle au poste de président du Conseil d’administration du Fonds national d’éducation…
Vaste structure de « pompage » et d’escroquerie des ressources financières de l’État haïtien, le Fonds national de l’éducation a été l’objet de nombreuses dénonciations citoyennes comme nous l’avons exposé plus haut dans cet article. Ainsi, « Depuis sa création, le Fonds national de l’éducation a (…) fait l’objet de vives critiques notamment pour sa gestion occulte. En effet, personne ne sait avec précision combien d’argent a déjà été collecté au nom de cet organisme par la Banque centrale et le CONATEL (Conseil national des télécommunications). L’absence de transparence dans la gestion du FNÉ a même suscité l’inquiétude de certains secteurs de la société civile. À ce propos, voici ce que le dirigeant de l’initiative de la société civile (ISC) Rosny Desroches eut à déclarer le 7 aout 2012 : « L’orientation que prend ce Fonds nous inquiète en tant que citoyen, car elle va dans le sens de la concentration des pouvoirs aux mains de l’Exécutif, de l’affaiblissement du Ministère et de la négation des principes démocratiques de participation, de contrôle, de transparence, d’équilibre des pouvoirs » (…) Initialement, lorsque le chef de l’État [Michel Martelly] a lancé le Fonds national de l’éducation, il projetait de collecter au moins 180 millions de dollars sur les appels téléphoniques et le même montant sur les transferts pendant une période de cinq ans. Ce qui revient à dire qu’il voulait collecter un montant de 360 millions de dollars sur cinq ans pour scolariser 1, 5 million de jeunes haïtiens privés d’éducation. Et selon les calculs faits par le pouvoir, quand il combine les deux taxes, celles-ci devraient rapporter au moins 8 millions de dollars par mois pour alimenter le FNÉ. (…) Le 30 septembre 2011, le principal conseiller de Michel Martelly en éducation, George Mérisier (…) a annoncé que 28 millions de dollars US avaient déjà été collectés dans le cadre du financement du Fonds national de l’éducation. (…) Le vrai scandale éclatera lorsque, le 7 janvier 2012, dans un article du New York Times, Denis O’Brien, fondateur de la Digicel a déclaré que sa compagnie avait déjà versé 11.1 millions de dollars américains au CONATEL. Il a indiqué également qu’il en avait parlé au président Martelly des rumeurs concernant les 26 millions de dollars manquants et qu’il allait en faire une affaire personnelle. Il réclame un audit. Dans une note rendue publique le 10 janvier 2012, la compagnie confirme les déclarations du patron et annonce que le virement des frais de décembre se ferait le 20 janvier pour un montant de 1.945 million de dollars américains. Ce qui porte à 13 millions de dollars américains le montant total des frais versés seulement par la Digicel au CONATEL sans compter les autres opérateurs téléphoniques présents sur le marché haïtien » (New York Times, 7 janvier 2012, cité dans l’article « Où est l’argent du Fonds national de l’éducation ? », Haïti liberté, 29 janvier 2013). Toujours au chapitre des recettes amassées par le Fonds national de l’éducation, Joseph Frantz Nicolas, le directeur général sortant du ministère de l’Éducation, a publiquement déclaré « qu’avec un peu plus de 7 milliards 521 millions de Gourdes versées dans ce Fonds, plus de 5 milliards 513 millions ont été investis de 2018 à 2021 dans divers chantiers et programmes résumant l’utilisation de ces fonds durant ses 3 ans en poste » (voir l’article « Haïti – Éducation : Fonds national de l’éducation, 5 milliards 1/2 investi en 3 ans », Haïti liberté, 22 décembre 2021). Joseph Frantz Nicolas n’a toutefois fourni aucune information documentée sur un éventuel audit comptable de l’utilisation de ces énormes recettes qui, faut-il encore le rappeler, ne sont pas inscrites dans le Budget de l’État haïtien et ne sont l’objet d’aucun contrôle du Parlement.
La saga du Fonds national de l’éducation créé par le PHTK néo-duvaliériste rappelle celle instituée par le dictateur François Duvalier pour asseoir un vaste système de corruption et de « pompage » des ressources financières du pays à travers la Régie de tabac et des allumettes dès le milieu des années 1960. L’une des caractéristiques opérationnelles de cette régie de la dilapidation gangstérisée était l’utilisation d’un « compte non-fiscal » créant un monopole du tabac. Ce dispositif a par la suite été instrumentalisé dans d’autres entreprises gouvernementales qui ont servi de caisse noire et sur lesquelles aucun bilan n’a été trouvé. Dans son célèbre ouvrage « Idéologie de couleur et classes sociales en Haïti » (Presses de l’Université de Montréal, 1987), la sociologue Micheline Labelle nous enseigne qu’« une grande part des recettes extra-budgétaires, provenant surtout de la Régie du tabac et des allumettes et représentant au moins 40% des recettes totales de l’État, alimente largement les dépenses en frais militaires non encourues par le budget de la défense (Girault, 1975 : 62). On sait que cet organisme est le grand pourvoyeur de fonds du budget de répression et que le gouvernement refuse encore la fiscalisation de ses comptes, en dépit des demandes de rationalisation administrative [p. 30] de tous les organismes internationaux à ce jour ». De la Régie de tabac et des allumettes à l’actuel Fonds national de l’éducation qui n’est pas soumis au moindre contrôle du Parlement haïtien au demeurant asphyxié par le PHTK, la filiation duvaliériste est historiquement établie et une telle donnée historique ne figure certainement pas dans les critères d’attribution par l’International des importantes sommes transférées à Haïti dans le domaine de l’éducation. Il importe de rappeler que l’actuel titulaire de facto de l’Éducation nationale –brillant économiste de formation, familier des procédures de gestion administrative internationale et fort de son passage à la présidence du Comité de gouvernance, d’éthique, du risque et du financement du Partenariat mondial pour l’éducation–, n’est pas sans savoir qu’il y a une parenté historique directe entre la Régie de tabac et des allumettes et le Fonds national de l’éducation. Sur ce registre, il y a communauté de vue parmi les meilleurs spécialistes haïtiens qui constatent que l’« amnésie sélective » pratiquée d’une main de maître par l’actuel ministre de facto de l’Éducation nationale dans le dossier du Fonds national de l’éducation fait de lui la caution intellectuelle de la stratégie du PHTK dans la reproduction de la corruption systémique au sein du système éducatif national.
Dans le déroulé du présent article, nous avons exposé et exemplifié la réalité que le Fonds national de l’éducation est au sommet d’une vaste entreprise de corruption et de détournement des ressources financières de l’État dans le système éducatif national haïtien. Les sommes colossales engrangées par le Fonds national de l’éducation, plus haut citées, n’ont fait l’objet d’aucun bilan chiffré sur le mode d’un tableau récapitulatif assorti d’un audit comptable public et consultable. Il s’agit, tel que précisé plus haut, de : 180 millions de dollars sur les appels téléphoniques, 360 millions de dollars sur cinq ans, 8 millions de dollars par mois pour alimenter le FNÉ, 28 millions de dollars US, les 11.1 millions de dollars américains versés au CONATEL, puis 13 millions de dollars américains versés seulement par la Digicel au CONATEL (New York Times, 7 janvier 2012, cité dans l’article « Où est l’argent du Fonds national de l’éducation ? », Haïti liberté, 29 janvier 2013). À ces sommes colossales s’ajoutent plus de 7 milliards 521 millions de Gourdes versés dans ce Fonds et plus de 5 milliards 513 millions de Gourdes investis de 2018 à 2021 dans divers chantiers et programmes (voir l’article « Haïti – Éducation : Fonds national de l’éducation, 5 milliards 1/2 investi en 3 ans », Haïti liberté, 22 décembre 2021).
