Le « fléau » du portable en classe touche aussi les enseignants

— Par Stéphane Cassereau —
classe_portable-2C’est un problème auquel sont désormais confrontés la plupart des enseignants du supérieur, mais aussi ceux du secondaire et même du primaire : durant les cours, l’usage quasi-systématique des téléphones portables par leurs élèves. Ceux-ci ne cessent d’échanger des messages (et des photos), de consulter leur appareil, de guetter l’arrivée de la réponse à leurs envois… Résultat, une baisse spectaculaire du niveau général de l’attention et de la concentration en classe. Avec des répercussions évidentes sur l’acquisition de connaissances et sur l’aptitude à comprendre les phénomènes, quelle que soit la discipline enseignée. De plus en plus d’enseignants se plaignent de cette situation. Certains persistent à faire la guerre aux portables et à tenter de les interdire en classe ; beaucoup finissent par renoncer, tant la lutte leur paraît inégale, les élèves déployant des trésors d’imagination pour continuer à utiliser leur appareil en cachette, contre vents et marées.

Là où les choses prennent une tournure assez cocasse, c’est que les enseignants et pédagogues ne sont pas eux-mêmes épargnés par ce fléau qu’ils dénoncent. Il suffit pour s’en convaincre d’observer leur comportement lorsqu’ils participent à une réunion – conseil de classe ou d’établissement, colloque, conférence, réunion de travail, etc.

Pour ne prendre que cet exemple (mais on pourrait en trouver des milliers d’autres), l’auteur de ces lignes a ainsi pu assister il y a quelques jours à un séminaire organisé par la business school espagnole IE, l’une des plus cotées en Europe. Dans l’assistance, une centaine d’experts venus du monde entier : chercheurs en sciences de l’éducation, responsables d’agences dédiées à l’enseignement supérieur, professeurs, patrons d’universités ou de grandes écoles… Leur comportement était édifiant : en permanence, au moins un tiers d’entre eux utilisaient leur tablette, smartphone ou ordinateur pour des activités sans rapport avec l’objet du colloque : envoi de mails privés, consultation de sites d’information (voire de sites boursiers…), réservation de taxi ou d’avion, échange avec leurs collègues… A certains moments, les deux tiers de l’auditoire étaient ailleurs, quelque part dans le cyber-espace numérique. Au fait, le thème du séminaire – au demeurant passionnant ? « Réinventer l’enseignement supérieur »… On ne saurait mieux dire.

Quels enseignements tirer de cette observation ? …

http://focuscampus.blog.lemonde.fr/2014/10/25/le-fleau-du-portable-en-classe-touche-aussi-les-enseignants/