— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Avons –nous besoin d’un nouveau drapeau ? certainement pas, tant que nous sommes français et prétendons le rester. On ne peut vouloir, à moins de malhonnêteté intellectuelle foncière, bénéficier des avantages attachés à la citoyenneté de la République française et rejeter systématiquement les signes de reconnaissance distinctifs qui la caractérisent à l’étranger : drapeau, hymne national.
L’initiative de la Collectivité de Martinique d’ouvrir un concours pour la création d’un drapeau et d’un hymne, en quelque sorte BO KAY, pour les déplacements sportifs et culturels à l’international, est certes de nature à flatter le chauvinisme local et l’orgueil de nos politiciens , mais est-elle vraiment dans l’intérêt du monde sportif et du milieu culturel martiniquais ?
On peut en douter pour plusieurs raisons :
D’abord ,c’est une évidence, l’incompatibilité avec notre statut juridique actuel ; il en résulte que ces attributs de souveraineté ( ne nous cachons pas derrière notre petit doigt !) ne pourraient être utilisés éventuellement qu’en complément et non en substitution des signes distinctifs officiels ; cela implique qu’ils soient validés , au préalable, par les instances dirigeantes officielles du Sport et de la Culture, tant au niveau national qu’international ; c’est loin d’être acquis !.
Dans le cas contraire , nos athlètes et autres compétiteurs risqueraient l’exclusion de toutes les équipes qui représentent la France dans les grandes compétitions internationales(à quel pays en effet rattacher les titres et médailles glanés par ces derniers ?) ; de même s’agissant des compétitions hexagonales c’est l’ostracisme qui guetterait nos représentants accusés , à tort ou à raison ,d’être en délicatesse avec le drapeau tricolore ( on peut s’interroger sur le point de savoir si ce n’est pas déjà ce qui handicape nos candidates à l’élection de miss France ).
Quid par ailleurs de la politique nationale d’encouragement au développement du sport et de la culture en direction des fédérations ,clubs et associations locaux ? ; son application pourrait devenir des plus problématiques ,en ces temps de grande frilosité sur les questions touchant à l’identité nationale.
En définitive ,cette initiative qui relève semble-t-il du » fait du Prince″ apparaît pour le moins inopportune . ;elle n’est cependant pas dénuée d’enseignements car elle a le mérite de faire tomber les masques : D’abord de ceux qui comme JANUS présentent deux visages , l’un à l’adresse de l’opinion publique pour attester de leur loyalisme de citoyen de la République française , l’autre à l’intention de leurs troupes quelque peu perturbées , pour justifier qu’ils n’ont en rien renoncés à leurs convictions indépendantistes, avouées ou cachées ;
Ensuite de ceux qui ,en bons démocrates » autoproclamés″, ne supportent pas l’idée qu’on puisse demander aux habitants de la Martinique leur avis sur quoique ce soit qui les concerne au premier chef.
Pour les intéressés qui se reconnaîtront, c’est à eux seuls de décider « souverainement », au nom d’une prétendue légitimité historique, de ce qui doit être l’éventuelle incarnation iconographique de la réalité et des aspirations des martiniquais.
Pour ce faire, ils cherchent à nous imposer leur propre vision de la Martinique de demain : un retour vers le passé et le mode de vie de l’Afrique des origines.
Aucune originalité, aucune créativité, dans ce fanion qu’ils ne cessent de brandir et d’arborer en toutes occasions ; rien qui cherche tant soit peu à exprimer notre authenticité primordiale d’antillais caribéens, ouverts à toute les influences du monde (depuis celle des Amérindiens), aux portes des Amériques.
Non, un simple″ papier-coller » de drapeaux islamiques dont on a retiré une bande ou un motif et dont les couleurs sont tristes à mourir (soleil resplendissant sur la mer baignant mon pays ,où est-tu donc passé !) ; pour tenter de lui donner corps, ils n’hésitent pas à invoquer, sans vergogne, le récit trafiqué d’une histoire manipulée.
Il va bien falloir ,une fois pour toute ,que les martiniquais disent ce qu’ils veulent être ;ils doivent mettre en adéquation leur représentation politique et leur véritable aspiration d’être des martiniquais authentiques en même temps que français à part entière ; le double langage et la double pensée ne sont plus de mise en ce début du XXI° siècle ,Il faut sortir impérativement de l’ambiguïté actuelle dont on voit déjà les ravages dans ce décrochage ahurissant que nous subissons vis-à-vis de la Guadeloupe.
Hier ,nous étions le leader de nos deux îles ,aujourd’hui nous sommes la lanterne rouge dans tous les domaines stratégiques : transport, énergies renouvelables, numérique, recherche appliquée, Tourisme , audiovisuel et communication , environnement et urbanisme.
A cela nul mystère , pendant que nous passons notre temps à mariner dans l’obsession maladive de l’évocation de l’esclavage et de son hypothétique réparation, les dirigeants guadeloupéens , eux, habités par une soif de revanche ( bien compréhensible au demeurant ) , font front commun et flèche de tout bois pour faire avancer leur territoire ,avec l’appui de l’État, plus enclin indéniablement à les favoriser dans ses arbitrages.
D’ores et déjà ,les travaux qu’ils ont engagés sur la décennie en cours dépassent largement le milliard et demi ( à titre d’exemple ,l’hôpital ultra moderne des Abymes de plus de 400 millions d’euros ,financé à 100% par l’État, quant au Cyclotron, il vaut mieux pour nous ne pas parler d’un tel gâchis !) .
Pauvre Martinique qui pendant ce temps, en est réduite à étaler péniblement sur plusieurs exercices budgétaires, l’équipement technique et mobilier du musée du Père PINCHON !.
Pierre Alex MARIE-ANNE