Sur le registre de la reddition des comptes que la société haïtienne a le droit d’exiger des administrateurs du Fonds national de l’éducation et de son ministère de tutelle, le MENFP –où règnent à ciel ouvert comme à pas feutrés la corruption et la dilapidation des ressources financières de l’État–, nous avons effectué une consultation méthodique du site officiel du Fonds national de l’éducation, en particulier à la rubrique « Notre action ». Celle-ci comprend les sous-rubriques « Infrastructures scolaires », « Financement de l’éducation », « Carte des interventions » et « Événements ». Il est hautement significatif que la sous-rubrique « Infrastructures scolaires » du site officiel du Fonds national de l’éducation ne présente aucun tableau récapitulatif de la totalité des interventions présumées du FNÉ dans le domaine des infrastructures scolaires de 2017 à 2024 (nombre total des interventions, nature et localisation des interventions, durée et coût réel de chacune des présumées interventions). L’information privilégiée à la rubrique « Notre action » est plutôt de nature déclarative et les réalisations présumées, objet de « reportages », ne sont nullement attestées par une documentation consultable (exemple de reportage sur le site du FNÉ : « Le FNE supervise plusieurs chantiers d’infrastructure dans le Grand Sud », 17 novembre 2023).
Quant à elle, la sous-rubrique « Financement de l’éducation » ne présente aucun tableau récapitulatif de la totalité des interventions présumées du FNÉ au chapitre du financement de l’éducation de 2017 à 2024. Or c’est précisément à ce chapitre que se nouent toutes LES STRATÉGIES D’INVISIBILISATION de la corruption et du détournement des ressources financières du secteur de l’éducation en Haïti : RENDRE INVISIBLES ET NON TRAÇABLES LES DIVERSES OPÉRATIONS DE DÉTOURNEMENT DES RESSOURCES FINANCIÈRES DU SECTEUR DE L’ÉDUCATION CONSISTE À LES MAQUILLER, À LES RENDRE INDISPONIBLES, À LES SOUSTRAIRE À DES AUDITS COMPTABLES… Sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, la sous-rubrique « Financement de l’éducation » a souvent recours à des « reportages de divertissement », aux « promenades d’inspection de chantiers » du directeur du FNÉ plutôt qu’à l’exposé documenté et analytique de la gestion financière de la totalité des interventions présumées du FNÉ de 2017 à 2024 : c’est précisément en cela que réside l’opacité managériale du Fonds national de l’éducation, c’est sur ce registre que son « système dilapidateur » trouve son ancrage le plus… payant. À ce niveau et sur le plan historique, le « « système dilapidateur » –tel que modélisé au Fonds national de l’éducation, comme d’ailleurs au PSUGO–, appartient à la même cordée que celui de la Régie de tabac et des allumettes de François Duvalier, aux « Petits projets de la Présidence » des gran manjè lavalassiens, aux projets « Ede Pep » et « Carte rose d’assurance santé à la population » du PHTK de Martelly/Lamothe, ainsi qu’au tout aussi faramineux et démagogique projet « Elektrisite 24/24 » de Jovenel Moïse… Il y a lieu toutefois de noter que le « système dilapidateur » modélisé au Fonds national de l’éducation se démarque des autres, que nous venons de citer, par son ancrage dans une conjoncture où le PHTK néo-duvaliériste a profondément « démantibulé », atrophié et rendu caduques les institutions régaliennes de l’État, avec pour point d’orgue l’hyper centralisation des trois pouvoirs (l’exécutif, le parlementaire et le judiciaire) aux mains d’un seul homme, Ariel Henry, l’homme de paille du secteur le plus mafieux du PHTK lié aux gangs violents qui aujourd’hui sèment la terreur sur l’ensemble du territoire national.
Le « système dilapidateur » modélisé au Fonds national de l’éducation est également à l’œuvre dans le scandale du détournement massif des fonds du programme Petrocaribe à l’échelle du pays tout entier. Ainsi, « La Cour supérieure des comptes d’Haïti déplore, dans un nouveau rapport publié lundi, la gestion frauduleuse et souvent illégale, par les divers ministères et administrations, de centaines de millions de dollars d’aide offerts par le Venezuela entre 2008 et 2016 (voir l’article « Corruption : la Cour des comptes étrille le pouvoir haïtien », La Presse, Montréal, 17 août 2020). Le même article précise que « Les six gouvernements haïtiens qui se sont succédé depuis 2008 ont lancé pour près de deux milliards de dollars de projets sans, le plus souvent, se soucier des principes de base de la gestion de fonds publics (…) ». L’information véhiculée par la presse haïtienne et étrangère confirme la réalité du « système dilapidateur » dans la gestion des fonds du programme Petrocaribe. Ainsi, « (…) la Cour supérieure des comptes d’Haïti (CSCCA) a publié une enquête de 600 pages portant sur des dépenses de plus de 2,3 milliards de dollars liées à Petrocaribe entre 2008 et 2016, date à laquelle Jovenel Moïse a finalement remporté la présidence. Le rapport fait état de près de 2 millions de dollars de paiements douteux versés à Jovenel Moïse fin 2014 et début 2015. Le plus important versement a eu lieu quelques jours à peine après son enregistrement comme candidat à la présidence du parti au pouvoir » (voir l’article de Jake Johnston, « Les ramifications internationales du scandale Petrocaribe », Center for Economic and Policy Research, 11 juin 2019).
Dans ce contexte, il est peu vraisemblable que dans un pays gangréné par la corruption au plus haut niveau de l’appareil d’État, l’ULCC (l’Unité de lutte contre la corruption) ou la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif soient « autorisées » par le PHTK à enquêter sur des malversations financières dans le secteur de l’éducation en dépit de leur dénonciation publique par des institutions de la société civile et par la presse locale. Sur le registre de la « sous culture de l’omertà » et de l’impunité que cultive le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans l’Administration publique haïtienne, il est nécessaire de rappeler l’unique prise de position publique du ministre de facto de l’Éducation nationale Nesmy Manigat enregistrée par la presse haïtienne au sujet du PSUGO, la seconde vaste entreprise de corruption et de détournement des ressources financières de l’État dans le système éducatif national haïtien : « Le ministre de l’Éducation Nationale, Nesmy Manigat, affirme que les 85 directeurs d’écoles récemment épinglés pour corruption dans le cadre du PSUGO ne représentent qu’une infirme partie des détournements de fonds publics dans le secteur éducatif. » Et sans identifier les mécanismes institutionnels de ces détournements de fonds publics, il a précisé que « Plusieurs centaines d’écoles sont impliquées dans ces détournements (…) rappelant que les directeurs corrompus ont des connexions au sein du ministère de l’Éducation » (voir l’article « Important réseau de corruption au sein du PSUGO », Radio Métropole, 13 juillet 2015). Les directeurs d’écoles épinglés et leurs contacts opérationnels au sein du ministère de l’Éducation nationale n’ont pas été identifiés et encore moins traduits en justice : ils ont bénéficié de l’obscure impunité qui gangrène le corps social haïtien ainsi que les institutions du pays. La presse haïtienne a bien noté que dès son retour, en novembre 2022, à la direction du ministère de l’Éducation nationale, le même Nesmy Manigat a vite fait de reconduire le décrié PSUGO qu’il ne s’était pas privé ponctuellement de dénoncer en juillet 2015… La « super vedette » médiatique et ministre de facto de l’Éducation nationale Nesmy Manigat –qui a dans un passé récent a dirigé le Comité de gouvernance, d’éthique, du risque et du financement au Partenariat mondial pour l’éducation–, a certainement une lecture très sélective des exigences politiques de la « sous culture de l’omertà » au pays du « sa je pa wè, bouch pa pale »… Et tel que nous l’avons explicitement exposé plus haut dans cet article, l’« amnésie sélective » pratiquée d’une main de maître par l’actuel ministre de facto de l’Éducation nationale dans le dossier du Fonds national de l’éducation fait de lui la caution intellectuelle de la stratégie du PHTK néo-duvaliériste dans la reproduction de la corruption systémique au sein du système éducatif national. À ce chapitre, il ne faut pas perdre de vue que selon la loi du 17 août 2017, la présidence du Conseil d’administration du Fonds national d’éducation est assurée par le ministre de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle et la vice-présidence par celui de l’Économie et des finances » (source : site officiel du Fonds national de l’éducation).
