— Par Christian Antourel —
Acclamé en France, jusqu’à la comédie Française « le Dindon » un des vaudevilles de Feydeau des plus aboutis a traversé la mer et mis en scène par Claude-Georges Grimonprez à eu un succès considérable en Guadeloupe.
Une comédie délirante
Tout fait divers devrait s’appeler Feydeau, tant l’auteur a le réflexe spontané de l’histoire surgie au coin du quotidien. De ces choses de peu d’importance, postures et gestes des plus anodins, il fait le vaudeville, comédie légère fondée sur l’intrigue et le quiproquo et la Cie Courtes Lignes présente cette pièce qui résiste à l’épreuve du temps, qui dit, sans y paraître l’humour dans son habit de lumière. Gardons nous d’applaudir trop tôt et voyons quel rythme, quelle mise en espace, quel imaginaire scénique nourri à la source buissonnière, hors l’académie du théâtre, dans une langue réinventée pour saltimbanques d’un théâtre de salon, mérite un tel succès. A n’en point douter, le verbe aimer le théâtre composé, conjugué de passion et de professionnalisme est un élément à considérer et quand on verra avec quel ravissement, l’esprit cocasse, la justesse du verbe et le geste précis précipitent dans l’élégance agitée les mots en chute exacerbée, il se peut que nous soyons convaincus.
Un théâtre intime
Parmi ces inventeurs du théâtre expert en comédie de l’art, que sont les interprètes, rares sont celles et ceux dont le public retient le nom. Par habitude ils sont les anonymes d’un art dont ils sont pourtant les voix et les corps conducteurs. La Cie Courtes Lignes leur donne un espace de reconnaissance. Pour une fois, ce sont les comédiens qui choisissent leur metteur en scène pour une pièce par an, offerte au public. Une quinzaine de comédiens passionnés et volontaires réalisent eux-mêmes les décors et les costumes, tous soudés autour d’Anne-Marie Clerc et Claude-Georges Grimonprez dont les 35 ans d’expérience font des répétitions de véritables cours. Il ne faut jurer de rien… mais courrons y, c’est sans doute le prochain carton.
Christian Antourel
Le thème à cet odeur de souffre tenace qui donne l’impression constante d’être assis dans le nid d’un volcan. On attend l’implosion d’un instant à l’autre, mais le bang est surtout déjà là, dans le climat, dans les circonstances imposées, dans la conjoncture de la pièce. Il suffit peut-être de se laisser bousculer dans les va-et-vient incessants, happer dans les courants d’air, au milieu des portes qui claquent, ou de tenter de répondre au sonneries qui se déclenchent comme pour compliquer encore ce conte urbain, ce vaudeville où après avoir crée une situation dramatique intrigante, teintée d’humour dévastateur, les mots, phrases et tirades arborescentes expriment par la forme et le fond le caractère aléatoire de nos exigences peuplées de prétention, de rêve d’ordre quand tout n’est que désordre créateur de chaos… A rire ou à pleurer
Lire aussi la critique de Laurence Aurry
Mise en scène : Claude-Georges Grimonprez
Distributions :
Anne-Marie Clerc Lucienne Vatelin
Mickaël Blameble Edmond de Pontagnac
Claude-Georges Grimonprez Me Crépin Vatelin
Laurent Tanguy Ernest Redillon
Olivier Boisel Jean – Le Gérant – Le Commissaire
Sylvie Charles Madame Soldignac
Franck Sorrant Monsieur Soldignac
Sophie Fogarassi Madame de Pontagnac
Laurence Joseph Armandine
Grégory Blaineau Le Groom
Auriana Annonay La femme de Chambre
Myriam Gilabert Madame Pinchard
David Couchet Monsieur Pinchard – Jérôme
Régisseur son et lumière : Hervé Pagesy