Le Festival dans la rue

— Par José Alpha —

festival_de_rue_j_alpha-1Le lancement du 45 eme Festival culturel de la ville de Fort de France, attendu par les Martiniquais et les nombreux juillettistes visiteurs du pays, a clairement affiché une orientation de plus en plus développée par les grands rassemblements internationaux des Arts de la rue : le Carnaval des Arts.

L’important public massé tout le long de la rue de la Liberté, a découvert avec ravissement , pour cette 6eme édition, la grande parade des artistes invités à surprendre, émerveiller et à questionner. Un peu comme durant ces jours gras du Carnaval caribéen avec ses explosions de couleurs, de musique et d’émotions créées par ses extraordinaires mises en scène, la soirée féérique du dimanche 3 juillet dernier a illuminé la savane de Fort de France jusque tard dans la nuit malgré les averses de fin de carême.

Les talentueux jongleurs de lumière, les cracheurs de feu, les masques et tous ces personnages insolites, fantômes, satires politiques, échassiers lumineux, marionnettes géantes, portés par les « vidés » des groupes musicaux et danseurs de rue, ont surpris les spectateurs ; ici par la magnificence du geste poétique , là par des imaginaires doucement détachables de l’être social comme ces étonnantes bulles et personnages lumineux qui mettent en lévitation des univers « extraterrestres » hantises des enfants et de « tous ceux qui le sont encore ». Ou bien, en circonvolutions jusqu’au-dessus de la tête des spectateurs, les Grandes Pierrotines (marionnettes articulées de 5 m de haut) se laissaient toucher, photographier, caresser pour établir le dialogue avec des humains émerveillés. » Depuis l’après midi, sur la pelouse de la savane, les GP avaient donné deux représentations de « Nanie rozet tifi voras-la » devant des spectateurs surpris par l’aisance de ces marionnettes démesurées à l’anatomie étrangement humaine.

Ces moments d’exaltation collective qui rendent les gens plus solidaires de leurs artistes et de leur environnement, favorisent le « détournement du quotidien » propice à la magie des spectacles, à la création d’ambiances silencieusement dubitatives du genre Rencontres du Troisième type souhaitées par les organisateurs du Carnaval des Arts. Ce dimanche 3 juillet dernier, le Carnaval des Arts de la rue a marqué le rite de passage à la fête culturelle foyalaise organisée par la Direction du Service municipal des Arts et de la Culture (Sermac). Et les intentions des organisateurs d’animer la ville en créant une ambiance festive qui renforce les liens sociaux et la cohésion de l’ensemble des populations par des effervescences depuis l’après-midi sur la pelouse de la savane, ont créé de bons moments de révélations collectives .

Les compagnies et les artistes de rue qui surgissent comme des ruptures temporelles des habitudes quotidiennes, donnent ainsi la possibilité à chacun de saisir de nouvelles perceptions dans cette mise en mouvement de l’espace urbain. La ville est alors perçue et vécue comme lieu de rites à la liberté de l’être pensant et agissant, à l’expression des sens et surtout à la disponibilité culturelle nécessaire à la programmation des esthétiques qu’elles soient présentées à ciel ouvert, en salle ou dans des lieux … inattendus . Parions que l’idée cheminera vers un Festival de Théâtre de rue posé dans la programmation générale… Bravo !

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