L’économiste et historien Leslie Péan est l’auteur de l’article « Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien (2 de 3) » (site alainet.org, 18 juin 2015). Dans ce texte d’une grande amplitude analytique, Leslie Péan expose que « Le pillage systématique des deniers publics a également touché le secteur de l’éducation avec le détournement des fonds estimés à 100 millions de dollars l’an, collectés à partir d’une taxe de 5 centimes (0.05 $) sur chaque appel téléphonique entrant et 1.50 $US sur chaque transfert monétaire. Dès la première année, 766 fausses écoles ont été créées et financées dans le cadre du prétendu Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO). Ce programme a été totalement improvisé et il n’est pas muni des garde-fous nécessaires. Le ministère de l’Éducation nationale est souvent dans le rouge et n’arrive pas à payer les écoles participant au PSUGO. En 2015, pour justifier les retards enregistrés au niveau des paiements des écoles participant au PSUGO, le gouvernement pleurniche en prétendant qu’il n’a reçu que 44 millions de dollars des 100 millions qui avaient été prévus. Aucun audit indépendant n’est venu prouver cette assertion. (…) Selon un rapport réalisé en 2015 par l’Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (UPEPH), « le PSUGO subventionne plus de 2 500 écoles fantômes. Ces dernières sont créées par des délégués départementaux, des députés du Bloc pour la stabilité et le progrès (PSP), des sénateurs pro-gouvernementaux et des partis du gouvernement. Le rapport indexe en des termes pour le moins cinglants Kenston Jean-Baptiste, député du Cap-Haitien, qui a pistonné 44 écoles du Nord, comptabilisant 812 bénéficiaires. Dans le Sud, poursuit le rapport, sur les 79 établissements privés subventionnés par le PSUGO, 73 sont référencés par des députés. « Il y a six départements du pays où les parlementaires sont beaucoup plus impliqués dans les cas de fraude du PSUGO : la Grande-Anse, le Sud, le Nord, l’Artibonite et le Nord-Ouest » indique le document ». [Le souligné en gras et italiques est de RBO]
Vaste opération de corruption et de détournement de fonds publics, le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire, le PSUGO, a été lancé en 2011 par le PHTK néo-duvaliériste. Pour mémoire, il y a lieu de rappeler que le PSUGO a été publiquement soutenu et promu par l’un des Ayatollahs du créole dans la Revue transatlantique d’études suisses, 6/7, 2016/17 . Son auteur soutient aventureusement qu’« Il existe déjà de louables efforts pour améliorer la situation en Haïti, où une éducation de qualité a traditionnellement été réservée au petit nombre. Un exemple récent est le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO) lancé par le gouvernement haïtien en 2011 dans le but de garantir à tous les enfants une scolarité libre et obligatoire. » Cet appui public a également été promu dans une vidéo propagandiste du même Ayatollahs du créole vantant les prétendues vertus « pédagogiques » du PSUGO, l’un des programmes-phare du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste. Dans cette vidéo datée du 5 juin 2014, il soutient frauduleusement que « Gras a pwogram PSUGO a 88% timoun yo rive al lekòl ann Ayiti »…
Le PSUGO a été unanimement dénoncé par les enseignants et de nombreux secteurs de la société civile en Haïti : des associations d’enseignants, des directeurs d’écoles et des regroupements de parents d’écoles ont en effet publiquement mis en lumière les malversations systémiques qui ont lieu au PSUGO, comme en font foi plusieurs articles issus d’observations de terrain et parus dans la presse en Haïti : « Le Psugo, une menace à l’enseignement en Haïti ? (parties I, II et III) – Un processus d’affaiblissement du système éducatif », Ayiti kale je (Akj), AlterPresse, Port-au-Prince, 16 juillet 2014. Voir aussi sur AlterPresse la série d’articles « Le PSUGO, une catastrophe programmée » (parties I à IV), 4 août 2016. Voir également les articles fort bien documentés de Charles Tardieu : « Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti », Port-au-Prince, 30 juin 2016, et « Le PSUGO et l’obligation de scolarisation universelle – Catastrophe programmée et violation des droits de la nation et de ses enfants », Academia.edu, juin 2016 ; voir aussi l’article « Le système éducatif haïtien à l’épreuve de malversations multiples au PSUGO » (par Robert Berrouët-Oriol, Le National, Port-au-Prince, 24 mars 2022).
En début d’article nous avons relaté que le directeur du FNÉ, Jean Ronald Joseph, a « annoncé des recours judiciaires contre ceux qui ont orchestré toute cette campagne [et précisé] qu’une enquête administrative et juridique est déjà en cours ». Il a également informé qu’une demande a été faite à la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif « pour un audit de la gestion de [son] administration durant les deux dernières années ». Sur le site officiel du Fonds national de l’éducation, nous n’avons trouvé nulle trace de documents administratifs attestant la véracité de ces vertueuses déclarations, et plusieurs hypothèses devront sans doute être examinées à ce sujet. L’une d’elles est le momentum, le contexte politique dans lequel le directeur du FNÉ a choisi de faire son intervention publique alors que les écoles et les universités sont fermées au pays. Le contexte est celui du chaos sécuritaire actuel, de la mainmise violente des gangs armés sur de larges portions du territoire national, celui où le gouvernement PHTKiste d’Ariel Henry a reçu une « nouvelle feuille de route » de ses tuteurs internationaux par l’entremise d’un club affairiste dénommé CARICOM, celui où le gouvernement PHTKiste, plus virtuel et « aux ordres » qu’à l’accoutumée, est présenté comme « démissionnaire » et devant céder la place à un erratique « Conseil présidentiel de transition » qui n’est pas sans rappeler le CNG néo-duvaliériste imposé à Haïti par le Département d’État américain après la défaite de la dictature de Jean-Claude Duvalier en 1986. Sentant le vent tourner et pressentant que ceux qui, au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste l’ont nommé au poste de directeur du FNÉ auraient déjà fait leurs valises, Jean Ronald Joseph aurait résolu de prendre les devants et chercherait à se refaire une « virginité » politique et gestionnaire en obtenant « décharge » de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif… Dans la sous-culture kleptocratique amplement répandue en Haïti, la « décharge » est un sésame, un passeport, une sorte d’armure providentielle capable d’invisibiliser la corruption…
Il faut prendre toute la mesure que la question de la corruption et de l’impunité dans le système éducatif national haïtien n’est pas un épiphénomène ou un fait mineur de société ou une survivance collatérale accessoire de pratiques gestionnaires déficientes dont les ravages, connus et amplement diagnostiqués, pourraient comme par miracle être surmontés par des déclarations qui se veulent vertueuses sans viser les causes. Les trois millions d’élèves en cours de scolarisation dans les 17 000 écoles du pays ont droit à une École de qualité, inclusive et citoyenne, respectueuse des droits linguistiques de tous les locuteurs. Pilier et vivier de l’avenir du pays, l’éducation n’est pas une marchandise à vendre au plus offrant et en toute impunité. Elle doit cesser d’être la « station de pompage » des revenus illicites des « contrebandiers brasseurs d’affaires » nationaux embusqués dans ou en poste à la direction du ministère de l’Éducation nationale, du Fonds national de l’éducation et du PSUGO : l’éducation est un droit explicitement consigné à l’article 32 de la Constitution de 1987, et à ce titre elle est également un combat citoyen.
