Jeudi 30 novembre / 20h 30 sur LCP-AN
Dans le sud de l’Italie, berceau ancestral des mafias, une ombre pesante plane depuis plus d’un siècle et demi. C’est une histoire où la foi catholique, profondément enracinée dans ces régions pieuses, s’est étrangement mêlée à la noirceur du crime organisé. Cette collusion entre le divin et le criminel a longtemps été tolérée, voire ignorée, par une Église qui, jusqu’à récemment, a maintenu un silence déconcertant.
L’histoire commence bien avant les années 70, lorsque les mafias prennent racine en Sicile. La corruption s’étend, les rues se teintent de sang, et pourtant, l’Église demeure muette, indifférente aux méfaits de ceux qui utilisent la religion à des fins aussi profanes. Le Dieu des Mafieux, enquêteur intrépide, scrute les entrailles de cette aberration, cherchant les réponses depuis les origines de la mafia jusqu’à nos jours.
Il faut attendre 2014 pour qu’un Pape ose enfin confronter la mafia de front. Un tournant majeur qui soulève des questions cruciales : pourquoi tant d’années de silence ecclésiastique ? Pourquoi cette complicité tacite, cette indulgence envers des criminels se drapant dans la foi tout en semant la terreur ?
En 2006, à Corleone, le chef mafieux Bernardo Provenzano est capturé après 43 ans de cavale. Dans ses quartiers, des objets sacrés côtoient l’arsenal du crime. Les mafieux, se revendiquant souvent catholiques pratiquants, ont réussi à concilier foi et barbarie, et ce, avec la bénédiction implicite de l’Église. Le Dieu de la Mafia explore cette étrange coexistence, dévoilant le paradoxe d’une foi qui se plie aux desseins diaboliques.
L’Église catholique, longtemps complice ou indifférente, voit enfin certains de ses membres s’opposer courageusement à cette alliance déviante. Cependant, la question persiste : pourquoi une institution censée prêcher la paix et la tolérance a-t-elle fermé les yeux pendant tant d’années ? Comment des prêtres dévoués ont-ils été parfois laissés seuls dans leur lutte contre le crime organisé ?
Le Dieu de la Mafia et le Dieu des Mafieux se croisent dans les ruelles de Palerme, entre les chapelles silencieuses et les repaires clandestins. Ensemble, ils démêlent l’écheveau d’une relation complexe entre la foi et le crime, cherchant à comprendre comment des hommes de foi peuvent parfois se transformer en complices, et comment des criminels peuvent instrumentaliser la religion pour justifier leurs actes. De la Sicile d’hier à celle d’aujourd’hui, leur quête de vérité révèle les intrications sombres et troublantes d’une histoire où la morale divine et l’immoralité criminelle se sont étrangement entremêlées.
La presse en parle :
Télérama
Les mafieux siciliens se disent très pieux alors qu’ils ont les mains couvertes de sang. Pourquoi l’Église catholique a longtemps fermé les yeux sur leurs crimes ? Et quelle est la réalité d’aujourd’hui ? Un film remarquable par son expertise et sa maîtrise.
Télécâble Sat
Un documentaire réussi sur un sujet peu traité grâce aux témoins très bien choisis (dont des mafieux repentis). Attention, certaines images peuvent heurter les plus sensibles.
Biographie de la réalisatrice
Anne Véron est une réalisatrice d’origine italienne qui s’est intéressée ces dernières années au monde des mafias. Elle a écrit un livre sur le rôle des femmes dans la mafia (Des femmes dans la mafia. Madones ou marraines ? – avec Milka Kahn, Nouveau Monde éd., 2015) et réalisé de nombreux reportages et documentaires historiques à ce sujet, parmi lesquels : Cosa Nostra : de Palerme à New York (2018); 1986 : Le Maxi-Procès de la Mafia (2012) ; Repentis : un pacte avec le diable ? (2015); Mafia, combines et corruption : les démons de Naples (2011); Corleone : la guerre des parrains (2015).
Parmi ses autres réalisations documentaires :
2015 : RDA, le mystère des enfants volés
2013 : Berlin, à l’ombre du mur
2013 : Berlusconi, Pouvoir et décadence
2011 : La Menace brune