Montréal, le 19 avril 2024
Haiti’s national education fund, a mafia system of corruption created by the neo-duvalierist PHTK
By Robert Berrouët-Oriol,
linguist-terminologist,
Montreal, April 19, 2024
Jonasson Odigène ‘s article in Haiti’s Le Nouvelliste of April 16, 2024, » Le Fonds national de l’éducation dénonce une « campagne de dénigrement » et annonce des recours judiciaires « , surprised and stunned many readers. This article, cobbled together in a spirit of intellectual laziness and devoid of the slightest analytical perspective, offers a complacent, one-sided platform to Jean Ronald Joseph, the current director of the National Education Fund / Fonds National de l’éducation (FNÉ), without in return giving a voice to the authorized voices of Haitian civil society, notably those of teachers working in the education sector. Installed in December 2021 by the PHTK at the head of the Fonds national de l’éducation, Jean Ronald Joseph inaugurated on April 16, 2024, at a press conference, a plea in defense of the « integrity » of his institution and denounced a « smear campaign on social networks » against his person and executives » of the FNÉ. Failing to present sworn documents and testimonials attesting to the veracity of this alleged « smear campaign on social networks », the probe director of the National Education Fund went to great lengths to denounce the « false allegations » circulating on social networks [while] pointing the finger at the « politicization of an administrative matter ». The virtuous director of the FNÉ used this press conference as the launch pad for an acrobatic campaign of intimidation designed to curb any challenge to his governance and, above all, to evacuate any publicly accessible evaluation, balance sheet or accounting audit on the use of funds raised by the FNÉ. The perilous campaign of intimidation launched by the Director of the National Education Fund was cleverly dressed up in the robes of the law, and aimed at « detractors » who were using an « administrative file » for « political ends ». The virtuous director of the FNÉ also « announced legal proceedings against those who orchestrated this whole campaign, specifying that an administrative and legal investigation is already underway ». In the same breath, Jean Ronald Joseph informed that a request had been made to the Superior Court of Accounts and Administrative Litigation « for an audit of the management of [his] administration over the last two years ». For its part, the Vant bèf info website, relaying information recorded on the official website of the Fonds national de l’éducation, states that « The number one of the FNE has informed us that defamation proceedings have been initiated at legal level against his detractors. « These attacks will not hinder FNE’s operations. We will continue to operate in compliance with the laws and standards in force », Mr. Joseph assured. (…) As part of the PROSGATE program, FNE pays nearly 4,000 contract employees on behalf of the Ministry of National Education. The Fund acts as cashier. And for the current fiscal year, FNE has already authorized disbursements for three departments, explained Jean Ronald Joseph » (Vant bèf info website: » Dossier FNE: Jean Ronald Joseph clarifies « , April 16, 2024).
The press release dated April 16, 2024 and recorded on the official website of the Fonds national de l’éducation is entitled » Intervention du Directeur général lors du point de presse du 16 avril 2024 « . It states that « Since the beginning of the year, the case of sabotage, by a former computer scientist of the institution, has been politicized in the media, exposing sensitive state data to the general public. As already announced, an administrative investigation is already underway to shed light on this issue and clarify the motives behind this action. This manipulation and out-of-context use of this information has been used as part of a smear campaign directed against the person of the General Manager and the institution’s competent executives ». What’s more, contrary to the assertion that the FNÉ acts solely as a « cashier », the official website of the Fonds national de l’éducation attests that » the FNE is also involved in supporting studies, financing education and educational projects, supporting school canteens, and acquiring furniture and teaching materials » (bold underlining by RBO). We’ll see later in this article whether the official website of the Fonds national de l’éducation provides quantified, measurable and verifiable information shedding light on its interventions in each of these areas… And since, according to the current Director of the Fonds national de l’éducation quoted in the » Intervention du Directeur général lors du point de presse du 16 avril 2024 « , « FNE recognizes the need to communicate more about its action [an] information campaign will be launched shortly to make up for this deficit with the public, which holds the right to know ». And since, according to the Director of the FNE , « No one is above the law, [in] the event of irregularities the State provides for control mechanisms through the competent institutions », it will be useful to determine whether the official website of the FNE provides access to the results obtained through these alleged control mechanisms… It will be equally useful to determine whether the official website of the Ministry of National Education includes quantified, measurable and verifiable information on the action of the National Education Fund in support of studies, education financing and educational projects, including support for school canteens, the acquisition of furniture and teaching materials…
In contrast to the complacent, one-sided platform offered by Le Nouvelliste to Jean Ronald Joseph, the current director of the Fonds National de l’éducation, without in return giving a voice to the authorized voices of Haitian civil society, notably those of teachers, the AlterPresse website, in its edition dated April 17, 2024, provides additional informative insight in these terms: « [Jean Ronald Joseph] informs that he has set up a group of lawyers to deal with the issue of defamation before the Haitian courts. Jean Ronald Joseph reports that he has sent a formal letter asking the CSSCA to come and audit his management of the FNE over the past two years. (…) As a state body, the National Education Fund complies with administrative requirements. One of the control institutions that carries out audits for the FNE is the Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA), » he reminds us (see the article » Haïti-Justice : Le directeur général du FNE Jean Ronald Joseph rejetette les accusations de corruption à son encontre « , AlterPresse, April 17, 2024). Relevantly, and in the same article, AlterPresse reveals that « There is allegedly a wave of corruption in the general management of the National Education Fund, revealed activist lawyer Me. Caleb Jean-Baptiste, at a press conference on Thursday, March 28, 2024. Caleb Jean-Baptiste pointed the finger of corruption at current FNE General Manager Jean Ronald Joseph, former Marigot deputy Déus Déronneth and former Secretary of State for Communication Eddy Jackson Alexis ». The tandans7.org website, in its April 16, 2024 edition, reveals the recent existence of a petition initiated by lawyer Caleb Jean-Baptiste, » Corruption au FNE : Une pétition lancée par Me Caleb Jean-Baptiste pour demander des comptes « . The article states that » Haitian lawyer Me Caleb Jean-Baptiste has launched a petition to demand accountability in the case of misappropriation of funds from the Fonds national de l’éducation (FNE). These funds come notably from the $1.50 contribution from the diaspora and from telephone call charges, crucial sources of financing for Haiti’s education sector. Me Jean-Baptiste is calling on the judicial authorities to take firm action against this corruption scandal, notably by freezing the bank accounts and seizing the assets of the personalities implicated in the misappropriation of funds. (…) The misappropriation of FNE funds is a serious blow to the Haitian education sector, as these resources were intended to finance projects essential to the development of the country’s youth. Me Jean-Baptiste’s approach is aimed at bringing justice and ensuring that those responsible for this squandering are held to account by the Haitian people ».
It should be noted that at the press conference held by the director of the FNE on April 16, 2024 and attended by AlterPresse, Jean Ronald Joseph did not provide any official document attesting that he had asked « the CSSCA to come and audit his management at the head of the FNE over the last two years ». Furthermore, on the official website of the Fonds national de l’éducation, under the headings « Our action » and « Press center », we have not found any official document attesting to the fact that the current director of the Fonds national de l’éducation has taken the slightest approach to the CSSCA with a view to an independent audit… Nor do these headings record any information attesting to the veracity of the allegations made at a press conference by the director of the FNÉ on April 16, 2024, to the effect that he had « assembled a group of lawyers to deal with the issue of defamation before the Haitian courts ». Thus, the adventurous campaign of intimidation launched on April 16, 2024 by the Director of the National Education Fund – even when dressed in the robes of the Law against alleged « detractors » whom he was careful not to identify with his visor raised – seems to be directly linked to the subculture of impunity that is gangrening Haitian society as a whole. It also seems directly linked to the Duvalier subculture of « legal bandits » promoted by the neo-Duvalierist PHTK mafia-political cartel. NOTE – On « legal bandits », see the highly analytical article by Laënnec Hurbon, sociologist, director of research at the CNRS (Paris) and professor at the Faculty of Human Sciences of the Université d’État d’Haïti, » Pratiques coloniales et banditisme légal en Haïti » (Médiapart, June 28, 2020); see also the article » La philosophie du « bandit légal » en Haïti : de la verbalisation à la matérialisation « , Trip foumi website, April 10, 2022. On the issue of impunity, see the rigorous » Mémoire portant sur la lutte contre l’impunité en Haïti » prepared by the Collectif haïtien contre l’impunité and Avocats sans frontières Canada and submitted on March 2, 2018 to the Inter-American Commission on Human Rights. See also Amnesty International’s various reports and press releases, including » Haiti: a new step towards ending impunity » (June 6, 2001) and » Haiti will not forget past violations » (April 26, 2013). See also the extensive and well-documented study » Massacres cautionnés par l’État: règne de l’impunité en Haïti » by the Harvard Law School International Human Rights Clinic and the Observatoire haïtien des crimes contre l’humanité (April 2021).
What does the reality of observable, verifiable facts teach us about the complacent, one-sided platform offered by Le Nouvelliste to the current director of the Fonds national de l’éducation(FNÉ)? What is the FNÉ and what is its mission? Since its creation, has the Fonds national de l ‘éducation ever presented at least one public accounting statement – produced by an independent auditing firm and/or by the ULCC (Unité de lutte contre la corruption) on behalf of the Haitian state – of the colossal sums amassed and then distributed in the national education system? The official website of the Fonds national de l’éducation – which curiously displays on its home page the mention « A General Directorate of the Ministry of National Education, which is false both legally and administratively »-, includes four main headings which, according to their name, are intended to inform: « The institution », « Our action », « Press center » and « Resources ». We’ll come back to these later in this article.
The National Education Fund and PSUGO are at the pinnacle of a vast enterprise of corruption and misappropriation of state financial resources in the Haitian national education system.
Operating from the outset without a legal framework, the Fonds national de l’éducation was formally created by the law of August 17, 2017 on the initiative of the two main kingpins of the neo-Duvalierist PHTK political-mafia cartel, Michel Martelly and Laurent Lamothe, who have on several occasions publicly attributed to themselves the revealing title of « legal bandits ». On the subject of the managerial practices of the « legal bandits » operating within the neo-duvalierist PHTK political-mafia cartel, the renowned AlterPresse website – published in Haiti and renowned for the rigor of its press reports – provides first-hand data on Laurent Lamothe’s glorious past as a businessman in Africa. Dated April1, 2013, the AlterPresse article, » Haïti-Politique : Laurent Lamothe se tourne vers la Côte d’Ivoire « , informs that « The Haitian government, via its Prime Minister Laurent Salvador Lamothe, is setting its sights on Africa, particularly the Ivory Coast. Business diplomacy » has gone to say that Haiti is open for business, on a continent where Lamothe has made a fortune with his multinational Global Voice. Lamothe is said to have hoarded a large part of his fortune on the African continent with his multinational telecommunications company Global Voice ». In the same article, it is stated that « Laurent Lamothe is considered a swindler in Senegal. Because his main associates, in his company Global Voice, are currently in prison and he himself is on a list of wanted personalities », reports lawyer Newton St-Juste, one of the guests on the » Ranmase » program on the private station Radio Caraïbes on Saturday, March 30, 2013. « The Prime Minister is reportedly [seeking] ‘mediation for a price’ with Ivorian President Alassane Ouatarra to quietly settle his ‘disputes’ with the Senegalese justice system ».
It is a fact that the Fonds national de l’éducation, a vast, gangsterized structure for « pumping » the State’s financial resources, created by the law of August 17, 2017, has never been included in the official budget of the Haitian State. It is therefore an operational structure that escapes any audit by the Haitian Parliament, the institution that oversees government action, and which has been atrophied and rendered obsolete by the PHTK. It is also clear that the FNÉ has not been audited by the ULCC(Unité de lutte contre la corruption), in a context where endemic corruption is a major social issue both in Haiti and internationally, as attested by Transparency International in its study entitled » Corruption in the Education Sector / Working Document » (April 2007). For the record it is worth recalling that « The Fonds national de l’éducation (FNE) is an autonomous education financing body, placed under the supervision of the ministry in charge of national education and vocational training and created by the law of August 17, 2017, published in the Moniteur No. 30 of Friday, September 22, 2017. FNE enjoys financial and administrative autonomy. It has legal personality and its duration is unlimited » (source: Fonds national de l’éducationofficial website ).
According to its articles of association, the National Education Fund ‘s mission is to participate in the effort to provide education for all, and to manage funds intended to finance education. ( …) [The FNÉ] is involved in a number of areas, including infrastructure construction, renovation of school buildings, support for the school canteen program, payment of school fees, payment of teachers’ fees, provision of school equipment, financing of educational projects, and support for higher education. ( …)The Board is chaired by the Minister of National Education and Vocational Training, and vice-chaired by the Minister of Economy and Finance » (source: official website of the National Education Fund). [The appearance of the Fonds national de l’éducation at the heart of the structuring of corruption in the Haitian education system is a major social issue, and as such this « Fund » has been the subject of various analyses. Mention should be made of Jesse Jean’s insight recorded in his » Étude de l’aide internationale pour la réalisation de l’éducation pour tous en Haïti » – Thèse de doctorat, Université Paris-Est Créteil Val de Marne, January 13, 2017. In this doctoral thesis, Jesse Jean points out that « The Draft Law on the creation, organization and operation of the National Fund for Education (FNÉ) has never been ratified by the Haitian Parliament. As a result, the use of the FNÉ is still not legal, and taxes are levied every day by the Haitian state. In short, in 2013, two years after the creation of the National Fund for Education, the amounts collected on telephone calls, for example, were estimated by the National Telecommunications Council (CONATEL) at 58,066,400.63 US dollars. And taxes levied on incoming and outgoing money transfers amounted to more than US$45,238,095 » (Jesse Jean, op. cit., page 132). NOTE / On the official website of the Fonds national de l’éducation, it is stated that this « Fund » was created by the law of August 17, 2017; in Jesse Jean ‘s doctoral thesis, it is mentioned on page 132 that the FNÉ would have been created in 2011 … There therefore seem to be discrepancies as to the « date of birth » of the Fonds national de l’éducation. Thus, in the article » Haiti: UNESCO welcomes the creation of a national education fund « , it is stated that « The Director-General of the United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO), Irina Bokova, welcomed on Tuesday the creation of a National Education Fund (FNE), launched by the recently elected President of Haiti Michel Martelly. The aim of the fund, which was announced on May 26 [2011], is to mobilize financial resources to get the most disadvantaged children into school. Endowed with $360 million over a five-year period, this is the largest fund ever created for out-of-school children. The FNE is a multi-sector consortium bringing together the Haitian government, the private sector, international financial institutions and non-governmental organizations (NGOs). It is financed mainly by a $0.05 levy on incoming international calls and a $1.5 levy on each international money transfer. » (Source: UN Info, June 14, 2011; italics and bold are by RBO). In this regard, we must not lose sight of the fact that the FNE, a multi-sector consortium including international financial institutions, is not part of the budget of the Republic of Haiti and is therefore not subject to parliamentary control: it is accountable only to the political power fraudulently held for eleven years by the neo-Duvalierist PHTK political-mafia cartel…
What appears to be disagreement over the « date of birth » of the Fonds national de l’éducation—2011rather than 2017–covers up the reality that what will become in 2017 a state organization under the supervision of the Ministry of National Education began operating without a legal framework in 2011. In this respect, several fundamental questions remain open: (1) what is the total amount of money raised by the FNÉ from 2011 to 2024? (2 ) has a financial statement (source of funds, income and expenditure, supporting documents) been drawn up for each year of the total amount raised by the FNÉ from 2011 to 2024? At a time when the current Director of the NEF is on a crusade against an alleged « smear campaign on social networks » targeting his institution, how is it that he has never presented (3) the financial statements (source of funds, income and expenditure, supporting documents) of the National Education Fund since his arrival at the helm of this institution in 2021 ? It was noted that at his press conference on April 16, 2024, the current director of the FNÉ did not present any official document entitled » Financial statements of the National Fund for Education » covering the period 2021 (date of his installation as director) to 2024 : Jean Ronald Joseph should know that the accounting audit he believes he can demand cannot be conducted in the absence of his institution’s financial statements… (4 ) Fourth major question: what justifies the fact that the financial statements of the National Fund for Education, from 2011 to 2024, are the subject of a total omertà, a deafening « secrecy of the tombs « ? (5) Fifth major question: is Jean Ronald Joseph’s appointment as director of the Fonds national de l’éducation constitutional and legally sound? Shouldn’t this appointment have been approved by Parliament? -It’s true that by 2021, Parliament had already been « dismantled » by the PHTK, but the principle of parliamentary sanction remains valid, since the 1987 Constitution is still in force. From this point of view, it can be argued that all the administrative acts carried out by the current director of the FNÉ are unconstitutional and illegal – even if they have been approved by the supervisory ministry, the MENFP–, and the current director of the FNÉ has no legal provision to initiate « defamation actions (…) at the judicial level against his detractors » as he announced during his press conference on April 16, 2024. A sixth question must also be asked: (6) do the 1987 Constitution and current laws authorize a Minister to be Chairman of the Board of Directors of an autonomous state institution, as is the case at the FNÉ ( » The Board [of Directors of the FNÉ] is chaired by the Minister of National Education and Vocational Training, and vice-chaired by the Minister of the Economy and Finance » (source: official website of the National Education Fund). Seventh major question: (7) Is there not a conflict of interest when a minister, exercising a right of tutelage over a state institution, is at the same time the Chairman of the Board of Directors of that institution? This seventh major question needs to be put into perspective on the register of governance ethics, all the more so as the de facto Minister of National Education, Nesmy Manigat, recently held the position of Chairman of the Governance, Ethics, Risk and Funding Committee of the Global Partnership for Education… Ahead of writing this article, we carefully read the text of the » Loi portant création organisation et fonctionnement du Fonds national de l’éducation » (Le Moniteur issue 30, September 22, 2017). In this document, we found no trace of the justification and/or legality of the appointment of a Minister, the Minister of Education in particular, to the position of Chairman of the Board of Directors of an autonomous state institution as is the case at the FNÉ… In Chapter 1 Article 2, page 36 of the » Loi portant création organisation et fonctionnement du Fonds national de l’éducation « , it is specified that the FNÉ is placed under the supervision of the Ministry of National Education : no mention is made of the Minister’s appointment as Chairman of the Board of Directors of the National Education Fund…
A vast structure for « pumping » and swindling the financial resources of the Haitian state, the National Education Fund has been the subject of numerous citizen denunciations, as we explained earlier in this article. Thus, « Since its creation, the Fonds national de l’éducation has (…) been the subject of fierce criticism, notably for its hidden management. Indeed, no one knows precisely how much money has already been collected on behalf of this organization by the Central Bank and CONATEL (Conseil national des télécommunications). The lack of transparency in the management of the FNÉ has even caused concern among certain sectors of civil society. In this regard, here is what the leader of the civil society initiative (ISC) Rosny Desroches had to say on August 7, 2012: « The direction this Fund is taking worries us as citizens, because it goes in the direction of concentrating power in the hands of the Executive, weakening the Ministry and negating the democratic principles of participation, control, transparency, balance of power » (…) Initially, when the Head of State [Michel Martelly] launched the National Education Fund, he planned to collect at least $180 million from telephone calls and the same amount from transfers over a five-year period. In other words, he wanted to collect $360 million over five years to put 1.5 million young Haitians deprived of an education through school. And according to the government’s calculations, when the two taxes are combined, they should bring in at least $8 million a month to fund the FNÉ. (…) On September 30, 2011, Michel Martelly’s main education advisor, George Mérisier (…) announced that US$28 million had already been collected to finance the National Education Fund. (…) The real scandal erupted when, on January 7, 2012, in an article in the New York Times, Digicel founder Denis O’Brien declared that his company had already paid US$11. 1 million to CONATEL. He also said that he had told President Martelly about the rumors concerning the missing $26 million and that he was going to make it a personal matter. He is calling for an audit. In a note made public on January 10, 2012, the company confirmed the boss’s statements and announced that the transfer of the December fees would be made on January 20 for an amount of 1.945 million US dollars. This brings to US$13 million the total amount of fees paid by Digicel alone to CONATEL without counting the other telephone operators present on the Haitian market » (New York Times, January 7, 2012, quoted in the article » Où est l’argent du Fonds national de l’éducation? « , Haïti liberté, January 29, 2013). Still on the subject of revenues amassed by the Fonds national de l’éducation, Joseph Frantz Nicolas, the outgoing Director General of the Ministry of Education, publicly declared « that with just over 7 billion 521 million Gourdes paid into this Fund, more than 5 billion 513 million were invested from 2018 to 2021 in various worksites and programs summarizing the use of these funds during his 3 years in office » (see the article » Haiti – Education: Fonds national de l’éducation, 5 milliards 1/2 investi en 3 ans « , Haïti liberté, December 22, 2021). However, Joseph Frantz Nicolas did not provide any documented information on a possible accounting audit of the use of these enormous revenues which, it should be recalled, are not included in the Haitian State Budget and are not subject to any parliamentary control.
The saga of the National Education Fund created by the neo-Duvalierist PHTK is reminiscent of that instituted by dictator François Duvalier to establish a vast system of corruption and « pumping » of the country’s financial resources through the Régie de tabac et des allumettes as early as the mid-1960s. One of the operational features of this gangsterized waste management system was the use of a » non-tax account » to create a tobacco monopoly. This device was later instrumentalized in other government enterprises that served as slush funds and on which no balance sheet was found. In her famous book » Idéologie de couleur et classes sociales en Haïti » (Presses de l’Université de Montréal, 1987), sociologist Micheline Labelle teaches us that « a large part of the extra-budgetary revenues, coming mainly from the Régie du tabac et des allumettes and representing at least 40% of the State’s total revenues, largely fed military expenses not incurred by the defense budget (Girault, 1975: 62). We know that this organization is the major provider of funds for the repression budget, and that the government still refuses to tax its accounts, despite requests for administrative rationalization [p. 30] from all international organizations to date ». From the Régie de tabac et des allumettes to the current Fonds national de l’éducation (National Education Fund), which is not subject to the slightest control by the Haitian Parliament, which is asphyxiated by the PHTK, the Duvalierist lineage is historically established, and such a historical fact certainly does not figure in the criteria for the allocation by the International of the large sums transferred to Haiti in the field of education. It is important to remember that the current de facto head of the Haitian Ministry of Education – a brilliant economist by training, familiar with international administrative management procedures and having chaired the Governance, Ethics, Risk and Financing Committee of the Global Partnership for Education – is well aware of the direct historical links between the Régie de tabac et des allumettes and the Fonds national de l’éducation. In this respect, leading Haitian specialists agree that the current de facto Minister of National Education’s masterful practice of » selective amnesia » with regard to the National Education Fund makes him the intellectual guarantor of the PHTK’s strategy for reproducing systemic corruption within the country’s education system.
In the course of this article, we have exposed and exemplified the reality that the Fonds national de l’éducation is at the apex of a vast enterprise of corruption and misappropriation of state financial resources in the Haitian national education system. The colossal sums of money collected by the Fonds national de l’éducation, mentioned above, have not been the subject of any quantified balance sheet in the form of a summary table, accompanied by a public accounting audit that can be consulted. As mentioned above, these are : US $180 million on telephone calls, US $360 million over five years, US $8 million per month to feed the FNÉ, US $28 million, the US$ 11.1 million paid to CONATEL, then US $13 million paid only by Digicel to CONATEL (New York Times, January 7, 2012, quoted in the article » Où est l’argent du Fonds national de l’éducation? « , Haïti liberté, January 29, 2013). To these colossal sums must be added more than 7 billion 521 million Gourdes paid into this Fund and more than 5 billion 513 millionGourdes invested from 2018 to 2021 in various worksites and programs (see the article » Haïti – Éducation : Fonds national de l’éducation, 5 milliards 1/2 investi en 3 ans « , Haïti liberté, December 22, 2021).
On the subject of the accountability that Haitian society has the right to demand of the administrators of the Fonds national de l’éducation and its supervisory ministry, the MENFP – where corruption and the squandering of the State’s financial resources reign in both open and hushed tones – we carried out a methodical consultation of the official website of the Fonds national de l’éducation, in particular under the heading « Our action ». This includes the sub-headings « School infrastructure », « Education funding », « Intervention map » and « Events ». It is highly significant that the sub-heading » School infrastructure » on the official website of the Fonds national de l’éducation does not present a summary table of all the presumed interventions of the FNÉ in the field of school infrastructure from 2017 to 2024 (total number of interventions, nature and location of interventions, duration and actual cost of each of the presumed interventions). The information provided under the heading « What we do » is more of a declarative nature, and the alleged achievements, which are the subject of « reports », are in no way attested to by consultable documentation (example of a report on the FNÉ website: » FNE supervises several infrastructure projects in the Grand Sud « , November 17, 2023).
As for the » Education funding » sub-heading, there is no table summarizing all of the FNÉ’s alleged interventions in education funding from 2017 to 2024. Yet it is precisely in this chapter that all THE STRATEGIES FOR INVISIBILIZING corruption and the misappropriation of financial resources in Haiti’s education sector come together: TO MAKE INVISIBLE AND UNTRACEABLE THE VARIOUS OPERATIONS OF MISAPPROPRIATION OF THE FINANCIAL RESOURCES OF THE EDUCATION SECTOR CONSISTS IN MAKING THEM UP, MAKING THEM UNAVAILABLE, REMOVING THEM FROM ACCOUNTING AUDITS… On the official website of the National EducationFund , the sub-heading » Financing Education » often resorts to « entertainment reports » and « site inspection walks » by the Director of the NEF, rather than a documented and analytical account of the financial management of all the alleged interventions of the NEF from 2017 to 2024 : this is precisely where the managerial opacity of the Fonds national de l’éducation lies, this is where its » wasteful system » finds its most… profitable anchorage. At this level, and in historical terms, the » wasteful system » – as modeled at the Fonds national de l’éducation, and indeed at the PSUGO – belongs on the same rope as that of François Duvalier’s Régie de tabac et des allumettes, the gran manjè lavalassiens’ » Petits projets de la Présidence « , the Martelly/Lamothe PHTK’s » Ede Pep » and » Carte rose d’assurance santé à la population » projects, and Jovenel Moïse’s equally outrageous and demagogic » Elektrisite 24/24 » project… It should be noted, however, that the » wasteful system » modelled at the Fonds national de l’éducation stands out from the others mentioned above, because it is rooted in a context in which the neo-Duvalierist PHTK has profoundly « demantibulated », atrophied and rendered obsolete the State’s regalian institutions, culminating in the hyper-centralization of the three powers (executive, parliamentary and judicial) in the hands of a single man, Ariel Henry, the front man of the PHTK’s most mafia-like sector, linked to the violent gangs that today sow terror throughout the country.
The » wasteful system » modelled on the National Education Fund is also at work in the scandal of the massive embezzlement of Petrocaribe funds throughout the country. Thus, « In a new report published Monday, Haiti’s Superior Court of Auditors deplores the fraudulent and often illegal management, by various ministries and administrations, of hundreds of millions of dollars in aid donated by Venezuela between 2008 and 2016 (see the article » Corruption: la Cour des comptes étrille le pouvoir haïtien « , La Presse, Montreal, August 17, 2020). The same article states that « The six Haitian governments that have succeeded one another since 2008 have launched nearly two billion dollars worth of projects without, more often than not, paying attention to the basic principles of managing public funds (…) ». Information carried by the Haitian and foreign press confirms the reality of a » wasteful system » in the management of Petrocaribe funds. Thus, « (…) the Superior Court of Auditors of Haiti (CSCCA) has published a 600-page investigation into more than $2.3 billion in Petrocaribe-related spending between 2008 and 2016, when Jovenel Moïse finally won the presidency. The report details nearly $2 million in questionable payments made to Jovenel Moïse in late 2014 and early 2015. The largest payment came just days after he registered as a presidential candidate for the ruling party » (see Jake Johnston’s article, » The international ramifications of the Petrocaribe scandal « , Center for Economic and Policy Research, June 11, 2019).
In this context, it is unlikely that in a country gangrenous with corruption at the highest level of the state apparatus, the ULCC (the Anti-Corruption Unit) or the Superior Court of Accounts and Administrative Disputes would be » authorized » by the PHTK to investigate financial malfeasance in the education sector despite their public denunciation by civil society institutions and the local press. On the subject of the » sub-culture of omertà » and impunity cultivated by the neo-duvalierist PHTK political-mafia cartel in the Haitian public administration, it is necessary to recall the only public stance taken by de facto National Education Minister Nesmy Manigat recorded by the Haitian press on the subject of PSUGO, the second vast enterprise of corruption and misappropriation of state financial resources in the Haitian national education system: « The Minister of National Education, Nesmy Manigat, claims that the 85 school principals recently nabbed for corruption in connection with PSUGO represent only a tiny fraction of the misappropriation of public funds in the education sector. » And without identifying the institutional mechanisms of these embezzlements of public funds, he specified that » Several hundred schools are involved in these embezzlements (…) recalling that the corrupt principals have connections within the Ministry of Education » (see the article » Important réseau de corruption au sein du PSUGO « , Radio Métropole, July 13, 2015). The pinned school principals and their operational contacts within the Ministry of National Education were not identified, let alone brought to justice: they benefited from the obscure impunity that gangrenes the Haitian social body as well as the country’s institutions. The Haitian press has taken note of the fact that as soon as he returned to the Ministry of National Education in November 2022, the same Nesmy Manigat was quick to reappoint the decried PSUGO, which he had not hesitated to denounce in July 2015… Media « super star » and de facto Minister of National Education Nesmy Manigat – who in the recent past headed the Governance, Ethics, Risk and Funding Committee at the Global Partnership for Education – certainly has a very selective reading of the political requirements of the » sous culture de l’omertà » in the land of « sa je pa wè, bouch pa pale « …. And as we explicitly stated earlier in this article, the current de facto Minister of National Education’s masterful practice of » selective amnesia » with regard to the National Education Fund makes him the intellectual guarantor of the neo-Duvalierist PHTK’s strategy for reproducing systemic corruption within the national education system. In this regard, we must not lose sight of the fact that, according to the law of August 17 , 2017, the presidency of the Board of Directors of the Fonds national d’éducation is held by the Minister of National Education and Vocational Training, and the vice-presidency by the Minister of Economy and Finance » (source: official website of the Fonds national de l’éducation).
Economist and historian Leslie Péan is the author of the article » Corruption et crise financière aux temps du choléra haïtien (2 de 3) » (site alainet.org, June 18, 2015). In this highly analytical text, Leslie Péan exposes that « The systematic looting of public funds also affected the education sector with the detour of funds estimated at $100 million a year, collected from a tax of 5 cents ($0.05) on each incoming phone call and US$1.50 on each money transfer. In the very first year, 766 bogus schools were created and financed under the so-called Free and Compulsory Universal Schooling Program (PSUGO). This program was totally improvised and lacked the necessary safeguards. The Ministry of National Education is often in the red and unable to pay schools participating in the PSUGO. In 2015, to justify the delays in payments to PSUGO schools, the government whined that it had only received $44 million of the $100 million that had been earmarked. No independent audit has been carried out to prove this assertion. (…) According to a 2015 report by the Union des parents d’élèves progressistes haïtiens (UPEPH), » the PSUGO subsidizes more than 2,500 ghost schools. These are created by departmental delegates, Bloc pour la stabilité et le progrès (PSP) deputies, pro-government senators and government parties. Kenston Jean-Baptiste, deputy for Cap-Haitien, is singled out in the report for his scathing criticism of 44 schools in the North, with a total of 812 beneficiaries. In the South, the report continues, of the 79 private schools subsidized by the PSUGO, 73 are referenced by deputies. « There are six departments in the country where parliamentarians are much more involved in cases of PSUGO fraud : Grande-Anse, the South, the North, Artibonite and the North-West, » the document states. » [Emphasis in bold and italics is by RBO]
A vast operation of corruption and embezzlement of public funds, the Free and Compulsory Universal Schooling Program, PSUGO, was launched in 2011 by the neo-Duvalierist PHTK. For the record, it’s worth recalling that the PSUGO was publicly supported and promoted by one of the Ayatollahs of Creole in the Revue transatlantique d’études suisses, 6/7, 2016/17 . Its author adventurously argues that « There are already laudable efforts to improve the situation in Haiti, where quality education has traditionally been reserved for the few. A recent example is the Free and Compulsory Universal Schooling Program (PSUGO) launched by the Haitian government in 2011 with the aim of guaranteeing all children free and compulsory schooling. » This public support was also promoted in a propagandist video by the same Ayatollahs of Creole extolling the alleged « pedagogical » virtues of PSUGO, one of the flagship programs of the neo-Duvalierist PHTK politico-mafia cartel. In this video dated June 5, 2014, he fraudulently maintains that « Gras a pwogram PSUGO a 88% timoun yo rive al lekòl ann Ayiti »….
The PSUGO has been unanimously denounced by teachers and many sectors of civil society in Haiti: teachers’ associations, school principals and parents’ groups have in fact publicly highlighted the systemic malfeasance taking place at the PSUGO, as evidenced by several articles based on field observations and published in the press in Haiti: » Le Psugo, une menace à l’enseignement en Haïti? » (Psugo, a threat to education in Haiti? (parts I, II and III) – Un processus d’affaiblissement du système éducatif « , Ayiti kale je (Akj), AlterPresse, Port-au-Prince, July 16, 2014. See also on AlterPresse the series of articles » Le PSUGO, une catastrophe programmée » (parts I to IV), August 4, 2016. See also Charles Tardieu’s well-documented articles » Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti « , Port-au-Prince, June 30, 2016, and » Le PSUGO et l’obligation de scolarisation universelle – Catastrophe programmée et violation des droits de la nation et de ses enfants « , Academia. edu, June 2016; see also the article » Le système éducatif haïtien à l’épreuve de malversations multiples au PSUGO » (by Robert Berrouët-Oriol, Le National, Port-au-Prince, March 24, 2022).
At the start of this article we reported that FNÉ director Jean Ronald Joseph had « announced legal proceedings against those who orchestrated this whole campaign [and specified] that an administrative and legal investigation is already underway ». He also informed that a request had been made to the Superior Court of Accounts and Administrative Litigation « for an audit of the management of [his] administration over the last two years ». On the official website of the Fonds national de l’éducation, we have found no trace of administrative documents attesting to the veracity of these virtuous declarations, and several hypotheses will no doubt have to be examined in this respect. One of them is the momentum, the political context in which the director of the FNÉ chose to make his public intervention while schools and universities are closed in the country. The context is that of the current security chaos, the violent takeover of large swathes of the national territory by armed gangs, the context in which Ariel Henry’s PHTKist government has received a « new roadmap » from its international guardians via a business club called CARICOM, the context in which the PHTKist government, more virtual and « at the helm » than usual, is presented as « resigning » and to be replaced by an erratic « Presidential Transitional Council » reminiscent of the neo-Duvalierist CNG imposed on Haiti by the US State Department after the defeat of Jean-Claude Duvalier’s dictatorship in 1986. Sensing that the tide was turning, and sensing that those in the neo-Duvalierist PHTK mafia-political cartel who appointed him to the post of director of the FNÉ had already packed their bags, Jean Ronald Joseph apparently decided to take the initiative and seek to regain his political and managerial « virginity » by obtaining a « discharge » from the Superior Court of Accounts and Administrative Litigation… In Haiti’s widespread kleptocratic subculture, a « discharge » is a sesame, a passport, a kind of providential armour capable of making corruption invisible…
We must realize that the issue of corruption and impunity in Haiti’s national education system is not an epiphenomenon, a minor social fact, or an incidental collateral survival of poor management practices, whose ravages, known and amply diagnosed, could miraculously be overcome by declarations that purport to be virtuous without targeting the causes. The three million students enrolled in the country’s 17,000 schools are entitled to a high-quality, inclusive and civic-minded school that respects the linguistic rights of all speakers. As the pillar and breeding ground of the country’s future, education is not a commodity to be sold to the highest bidder with impunity. It must cease to be the « pumping station » for the illicit revenues of national » business smugglers » hiding in or in positions of authority in the Ministry of National Education, the National Education Fund and PSUGO: education is a right explicitly enshrined in article 32 of the 1987 Constitution, and as such it is also a civic struggle.